L’isolation thermique est devenue un enjeu central dans le secteur de la construction en France, notamment avec la mise en place de réglementations comme la RE 2020, qui vise à améliorer les performances énergétiques des bâtiments. Cependant, si les objectifs environnementaux sont louables, l’Observatoire de la Qualité de la Construction met en lumière certaines pathologies récurrentes liées à une mauvaise gestion de l’isolation thermique et de l’étanchéité à l’air. Ces désordres peuvent entraîner des coûts élevés et des réparations complexes.
—
Des désordres fréquents, mais en progression
Selon les données collectées par le dispositif Sycodés, deux catégories de défauts apparaissent fréquemment dans les constructions françaises : les défauts d’isolation thermique et les défauts d’étanchéité à l’air. Ces pathologies, bien qu’elles soient plus maîtrisées qu’il y a quelques années, continuent de poser problème dans certains projets.
Par exemple, les défauts d’étanchéité à l’air représentent encore 9 % des sinistres dans les constructions neuves entre 2021 et 2023. Cette amélioration est en partie due aux exigences de la RT 2012 et à la récente RE 2020, qui imposent des normes strictes en matière d’isolation pour minimiser les pertes énergétiques. Toutefois, malgré les progrès, des défauts subsistent, notamment au niveau des interfaces entre les matériaux et les éléments de structure, comme les fenêtres ou les portes.
L’infiltration d’eau, un problème aggravé par une mauvaise isolation
Le défaut d’étanchéité à l’eau est un autre problème courant. Que l’eau provienne de l’extérieur ou de l’intérieur du bâtiment, les points faibles dans l’enveloppe du bâtiment peuvent entraîner des infiltrations d’eau, causant des dégâts importants. Ce phénomène est souvent exacerbé par des tempêtes ou des conditions climatiques sévères, comme le souligne Catherine Labat, présidente de la commission Observation de la Qualité de la Construction. Une mauvaise coordination entre les différents corps de métier, notamment lors de la pose des fenêtres et des matériaux d’isolation, contribue également à ces sinistres.
L’importance de bien choisir ses matériaux et d’assurer une bonne coordination
Le rapport de l’AQC montre que les matériaux biosourcés, de plus en plus utilisés dans le cadre de la RE 2020, nécessitent une attention particulière. En effet, ces matériaux, bien que performants sur le plan écologique, sont plus sensibles à l’humidité. L’utilisation de laine de bois ou de fibres végétales dans l’isolation doit donc être accompagnée d’une excellente gestion de l’étanchéité pour éviter des dégradations précoces.
Les experts de l’AQC recommandent aussi une meilleure coordination entre les artisans sur le chantier. En particulier, une communication efficace entre les spécialistes des revêtements de sol, des chapistes et des carreleurs pourrait éviter bon nombre de désordres liés à des défauts de pose.
Solutions et recommandations pour une isolation optimale
Pour prévenir ces pathologies, il est essentiel de respecter plusieurs bonnes pratiques :
- Choisir des matériaux adaptés à l’environnement et à l’usage prévu. L’utilisation de matériaux biosourcés doit être accompagnée de techniques spécifiques pour assurer leur durabilité, notamment en ce qui concerne l’humidité.
- Former les artisans et les maîtres d’œuvre aux nouvelles techniques de pose, surtout dans le cadre des exigences de la RE 2020. Les défauts d’étanchéité sont souvent causés par une mauvaise application des matériaux, notamment au niveau des joints et des interfaces.
- Assurer une bonne coordination sur le chantier. Une mauvaise synchronisation entre les différents corps de métiers peut entraîner des défauts coûteux à réparer. Il est recommandé de prévoir des réunions régulières entre les chapistes, carreleurs et poseurs de fenêtres pour garantir la qualité du travail à chaque étape.
- Vérifier régulièrement l’état des ouvrages à l’aide de contrôles post-construction pour s’assurer que l’isolation thermique et l’étanchéité à l’air répondent aux normes.
—
La qualité de l’isolation thermique est un élément clé pour assurer la durabilité et la performance des bâtiments en France. Si les nouvelles réglementations ont permis de faire des progrès significatifs, il reste encore des défis à surmonter pour éviter les pathologies récurrentes identifiées dans le rapport de l’Observatoire de la Qualité de la Construction. En suivant les bonnes pratiques et en formant correctement les intervenants, le secteur de la construction peut continuer à améliorer ses performances énergétiques tout en réduisant les risques de désordres coûteux.