L’année 2023 a été marquée par une augmentation significative de la demande locative sociale à La Réunion, selon l’Observatoire de la demande et des attributions de l’ARMOS OI. Ce rapport, qui dresse un état des lieux détaillé des demandes de logements sociaux et des attributions réalisées, met en lumière une situation de plus en plus tendue, notamment dans certaines régions de l’île.
Une augmentation marquée de la demande
À la fin de 2023, La Réunion comptait un total de 44 606 dossiers de demande de logement social, une hausse de 14 % par rapport à l’année précédente. Cette progression s’inscrit dans une tendance plus large, avec une augmentation constante du nombre de demandes depuis plusieurs années, atteignant une variation moyenne de 8 % par an. Cette accélération s’est intensifiée au cours des trois dernières années avec un pic de +14 % en 2023.
Les jeunes sont particulièrement représentés dans cette demande : 30 % des demandeurs ont moins de 30 ans, reflétant un besoin criant de relogement pour cette tranche d’âge. Par ailleurs, 65 % des ménages qui formulent une demande sont composés d’une ou deux personnes, et 81 % des demandeurs vivent seuls, soulignant une forte prévalence de la demande individuelle.
Des délais d’attente plus courts, mais des tensions localisées
En termes d’attribution, 16 mois sont nécessaires en moyenne pour obtenir un logement social à La Réunion, une durée légèrement inférieure à la moyenne nationale de 17 mois. Toutefois, la situation varie fortement selon les régions. Le Territoire de la Côte Ouest (TCO) et la Communauté Intercommunale des Villes Solidaires (CIVIS) sont particulièrement touchés, avec des tensions accrues et des délais d’attente plus longs.
L’une des préoccupations majeures soulevées par le rapport est le manque de petits logements disponibles. Les T1 et T2, représentant près de 49 % de la demande, sont en nombre insuffisant pour répondre aux besoins croissants, notamment des jeunes ménages. En parallèle, 37 % des ménages relogés disposent de moins de 1 000 € de revenus mensuels, reflétant la précarité financière de nombreux demandeurs à La Réunion.
Des disparités par territoire et une tension sociale croissante
Le rapport souligne également des disparités marquées entre les différentes intercommunalités de l’île. Alors que la Communauté d’Agglomération du Sud (CA Sud) enregistre un pourcentage plus élevé de petites demandes (logements de type T1 et T2), d’autres zones, comme le TCO, souffrent d’une offre limitée face à une demande en constante hausse.
La situation est aussi alarmante en ce qui concerne les revenus des demandeurs. 22 % des demandeurs sont bénéficiaires du RSA, un taux bien supérieur à celui de la métropole (9 %). Cela reflète l’impact des conditions socio-économiques locales sur la demande de logements sociaux.