Nouveaux systèmes énergétiques : Ce qu’il faut retenir du contrat stratégique 2024-2027

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    contrat stratégique

    Le cap est donné… Avec la signature du contrat stratégique de filière « Nouveaux systèmes énergétiques » pour la période 2024-2027, l’État et les industriels renforcent leur engagement en faveur d’une énergie plus verte et d’une industrie plus compétitive. L’objectif est clair : structurer les filières stratégiques, renforcer l’autonomie industrielle et accélérer la transition énergétique.

    Mais au-delà des annonces officielles, quels sont les engagements concrets ? Ce contrat va-t-il réellement transformer la filière énergétique française ?

    2021-2024 : Ce qui a été fait… et ce qui reste à faire

    Avant de parler d’avenir, un retour en arrière s’impose. Le précédent contrat (2021-2024) a posé des bases solides. Trois ans plus tard, le bilan est positif à 75 %. Parmi les avancées notables :

    • Le lancement du Plan France 2030 pour structurer les filières industrielles d’avenir.
    • La création de gigafactories de batteries, renforçant l’indépendance européenne.
    • Des stratégies pour l’hydrogène bas carbone et le captage et stockage du carbone (CCUS).
    • La décarbonation ciblée de 50 sites industriels parmi les plus polluants.

    Mais des défis restent présents. La France demeure trop dépendante des équipements importés, en particulier pour les technologies de pointe. De plus, la filière manque cruellement de main-d’œuvre qualifiée, rendant complexe le déploiement massif de solutions innovantes.

    Les infrastructures doivent être adaptées pour répondre aux nouvelles exigences de stockage et de distribution de l’énergie. C’est dans ce contexte que le contrat 2024-2027 veut changer la donne.

     

    2024-2027 : Changement de cap ou continuité ?

    Ce nouveau contrat se veut plus ambitieux. L’objectif affiché : faire de la transition énergétique un moteur de réindustrialisation.

    Autrement dit, ne plus seulement importer des solutions, mais les fabriquer localement. Pour y parvenir, 5 axes majeurs sont définis, chacun visant à structurer un pan essentiel de la transition énergétique.

     

    5 axes majeurs pour les années à venir

     

    1. Chaleur renouvelable et récupération d’énergie : un levier essentiel

    Plus de 50 % des besoins énergétiques industriels concernent la chaleur. Aujourd’hui, trop de cette énergie est perdue. Le contrat met l’accent sur quatre solutions :

    • Pompes à chaleur performantes.
    • Récupération de chaleur fatale industrielle.
    • Géothermie.
    • Solaire thermique.

    Des groupes de travail spécifiques seront mis en place pour structurer ces filières. L’enjeu ? Réduire la dépendance au gaz et aux énergies fossiles tout en développant des alternatives fiables.

    En parallèle, l’investissement dans les technologies d’efficacité énergétique sera renforcé pour accompagner la transformation du secteur industriel et du bâtiment.

     

    2. Des réseaux plus flexibles, un stockage optimisé

    Produire de l’énergie renouvelable, c’est bien. Savoir la stocker et l’utiliser intelligemment, c’est mieux.

    Le contrat prévoit un renforcement des capacités de stockage (batteries, hydrogène), l’optimisation des réseaux électriques et le développement des boucles locales d’énergie.

    Avec l’essor des énergies renouvelables intermittentes, il devient impératif d’adapter les infrastructures pour assurer un approvisionnement stable. Un accent particulier est mis sur l’intégration de solutions numériques et d’intelligence artificielle pour améliorer la gestion en temps réel de la production et de la consommation énergétique

     

    3. Les carburants alternatifs prennent leur envol

    L’aviation est l’un des secteurs les plus difficiles à décarboner. Un groupe de travail sera dédié aux carburants alternatifs (SAF – Sustainable Aviation Fuels). Un avenant au contrat est déjà prévu pour mi-2025 afin de définir des objectifs plus précis et de structurer cette filière naissante.

    Outre l’aviation, le développement de carburants de synthèse et de biocarburants pour le transport maritime et terrestre sera encouragé, ouvrant la voie à une diversification des sources d’énergie dans les mobilités.

     

    4. Des métiers à valoriser, des talents à attirer

    Les objectifs sont clairs, mais encore faut-il avoir les compétences pour les atteindre. Un label des métiers de la transition énergétique sera mis en place pour structurer l’offre de formation.

    Quels besoins ? La filière cherche à recruter massivement des spécialistes des batteries, de l’hydrogène, des réseaux énergétiques… mais aussi des techniciens qualifiés pour la mise en œuvre des nouvelles infrastructures. Le secteur souffre d’un déficit de main-d’œuvre qualifiée qui pourrait freiner le déploiement des innovations.

    Le gouvernement prévoit ainsi une montée en puissance des formations spécialisées, des partenariats avec les écoles d’ingénieurs et les lycées techniques, ainsi que la création de nouveaux cursus adaptés aux besoins des industries vertes.

     

    5. Structurer les filières, accompagner les industriels

    1 500 contributeurs sont impliqués dans 23 groupes de travail. L’objectif est simple : accompagner les entreprises dans leur transition énergétique via des programmes comme Je-décarbone.

    Les petites et moyennes entreprises (PME) bénéficieront de soutiens ciblés pour adapter leurs infrastructures aux nouvelles normes environnementales et améliorer leur compétitivité sur un marché en pleine mutation.

     

    L’État met la main à la poche : quels financements ?

    Ce contrat bénéficie d’un soutien massif de l’État, qui mobilise des ressources financières importantes pour structurer durablement la filière énergétique et accélérer la transition industrielle.

    Dans cette optique, le Plan France 2030, doté de 54 milliards d’euros, ambitionne de soutenir l’innovation et d’industrialiser des secteurs clés comme l’hydrogène, les solutions de stockage d’énergie et les infrastructures bas carbone.

    Dans cette même dynamique, la loi Industrie verte introduit un crédit d’impôt pour l’investissement industriel vert (C3IV). Il s’agit d’un levier essentiel pour inciter les entreprises à moderniser leurs outils de production et à adopter des technologies moins émettrices de carbone.

    En parallèle, des fonds pour la décarbonation ont été instaurés afin d’accompagner les industries les plus polluantes vers des pratiques plus durables.

    De plus, des appels à projets spécifiques encouragent le développement de technologies avancées visant à améliorer la flexibilité énergétique.

    Ces mesures, complémentaires et interconnectées, sont pensées pour doter la France d’un modèle énergétique plus résilient et compétitif sur la scène internationale.

    Quels défis pour la suite ?

    Rien n’est acquis. Ce contrat s’annonce ambitieux, mais plusieurs obstacles restent présents :

    • Dépendance aux importations : malgré les efforts, la production locale d’équipements critiques est encore insuffisante.
    • Manque de main-d’œuvre qualifiée : des efforts massifs en formation seront nécessaires pour répondre aux besoins croissants.
    • Pénurie de matières premières stratégiques : le lithium, le nickel et les terres rares restent des ressources sous tension.

    Si ces défis ne sont pas relevés, le risque est grand de voir ce contrat manquer ses objectifs.


    Contrat stratégique

    Contrat stratégique de filière « Nouveaux systèmes énergétiques » 2024-2027

     


     

    Un contrat ambitieux, mais suffisant ?

    Les bases sont posées. Le contrat stratégique 2024-2027 apporte des solutions concrètes, une vision industrielle et des financements solides.

    Mais les défis restent nombreux. La France saura-t-elle rattraper son retard et garantir une transition énergétique efficace ? Seul l’avenir le dira.

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