Crise du logement en 2024 : pourquoi les nouvelles constructions reculent en France et dans les Outre-mer

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mises en chantier

Les chiffres récents publiés par le GIE Réseau des CERC et les rapports de conjoncture de la filière construction ne laissent pas de place au doute : malgré quelques signes de reprise ponctuels, le secteur des nouvelles constructions continue de faire face à un contexte difficile. En particulier, la dynamique des mises en chantier montre une tendance générale de repli sur l’ensemble du territoire, métropole comme Outre-mer.

Une reprise en trompe-l’œil en juillet

En juillet 2024, les mises en chantier de logements ont progressé de 5,1% par rapport aux mois précédents, grâce à la vigueur des constructions de logements collectifs (+17,7%) et de l’individuel groupé (+14,5%). Ces chiffres montrent que, dans certaines zones urbaines et projets structurés, l’activité reste solide. Cependant, cette progression ponctuelle ne suffit pas à inverser la tendance négative qui s’est installée au cours des derniers mois.

Sur les trois derniers mois cumulés (mai à juillet 2024), le bilan reste en effet à la baisse : les mises en chantier de logements ont reculé de -4,3%. Ce déclin s’inscrit dans une tendance de contraction du marché du logement, qui affecte aussi bien les grandes agglomérations que les régions plus périphériques, avec des conséquences diverses sur la chaîne de valeur de la construction, du promoteur au petit artisan.

Les raisons du déclin prolongé

Plusieurs facteurs expliquent cette baisse des nouvelles constructions en France et dans les Outre-mer :

  1. Durcissement des conditions de crédit : Les banques ont durci les conditions d’octroi des prêts immobiliers, rendant plus difficile l’accès à la propriété pour une grande partie de la population. La baisse des crédits à l’habitat, en recul de -35,7% sur un an, a un effet direct sur la demande de logements neufs.
  2. Augmentation des coûts de construction : L’inflation des prix des matériaux de construction, combinée à la hausse des coûts de main-d’œuvre, a freiné bon nombre de projets de construction. De nombreux promoteurs, face à ces incertitudes, préfèrent retarder ou annuler des projets.
  3. Complexité administrative : En dépit des efforts pour simplifier les procédures, la délivrance de permis de construire reste souvent un processus long et contraignant, dissuadant certains investisseurs, notamment dans les zones sensibles comme les Outre-mer, où les contraintes spécifiques s’ajoutent aux problématiques nationales.

Focus sur les Outre-mer : un contexte encore plus tendu

Dans les territoires ultramarins, la situation est souvent encore plus compliquée. Le manque d’espace constructible, les aléas climatiques et les coûts logistiques élevés rendent la construction plus coûteuse et moins accessible qu’en métropole. En outre, les tensions sociales autour de la question du logement exacerbent ces difficultés.

Les Outre-mer ont un besoin urgent de logements sociaux et abordables, mais les moyens financiers et la complexité des projets d’envergure limitent l’offre. Les chiffres montrent également que la baisse des mises en chantier y est encore plus marquée que sur le territoire métropolitain.

Quelles perspectives pour la suite de 2024 ?

La légère reprise des mises en chantier en juillet peut être perçue comme un signe encourageant pour les mois à venir. Cependant, le secteur devra surmonter plusieurs défis pour enregistrer une réelle reprise durable.

Les perspectives pour la fin de l’année 2024 dépendront en grande partie de l’évolution des politiques publiques, notamment en matière d’incitation à la construction et de facilitation des crédits immobiliers. Si des efforts supplémentaires ne sont pas entrepris pour soutenir le secteur, le risque d’une pénurie de logements à moyen terme deviendra de plus en plus tangible, notamment dans les zones en forte demande, comme les grandes métropoles et certains territoires d’Outre-mer.

Le repli des mises en chantier en 2024 souligne les défis structurels du marché de la construction en France. Si des mesures concrètes ne sont pas prises pour soutenir l’offre de logements neufs, le secteur pourrait continuer à souffrir de cette dynamique défavorable, avec des répercussions sur l’ensemble de la filière et sur l’accès à des logements de qualité pour une grande partie de la population.

La publication récente du GIE Réseau des CERC reflète bien cette situation : malgré un sursaut en juillet, la tendance sur trois mois reste négative, et le secteur devra trouver des solutions innovantes pour se relever durablement de cette crise.

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