Le Projet de loi de finances 2025, dévoilé le 10 octobre dernier, s’efforce de répondre à des enjeux budgétaires cruciaux pour la France. Alors que le gouvernement cherche à économiser 60 milliards d’euros pour redresser les finances publiques, les mesures annoncées impactent directement plusieurs secteurs clés, notamment le logement, la rénovation énergétique et les propriétaires de biens locatifs. Si certaines décisions sont saluées, d’autres créent des incertitudes, notamment pour les acteurs du BTP, de l’immobilier et de la transition écologique.
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Le Prêt à Taux Zéro : Une bouffée d’oxygène pour les primo-accédants
Parmi les bonnes nouvelles, le Prêt à Taux Zéro (PTZ) est réintroduit et étendu à l’ensemble du territoire, offrant un coup de pouce essentiel aux primo-accédants. Cette mesure, longtemps attendue, permettra aux jeunes ménages d’accéder plus facilement à la propriété, dans un contexte marqué par la hausse des taux d’intérêt. Jusqu’ici réservé aux zones tendues, ce prêt sans intérêts permettra aux primo-accédants de financer une partie de l’achat de leur bien immobilier. Toutefois, des questions restent en suspens quant aux modalités précises : le PTZ s’appliquera-t-il également aux maisons individuelles, alors que la politique de lutte contre l’artificialisation des sols pourrait limiter cette possibilité ? Les débats parlementaires à venir devront trancher ces questions pour clarifier l’éligibilité et les conditions d’accès à ce prêt indispensable pour soutenir le secteur du logement neuf【source 2】【source 4】.
Rénovation énergétique : Le coup de frein sur MaPrimeRénov’
Si le PTZ est accueilli avec enthousiasme, le secteur de la rénovation énergétique subit une importante régression. Le budget alloué à MaPrimeRénov’ sera réduit d’un milliard d’euros en 2025, une baisse justifiée par le gouvernement par la sous-utilisation des fonds en 2024. Malgré cela, cette décision risque de ralentir les efforts de rénovation des logements, en particulier pour ceux classés « passoires thermiques », dont l’amélioration est pourtant cruciale pour atteindre les objectifs climatiques de la France.
Cette réduction pourrait freiner l’enthousiasme des propriétaires qui envisageaient des travaux pour améliorer la performance énergétique de leurs biens. La Fédération Française du Bâtiment (FFB), bien que compréhensive quant à l’ajustement, appelle à une réévaluation des fonds si la demande repart【source 8】.
Les loueurs en meublé dans le viseur
Une autre mesure phare du projet concerne les locations meublées non professionnelles (LMNP), souvent utilisées dans les locations de courte durée, comme sur Airbnb. Le gouvernement prévoit de supprimer l’avantage fiscal dont bénéficiaient ces propriétaires. Actuellement, ils peuvent déduire l’amortissement de leur bien de leurs revenus locatifs, ce qui réduit considérablement leur imposition.
À partir de janvier 2025, ces amortissements seront réintégrés dans le calcul des plus-values à la revente, augmentant ainsi la base imposable des propriétaires lors de la cession du bien. Selon certaines estimations, cette nouvelle règle pourrait tripler la base imposable pour certains propriétaires. Le gouvernement justifie cette décision par la nécessité de réduire les tensions sur le marché locatif, en particulier dans les zones touristiques où ces locations de courte durée assèchent le marché des locations à long terme【source 6】【source 7】.
Le logement social et la transition écologique sous-financés
Le secteur du logement social et les collectivités locales font également face à des défis, avec un manque de soutien financier dans la rénovation énergétique. Aucune nouvelle ligne budgétaire n’a été allouée à la rénovation des logements sociaux, malgré les engagements du gouvernement. Cela inquiète les bailleurs sociaux, qui avaient commencé des travaux en se basant sur des promesses de subventions【source 8】.
De plus, le Fonds vert, qui finance la transition écologique des collectivités locales, subit également une coupe drastique, passant de 2,5 milliards d’euros à 1 milliard. Cette réduction pourrait limiter les projets locaux de rénovation énergétique des bâtiments publics et affecter les efforts des collectivités pour contribuer à la transition écologique【source 8】【source 3】.
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Ce budget 2025 montre la complexité de répondre simultanément à des impératifs budgétaires, écologiques et sociaux. D’un côté, les propriétaires et les primo-accédants sont soutenus par le retour du PTZ, mais de l’autre, les loueurs meublés et les acteurs de la rénovation énergétique subissent des régressions importantes. Reste à voir si le marché pourra s’adapter à ces nouvelles contraintes ou si des ajustements seront nécessaires au fil des débats parlementaires à venir.