« Nous devons rebâtir la confiance et rouvrir le dialogue pour trouver des solutions ensemble. »
Serge Letchimy, président de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), a rencontré aujourd’hui les représentants du secteur du BTP pour discuter des enjeux et des solutions pour revitaliser ce secteur crucial. Dans cet entretien, il expose les mesures concrètes prises par la CTM et les défis auxquels ils sont confrontés.
Pourquoi cette réunion et quels en sont les résultats ?
Le secteur du BTP est en pleine mobilisation, ce sont des chefs d’entreprise et des salariés avec de réels enjeux. Il était important de les entendre ! Lors de la première réunion vendredi dernier, j’étais hors de la Martinique, j’avais demandé à monsieur Odonnat d’assumer cette rencontre. Aujourd’hui, j’ai reçu les syndicats pour clarifier les choses. Nous avons été extrêmement clairs sur le plan d’exécution des paiements en retard. Nous avons environ 76 à 80 millions d’euros en jeu, avec près de 40 millions déjà payés ou mandatés. Il reste environ 40 millions d’euros à payer d’ici fin décembre.
Pouvez-vous expliquer les difficultés financières rencontrées par la CTM ?
Nous avons hérité d’une situation financière difficile, avec entre 70 et 227 millions d’euros de dettes laissées par l’ancienne mandature. Nous avons déjà payé entre 130 et 150 millions d’euros de celles-ci. La crise de la Covid-19 et une cyberattaque ont retardé nos paiements. Nous avons donc mis en place un plan de rattrapage jusqu’à fin décembre. Pour l’habitat dégradé, nous avions 4,9 millions d’euros d’impayés, dont 900 000 euros déjà payés. Nous allons payer 2 millions d’euros de plus bientôt.
« Il est essentiel de créer les conditions favorables pour l’investissement privé dans des projets importants. »
Quels sont les principaux enjeux à venir pour le secteur du BTP ?
Il y a une baisse globale de l’investissement public de 30 à 40 %, y compris de la part de l’État et des autres institutions. Nous devons travailler ensemble pour renforcer ces investissements. De plus, nous devons impliquer davantage le secteur privé dans des projets importants. Par exemple, pour restaurer le golf de Trois-Îlets et construire un hôtel, un investissement de 200 millions d’euros est nécessaire. Nous devons encourager les Martiniquais à investir dans ces projets par le biais de partenariats public-privé (PPP).
Comment comptez-vous mobiliser le secteur privé ?
Nous devons créer les conditions favorables pour l’investissement privé. Par exemple, nous réalisons un port au Robert et une extension du port à Fort-de-France. Cependant, il manque un véritable investissement industriel. Nous devons impliquer les privés dans ces projets pour relancer l’économie locale. Nous devons aussi reconstruire plusieurs hôpitaux pour un coût de 800 millions d’euros, avec seulement 356 millions d’euros financés par l’État. Il est essentiel de trouver des moyens de financement alternatifs, y compris par des partenariats public-privé.
Comment améliorer la gestion des paiements et des investissements ?
Nous avons mis en place une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) pour préparer les recrutements et les formations nécessaires. Nous devons aussi réduire les délais de paiement. Pour cela, nous avons décidé de mettre en place un service facturier (SFACT) pour accélérer le traitement des dossiers. Nous travaillons également sur une meilleure lisibilité des investissements futurs, avec des documents clairs et contrôlés juridiquement pour éviter toute confusion.
« La transparence et la collaboration sont essentielles pour revitaliser le secteur du BTP en Martinique. »
Vous avez annoncé plusieurs grands chantiers. Pouvez-vous confirmer ces projets ?
Oui, nous mettrons en ligne toutes les informations sur les paiements effectués et les chantiers à venir pour garantir la transparence. Nous avons plusieurs grands projets en cours, mais nous devons éviter de donner des informations spécifiques aux entreprises pour ne pas fausser la concurrence.
Comment voyez-vous la suite des discussions avec le secteur du BTP ?
Nous avons un agenda clair avec une réunion technique mercredi pour rédiger un protocole d’accord et une signature prévue vendredi ou lundi. Nous avons besoin d’un soutien fort et de collaboration pour avancer. Les entrepreneurs du BTP ont montré leur engagement, et nous devons continuer à travailler ensemble pour revitaliser ce secteur.