La Sikoa frappe fort et investit gros. Plus de 20 millions d’euros sont injectés dans la réhabilitation des 251 logements des deux tours du bailleur social. En plus du confortement sismique, les T4 et les T5 vacants et peu attractifs seront rénovés en logements plus petits, bien plus attractifs selon la demande du marché de l’immobilier.

En centre-ville de Pointe-à-Pitre, des graffitis tagués dans le hall de l’immeuble, des boîtes aux lettres dégradées, des lumières hésitantes menaçant d’épilepsie. Sur trois ascenseurs un seul est en plus ou moins en fonction –cela dépend des jours-, il dessert les onze étages de l’immeuble. Située en cœur de ville de la cité pointoise, « la résidence souffre d’une image fortement impactée par la délinquance et d’une importante vacance », indique la Sikoa. « Cette insécurité génère une très forte vacance : 76 logements sont vacants sur les deux tours, principalement de grands logements », poursuit le bailleur social.
Le bailleur social Sikoa a fait un pari osé. S’atteler à la réhabilitation et confortement sismique de la résidence Beauperthuis. En effet, on ne construit plus en 2025 comme en 1978, date de l’édification des tours. La cellule familiale a changé. Aujourd’hui, en Guadeloupe et plus largement dans les Antilles, le modèle parental n’est plus le même. Les familles monoparentales constituent le noyau des demandeurs de logements sociaux. Les T4 et les T5 ne sont plus vendeurs. La demande se tourne vers de plus petites surfaces. Ainsi, dans les tours de l’immeuble Beauperthuis qui abritaient de nombreux appartements de grandes surfaces de 80m2, une transformation est en cours. Pour la voir, il faut grimper les onze étages de la tour. Ce qui était il y a quelques semaines encore des T4 et des T5 ont été transformés en T2 et T1 bis, des lots plus vendeurs pour le bailleur social qu’est la Sikoa. Mais « l’opération de réhabilitation se décline en plusieurs actions », explique la Sikoa. L’étanchéité des bâtiments est revue particulièrement celle des toitures terrasses, des loggias et des salles de bain. Toujours niveau étanchéité, le bailleur social entreprend aussi l’imperméabilisation des façades et le remplacement des menuiseries d’extérieurs. Côté confort thermique, des ventilateurs seront posés dans toutes les pièces de vie ainsi que l’isolation thermique de la toiture terrasse.
59 appartements seront convertis pour atteindre un total de 310 logements
Alléger la facture des locateurs, c’est aussi le but de l’opération avec l’installation de Led dans les parties communes et la pose de ballons thermodynamiques. Afin de renforcer la sécurité, des portes blindées seront posées, les étages seront privatisés grâce à des entrées avec pose d’un contrôle d’accès à chaque étage.
En tout, 59 logements en T4 et T5 seront reconvertis en plus petites unités dans les deux tours créant ainsi 118 nouveaux logements soit 50 T1 et 70 T2 portant le total à 310 logements.
Le coût global de la réhabilitation et du confortement parasismique s’élève à plus de 20 millions d’euros. 15 millions sont consacrés à la réhabilitation et 5 millions au confortement. Un projet qui se concrétise avec l’assentiment des locataires. « Le programme de réhabilitation visant à redonner une image attractive à la résidence a été soumis à l’adhésion de la majorité des locataires. Sikoa a mené durant l’année 2021 une démarche de concertation locative avec les locataires et leur association », présente le bailleur social.
Au bas des 251 logements les premiers d’une mutation sont visibles. Il ne s’agit pas uniquement d’un projet de construction matériel, il s’agit également de reconstruire un tissu social parmi les riverains. Au rez-de-chaussée, on retrouve huit logements et 18 commerces.
Juste par-derrière les immeubles, une rue transformée en fresque piétonne particulièrement bigarrée attire même les instagrameurs. A l’initiative de l’artiste graffeur Pacman, la résidence de Beauperthuis s’est embellie d’œuvres à ciel ouvert. Encadrant les jeunes habitants de Beauperthuis, le lieu se transforme en galerie d’art à ciel ouvert. « C’était un lieu où les enfants, les familles ou les personnes lambda avaient peur de passer par manque d’entretien et les conflits sociaux qu’il y avait autour. Même si on est bien chez soi, au pied de son immeuble, il serait bien d’y respirer de bon cœur », explique Pacman. L’artiste guadeloupéen est d’ailleurs à l’origine de ce projet d’embellissement et d’accompagnement des jeunes riverains.

Pacman n’est pas le seul intervenant à animer la vie du quartier. Au pied des tours, au rez-de-chaussée les Compagnons bâtisseurs occupent les locaux mis à disposition et proposent des ateliers manuels aux habitants du quartier. Des initiatives qui contribuent au mieux vivre ensemble et à une meilleure estime de soi. Dans ces ateliers, ce sont les résidents eux-mêmes qui construisent de leurs mains les produits. Enceintes naturelles en bambou, ratière, vase suspendu, des meubles en palettes recyclées ou encore, saison oblige, des masques de carnaval. L’association permet de mettre en place des chantiers participatifs et solidaires ou des prêts d’outillage.
Le véritable lancement des travaux est prévu pour le mois d’avril pour un achèvement à l’horizon de mai 2026.
Laurianne Nomel
QUELQUES PHOTOS PRISES CE JOUR :