Renforcer les bâtiments en zones sismiques : les clés pour sécuriser le bâti en Outre-mer

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Renforcement parasismique

Les territoires d’Outre-mer, comme les Antilles, La Réunion et Mayotte, sont soumis à des risques sismiques importants. Dans ces régions, sécuriser les bâtiments existants n’est pas une option, c’est une nécessité. Chaque année, ces territoires font face à des secousses pouvant compromettre les infrastructures et mettre des vies en danger.

Cmment réduire les risques ? La réponse passe par des renforcements structurels adaptés.

La plaquette technique de l’Agence Qualité Construction (AQC), parue en janvier 2025, fournit un cadre essentiel pour les professionnels du secteur. Voici ce qu’il faut en retenir.

Avant tout, un bon diagnostic

Un renforcement efficace commence toujours par un diagnostic rigoureux et adapté au type de bâtiment concerné. Le document de l’AQC insiste sur l’importance de faire appel à un bureau d’étude spécialisé, capable de conduire des évaluations approfondies en respectant les normes parasismiques.

Cette évaluation ne se limite pas à des observations supreficielles : elle combine différentes méthodes techniques destinées à diagnostiquer les failles structurelles potentielles.

 

Étapes clés du diagnostic technique :

  • Pré-diagnostic visuel : Il s’agit d’une évaluation initiale permettant d’identifier les éléments porteurs critiques, tels que les murs de refend, poteaux et poutres. L’état des structures est inspecté à la recherche de signes de fissuration, d’affaissement ou de mauvaise verticalité. Cette étape inclut la consultation des plans d’origine, lorsque disponibles.
  • Sondages ciblés : Des analyses destructives (carottages) ou non destructives (essais à l’échographe, radar) sont réalisées pour évaluer la qualité des matériaux, tels que la résistance du béton ou la stabilité des fondations. Un échantillonnage représentatif est crucial pour déterminer la capacité portante des structures.
  • Calculs de vulnérabilité : Sur la base des données collectées, des modélisations sont effectuées pour simuler le comportement du bâtiment en cas de séisme. Ces calculs permettent d’établir un plan d’intervention hiérarchisé, identifiant les priorités de renforcement. Des outils conformes à l’Eurocode 8 sont souvent utilisés dans cette étape.

Ces différents diagnostics permettent de poser les bases d’une stratégie de renforcement structurel adaptée aux contraintes locales et réglementaires.

 

Deux grandes stratégies… Choisissez la bonne

Une fois le diagnostic réalisé, il faut décider de la meilleure méthode d’intervention.

1. Renforcement par l’intérieur

Cette approche consiste à ajouter des murs de refend, des portiques ou des structures internes destinés à renforcer la résistance globale du bâtiment. Le contreventement interne assure une meilleure répartition des charges sismiques entre les différents éléments porteurs.

Toutefois, ces travaux peuvent perturber l’organisation des espaces intérieurs et gêner les occupants, notamment si le site est encore utilisé durant les travaux.

Cette solution demande également une coordination précise pour minimiser les interruptions et les risques de non-conformité entre les plans initiaux et les travaux réalisés.

2. Structure externe

Cette méthode consiste à renforcer le bâtiment par des éléments externes, tels que des murs de contreventement ou des cages d’encadrement en béton armé. Ces structures externes sont fondées sur des semelles renforcées, complétées si nécessaire par des micropieux pour stabiliser les fondations sur des terrains complexes.

Des tirants précontraints peuvent être ajoutés pour absorber les forces de traction générées par les secousses.

Cette stratégie présente l’avantage de maintenir la fonctionnalité des espaces intérieurs, tout en offrant une stabilité accrue du fait d’une meilleure capacité à dissiper l’énergie sismique.

 

Techniques de renforcement : décryptage

Plusieurs solutions techniques sont présentées dans la plaquette :

  • Contreventement : Les murs de refend et les croix de Saint-André constituent des éléments essentiels pour renforcer la résistance horizontale du bâtiment face aux secousses sismiques. Ces dispositifs permettent de répartir les efforts dynamiques entre différents points de contrainte, réduisant ainsi les risques de torsion excessive.
  • Fondations : Le renforcement des fondations implique souvent l’ajout de longrines ou le surépaississement des semelles afin d’élargir la surface d’appui et diminuer la pression sur le sol. Dans certains cas, des micropieux peuvent être installés pour stabiliser la structure en profondeur, notamment sur des sols sensibles aux phénomènes de liquéfaction.
  • Matériaux composites : L’utilisation de fibres de carbone, de verre ou d’autres matériaux composites permet d’améliorer la capacité de déformation des éléments porteurs sans alourdir la structure. Ces matériaux sont appliqués par chemisage ou projection, renforçant les zones critiques telles que les poteaux et poutres.
  • Prévention des chutes : La sécurisation des équipements lourds, comme les chauffe-eau, et des éléments architecturaux (auvents, corniches), est essentielle pour prévenir les accidents. Cette mesure comprend l’installation de systèmes d’ancrage et de liaisonnement adaptés aux normes parasismiques.

 

Les particularités des territoires d’Outre-mer

Les sols ultramarins peuvent réagir différemment face aux séismes en fonction de leur composition. Les formations volcaniques, par exemple, sont naturellement plus stables et absorbent mieux les secousses.

En revanche, les sols meubles, comme les dépôts alluviaux, amplifient souvent les vibrations, augmentant ainsi les risques pour les structures.

Pour prévenir ces effets, une étude géotechnique approfondie est indispensable afin de déterminer les solutions de renforcement adaptées.

Par ailleurs, les Plans de Prévention des Risques Naturels (PPRS) imposent des mesures de sécurisation spécifiques. Ces documents prévoient le renforcement des fondations et la stabilisation des ouvrages de soutènement, notamment dans les zones les plus vulnérables.

Les professionnels de la construction doivent ainsi jongler entre ces exigences locales et les normes internationales telles que l’Eurocode 8 pour garantir la sécurité du bâti.

 

Que dit la réglementation ?

La réglementation en matière de construction parasismique repose sur plusieurs textes, dont :

  • Eurocode 8 : Les recommandations de l’Eurocode 8 visent à améliorer la capacité d’absorption d’énergie et la ductilité des structures.
  • Code de la construction et de l’habitation : Les articles R111-38 à R111-42 définissent les exigences légales applicables aux bâtiments situés dans des zones de sismicité. Elles imposent des études préalables, ainsi que des contrôles de conformité pour s’assurer que les normes parasismiques sont respectées.
  • Plans locaux d’urbanisme (PLU) : Les annexes de ces documents détaillent les zones à risque et les mesures de prévention à appliquer, telles que les techniques de stabilisation des sols ou la limitation des densités de construction. Les PLU jouent un rôle crucial en fixant les conditions d’aménagement des zones sismiques.

 

Le document qui accompagne les professionnels

Renforcement parasismique Outre-mer

La plaquette « Renforcer le bâti existant en zone sismique » est conçue pour guider les acteurs du BTP sur les bonnes pratiques de prévention. Elle s’adresse aux interventions de rénovation dans des zones de sismicité allant de faible à forte. Toutefois, elle exclut les terrains présentant des risques de liquéfaction, comme les sols sablonneux saturés.

Son objectif : sensibiliser aux différents types de diagnostics et aux techniques de renforcement applicables.

 

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