La transition énergétique s’accélère, portée par des avancées technologiques et des objectifs de plus en plus ambitieux. L’Agence de la transition écologique (ADEME) vient de publier son dernier dossier de presse sur l’énergie. Ce document pose un cadre clair sur les enjeux à venir en matière d’énergies renouvelables, de flexibilité électrique et d’autoconsommation.
Pourquoi est-ce important ? Parce que ces sujets redéfinissent les stratégies énergétiques des prochaines décennies et impactent directement les professionnels du BTP. Il devient essentiel de comprendre les changements à venir pour mieux anticiper les défis et saisir les opportunités.
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Accélération des énergies renouvelables… Quels défis ?
L’ADEME met en avant des objectifs ambitieux pour 2035 :
- Multiplier par 4 la puissance installée en photovoltaïque (75 à 100 GW visés contre 21 GW fin 2024).
- Multiplier par 2,5 la puissance éolienne (57 à 63 GW contre 25 GW en 2024).
Mais avec cette augmentation massive, un défi majeur se profile : l’intermittence des renouvelables. Contrairement aux énergies fossiles, la production solaire et éolienne fluctue selon les conditions météo. Comment éviter les déséquilibres du réseau ?
Le développement d’infrastructures adaptées, comme des réseaux électriques intelligents et des systèmes de gestion de l’énergie, sera crucial. Le recours à des solutions de stockage massif, mais aussi à une meilleure synchronisation de la consommation avec la production, permettra de maximiser l’utilisation des énergies renouvelables tout en garantissant la stabilité du réseau.
Flexibilité énergétique : la clé pour un réseau stable
Plutôt que de multiplier les infrastructures de stockage coûteuses, l’ADEME préconise une meilleure gestion de la demande énergétique :
- Pilotage des usages : encourager la consommation d’électricité lors des pics de production renouvelable.
- Optimisation des heures creuses : décaler la charge des véhicules électriques ou des ballons d’eau chaude.
- Incitations tarifaires : adapter les prix de l’électricité selon les moments de la journée.
Ces solutions permettent d’intégrer plus d’énergies renouvelables sans multiplier les coûts de stockage. Un enjeu central pour le BTP, où les chantiers et les infrastructures doivent progressivement adopter ces nouvelles pratiques.
À l’échelle des bâtiments, l’intégration de systèmes de gestion de l’énergie devient incontournable. Par exemple, des bâtiments intelligents équipés de capteurs et d’outils d’analyse peuvent ajuster automatiquement leur consommation en fonction des conditions du réseau. Les entreprises de construction et les promoteurs devront intégrer ces éléments dès la phase de conception.
Des coûts en baisse pour les énergies renouvelables
Bonne nouvelle : malgré la crise énergétique, les énergies renouvelables sont plus compétitives que jamais. L’ADEME confirme :
- Photovoltaïque : -50% en 10 ans (coût actuel entre 70 et 91 €/MWh).
- Éolien terrestre : -40% en 10 ans (59 €/MWh en 2022).
- Centrales à gaz : 172 €/MWh en 2022, soit jusqu’à trois fois plus cher que l’éolien et le solaire.
Pour le BTP, ces données changent la donne. Construire des bâtiments compatibles avec l’autoconsommation devient un atout économique et environnemental. Les collectivités et promoteurs doivent prendre en compte ces évolutions pour concevoir des infrastructures plus résilientes et rentables.
L’enjeu sera aussi d’adapter les réglementations et les dispositifs d’aides afin d’accélérer l’adoption de ces solutions par les entreprises et les particuliers. Des financements spécifiques pour l’installation de panneaux solaires et de systèmes de gestion de l’énergie pourraient jouer un rôle clé dans cette transition.
Autoconsommation photovoltaïque : vers un boom durable ?
L’ADEME met en avant une croissance record de 54% entre 2023 et 2024 pour l’autoconsommation photovoltaïque. Pourquoi un tel engouement ?
- Coût du solaire en baisse : entre 13 et 19 centimes d’euro/kWh, contre 25 centimes pour l’électricité du réseau.
- Moins de dépendance au réseau : idéal pour les entreprises et les particuliers.
- Cadre réglementaire incitatif : les grandes surfaces commerciales et parkings auront l’obligation de s’équiper en panneaux solaires à partir de 2028.
Cette tendance impacte directement les promoteurs et constructeurs : la conception des bâtiments doit intégrer ces nouveaux paramètres pour anticiper la transition. Les industriels de la construction doivent également explorer de nouvelles façons d’intégrer le solaire aux matériaux de construction eux-mêmes, comme les tuiles photovoltaïques ou les façades solaires.
Le développement de solutions de stockage adaptées à l’autoconsommation sera un facteur déterminant. Si les batteries stationnaires sont encore coûteuses et posent des défis environnementaux, d’autres pistes se développent, comme l’utilisation des batteries des véhicules électriques comme systèmes de stockage mobile.
Consulter le dossier de presse du 29 janvier 2025 ici.
Ce qu’il faut retenir
- L’augmentation massive du solaire et de l’éolien impose une gestion plus intelligente de la demande.
- Le stockage n’est pas la seule solution : la flexibilité des usages énergétiques devient essentielle.
- Les coûts des énergies renouvelables baissent, rendant leur adoption plus compétitive face aux énergies fossiles.
- L’autoconsommation photovoltaïque se généralise : le BTP doit intégrer cette évolution dans la conception des bâtiments.
Les prochaines années seront déterminantes pour les acteurs du secteur. Adapter les pratiques, optimiser l’efficacité énergétique et anticiper les nouvelles réglementations seront des clés pour une transition réussie.