Le BTP aux Antilles-Guyane évolue entre dynamisme et incertitude. Si l’activité se maintient, l’emploi marque un coup d’arrêt. Les Travaux Publics soutiennent encore largement le marché, mais les recrutements ralentissent et la prudence s’installe chez les entreprises. Dans le même temps, des fragilités émergent, notamment dans le secteur du logement. Comment expliquer ces tendances et quelles perspectives pour le secteur ?
Les Cahiers Statistiques de la Caisse Congés BTP pour la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane révèlent une situation contrastée : une masse salariale en hausse, mais des recrutements en berne et des signaux d’alerte dans le secteur du logement.
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Martinique : une stabilité en trompe-l’œil
En Martinique, le secteur du BTP montre une certaine stabilité.
Les effectifs salariés diminuent de 1 %. La masse salariale, quant à elle, progresse de 9 %, principalement portée par les Travaux Publics, qui concentrent 58 % des rémunérations déclarées.
Cependant, le marché du travail se contracte fortement. Le nombre de primo-embauchés chute de 26 %, signalant un net ralentissement du renouvellement des effectifs.
Ce recul peut s’expliquer par un manque de visibilité sur les projets à venir et une prudence accrue des entreprises face aux incertitudes économiques. Les recrutements se concentrent majoritairement dans les Travaux Publics et les Voiries-Réseaux-Divers, tandis que le second œuvre et l’industrie affichent des volumes d’embauche plus réduits.
Guadeloupe : une dynamique contrastée
En Guadeloupe, la situation est plus contrastée.
La masse salariale bondit de 15 %, une hausse nettement plus forte qu’en Martinique et en Guyane. Cette progression est largement portée par les Travaux Publics, qui représentent 63 % des rémunérations.
Cependant, cette croissance ne profite pas directement au marché de l’emploi. Les effectifs salariés stagnent et les primo-embauchés reculent de 18 %.
Ce paradoxe traduit une tendance où les entreprises préfèrent consolider leurs équipes en place plutôt que de prendre le risque d’embaucher. L’absence de nouveaux projets significatifs dans le logement ou le second œuvre pourrait expliquer cette frilosité.
Guyane : un marché du logement sous tension
En Guyane, les indicateurs sont paradoxaux.
Le nombre d’adhérents au CIBTP progresse de 5 %, ce qui pourrait indiquer une dynamique entrepreneuriale soutenue. Pourtant, le secteur du logement traverse une crise majeure : les permis de construire s’effondrent de 49,2 %, et les mises en chantier reculent fortement. Cette contraction impacte directement l’ensemble de la chaîne du BTP.
Malgré cela, la masse salariale continue d’augmenter (+10 %), portée par l’activité des Travaux Publics (59 % des rémunérations). Cependant, les embauches restent sous tension, avec une baisse des primo-embauchés de 22 %.
Cette tendance illustre un marché à deux vitesses : les grands travaux maintiennent une certaine stabilité, tandis que la construction résidentielle peine à retrouver une dynamique.
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Une vue d’ensemble
Malgré des différences entre territoires, plusieurs tendances se dégagent aux Antilles-Guyane. Les Travaux Publics restent le moteur du secteur, mais la prudence domine côté embauches. La hausse de la masse salariale reflète une activité soutenue, tandis que le recul des primo-embauchés traduit des incertitudes économiques.
Le vieillissement des effectifs et le manque de renouvellement posent un défi. Pour 2025, la priorité sera de stimuler l’investissement, notamment dans le logement, et de renforcer la formation pour maintenir l’attractivité du secteur. Le BTP aux Antilles-Guyane doit stabiliser son marché de l’emploi et s’adapter aux mutations en cours pour préserver sa vitalité.









