Réhabiliter sans tout casser : la SHLMR mise sur la rénovation durable et sociale du patrimoine

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Sur un chantier de réhabilitation, le temps ne se compte pas seulement en mois ou en budgets, mais en histoires humaines. Celles des familles qui continuent de vivre au milieu des travaux, des techniciens qui ajustent chaque détail pour préserver un bâtiment, ou encore de ceux qui repensent l’habitat sans le détruire. C’est dans cet esprit que Didier Laravine, Directeur de l’Amélioration du Patrimoine et de la Mutation Urbaine à la SHLMR, raconte son métier dans le nouvel épisode du podcast de l’organisme : une plongée dans l’art complexe de donner une seconde vie au bâti.


Intéressant pour vous : « Sous tension, mais sous contrôle : comment la SHLMR gère la pression du logement social à LA REUNION », l’épisode précédent du podcast SHLMR.


Donner un second souffle au bâti réunionnais

Réhabiliter, c’est avant tout prolonger la vie d’un bâtiment ou d’un quartier, sans le détruire. Pour Didier Laravine, cette mission consiste à retrouver les performances techniques d’origine, voire à les améliorer. L’enjeu est double, c’est de préserver le patrimoine existant et améliorer la qualité de vie des habitants.

À la SHLMR, le processus débute bien avant le premier coup de marteau. Chaque opération s’inscrit dans le plan stratégique de patrimoine, nourri par les retours du terrain et les diagnostics techniques et sociaux. L’identification, la validation et la planification des projets s’étalent sur plusieurs années : entre 3 et 4 ans sont nécessaires pour mener à bien une réhabilitation complète.

L’exemple de la résidence Victoria à Saint-André, avec ses 215 logements rénovés, illustre l’ampleur de la tâche. Un chantier complexe, mené en site occupé, qui a mobilisé techniciens, médiateurs, locataires et entreprises locales. « La réussite d’un projet dépend grandement de l’implication des habitants », souligne Didier Laravine.

Un chantier humain autant que technique

Au-delà des aspects réglementaires et financiers, la réhabilitation reste avant tout une affaire de relations humaines. Les travaux se déroulent souvent dans des logements occupés, imposant une organisation millimétrée.

Des médiateurs travaux sont mobilisés pour informer, rassurer et accompagner les familles. Les locataires s’interrogent sur les nuisances, les loyers, ou les solutions de relogement temporaire. « On entre dans leur intimité, il faut les écouter et leur expliquer chaque étape », confie le directeur.

La SHLMR mise sur une concertation précoce et continue pour construire la confiance. Et le résultat se lit dans les visages : la satisfaction d’un logement transformé, plus confortable, plus sûr, plus durable.

Innovation et adaptation au climat tropical

Sous le soleil réunionnais, réhabiliter demande d’innover. Le climat tropical accélère le vieillissement des bâtiments, d’où la nécessité d’intervenir plus tôt qu’en métropole. « Nous devons concilier élévation des températures et confort des habitants », explique Didier Laravine.

L’organisme s’appuie sur son guide interne “HT” (Habitat et Techniques), véritable référentiel des bonnes pratiques, intégrant les objectifs de la politique RSE. Isolation des toitures, protections solaires des façades, ventilation naturelle : autant de solutions pensées pour limiter la chaleur sans alourdir les consommations énergétiques.

Côté équipements, la SHLMR expérimente des dispositifs innovants :

  • Production d’eau chaude solaire par photovoltaïque, alternative au thermique traditionnel.
  • Ballons thermodynamiques, fonctionnant comme des pompes à chaleur inversées.
  • Réemploi des matériaux de chantier, notamment les gravats de démolition réutilisés dans les zones de circulation.

Ces initiatives s’inscrivent dans une logique d’économie circulaire et de valorisation des filières locales, au cœur de la stratégie environnementale du bailleur.

Une ambition durable : 10 000 logements à rénover

La réhabilitation représente une part croissante des investissements de la SHLMR. Chaque opération coûte en moyenne 60 000 euros par logement, un effort considérable pour l’organisme. En combinant subventions publiques (LBU, crédits d’impôt), prêts spécifiques et fonds propres, la SHLMR parvient à soutenir une cadence ambitieuse : entre 800 et 1 000 logements réhabilités chaque année, soit près de 10 000 sur dix ans.

Pour Didier Laravine, la qualité reste non négociable : « Ce n’est pas fait au rabais. Les travaux réalisés sont de qualité, comparables à ceux du privé. » Mais la réussite ne dépend pas seulement des investissements. Elle repose aussi sur l’entretien quotidien des logements, partagé entre bailleur et locataires.

Vers une réhabilitation participative

Au fil de l’entretien, une idée revient avec insistance : impliquer davantage les familles. Didier Laravine rêve de lancer à La Réunion un projet d’auto-réhabilitation, où les habitants participeraient eux-mêmes aux travaux légers – peinture, sols, plomberie – encadrés par des professionnels.

Ce modèle permettrait de renforcer le lien entre les habitants et leur logement tout en favorisant l’insertion professionnelle. « Participer à la réhabilitation, c’est aussi apprendre à entretenir son logement », résume-t-il.

Un projet collectif pour mieux vivre demain

La réhabilitation est bien plus qu’un chantier technique : c’est une aventure humaine et territoriale. Elle mobilise des acteurs multiples – État, collectivités, entreprises locales, associations et habitants – autour d’un même objectif : prolonger la vie du patrimoine social tout en améliorant le cadre de vie.

Avec près de 10 000 logements à traiter d’ici 2035, la SHLMR inscrit sa stratégie dans le temps long. « Réhabiliter, c’est créer les conditions du mieux-vivre », conclut Didier Laravine. Une conviction qui illustre la philosophie d’un organisme résolument tourné vers la durabilité, l’écoute et l’innovation sociale.


Ecouter l’épisode 4 ici

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