MARTINIQUE. Le BTP plombé par la crise en 2024, selon la synthèse annuelle de l’IEDOM

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En 2024, la Martinique a connu une année difficile sur le plan économique. Et pour le secteur du BTP, la situation a été encore plus rude. Entre projets bloqués, coût des matériaux en hausse et climat social tendu, les entreprises ont peiné à maintenir leur activité. Ces constats, tirés de la synthèse annuelle de l’Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM), révèlent une réalité économique marquée par l’incertitude et la fragilité.

 

Moins de chantiers, moins de béton

Des projets qui s’effondrent

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2024, seulement 2 100 logements ont été autorisés (-4,5 %) et 1 400 ont été effectivement commencés (-30 %). Les ventes de ciment, un indicateur clé de la vitalité du secteur, ont reculé de 7 %.

Derrière ces données, ce sont des chantiers qui restent à l’arrêt, des grues immobiles et des entreprises qui se retrouvent avec des carnets de commandes vides. Les projets de logements, autrefois moteurs de l’activité, sont désormais synonymes de délais interminables, de négociations sans fin pour obtenir des matériaux, et de clients qui hésitent à s’engager.

Selon l’IEDOM : « Reflet de cette situation, l’indice du climat des affaires (ICA) perd 8,5 points sur un an et se situe à un niveau traduisant une croissance en berne. »

Des entreprises en difficulté

Pour les entreprises de construction, l’année a été marquée par des retards de paiement, des trésoreries qui s’assèchent, et des coûts de production qui flambent. En cause, une instabilité économique qui freine les investissements et une baisse de la demande en logements.

Les petites entreprises sont les plus touchées, incapables de supporter les fluctuations de prix des matériaux. Même les grandes structures peinent à maintenir leur rentabilité, contraintes de réduire leurs effectifs pour survivre.

 

Un secteur BTP fragilisé par la crise sociale

Les manifestations contre la « vie chère » ont ajouté une couche de complexité. Barrages, couvre-feux, perturbations : autant d’obstacles pour les chantiers et les entreprises.

Des projets retardés, des matériaux qui n’arrivent pas, et des équipes qui peinent à travailler. Pour les artisans et les petites entreprises, chaque jour de blocage signifie des pertes financières irréversibles.

Les fournisseurs de matériaux de construction ont eux aussi ressenti la crise. Moins de commandes, des délais de livraison prolongés, et des coûts qui grimpent. Certains matériaux deviennent difficiles à obtenir, comme le ciment et les aciers, dont les prix fluctuent en fonction des approvisionnements internationaux. Les transporteurs locaux, dépendants de ces marchandises, subissent également une baisse d’activité.

 

Des emplois menacés dans le secteur BTP

Les entreprises peinent à maintenir leurs équipes. En 2024, les effectifs salariés du BTP ont diminué de 0,7 %, avec une baisse plus marquée dans le secteur privé (-1,1 %). Pour beaucoup de travailleurs, l’incertitude reste la norme.

Les ouvriers voient leurs heures réduites, les contrats temporaires ne sont pas renouvelés, et même les chefs de chantiers expérimentés sont contraints d’accepter des missions plus courtes.

Derrière les chiffres, ce sont des ouvriers, des conducteurs de travaux et des chefs de chantier qui voient leur avenir s’obscurcir. Des contrats non renouvelés, des heures réduites, et des salaires qui stagnent. Pour beaucoup, la recherche d’un autre emploi devient une priorité, même si les opportunités restent rares.

 

2025 : Lueur d’espoir ou nouvelle tempête ?

La baisse des taux d’intérêt par la Banque centrale européenne pourrait soutenir les investissements. Mais la reprise du secteur BTP dépendra de la stabilité économique et sociale. Les entreprises espèrent des commandes publiques pour relancer les chantiers, mais l’incertitude demeure.

« La détente des taux d’intérêt directeurs de la Banque centrale européenne à partir de juin 2024 et les efforts de baisse du niveau relatif des prix à la consommation devraient nourrir un début de stabilisation en 2025. » selon l’IEDOM dans sa publication

Des projets de construction publics pourraient redonner un souffle au secteur. Mais encore faut-il que les financements suivent et que les entreprises locales puissent en bénéficier. Les professionnels attendent avec impatience les appels d’offres pour savoir si leur activité pourra repartir.


CONJONCTURE ÉCONOMIQUE – Synthèse annuelle 2024 : Une économie en berne, en quête de visibilité


 

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