La rénovation énergétique n’est plus une simple option : c’est une nécessité pour réduire l’empreinte carbone des bâtiments. Pour comprendre les leviers de réduction des émissions, l’ANAH (Agence Nationale de l’Habitat) a commandité une étude réalisée par Pouget Consultants en 2022-2023. Une enquête qui s’attache à évaluer l’impact carbone des gestes de rénovation les plus fréquents, tout en proposant des pistes concrètes pour optimiser leur efficacité environnementale. Cette étude repose sur une méthode d’analyse du cycle de vie (ACV) simplifiée, avec un périmètre d’évaluation sur 50 ans et incluant la fabrication, le transport, la mise en œuvre et la fin de vie des matériaux.
Pourquoi l’impact carbone est crucial dans la rénovation ?
L’impact carbone est devenu un indicateur clé pour évaluer la performance environnementale des bâtiments. Il mesure les émissions de gaz à effet de serre générées tout au long du cycle de vie des matériaux et des équipements : de leur fabrication à leur mise en œuvre, en passant par leur utilisation et leur fin de vie.
Dans un secteur du bâtiment responsable de près de 40 % des émissions mondiales de CO₂, chaque choix compte. Les professionnels doivent donc arbitrer entre efficacité énergétique, coût des travaux et réduction de l’impact carbone. Mais quels gestes privilégier ? Quels matériaux sont les plus vertueux ? L’étude ANAH apporte des réponses factuelles.
Les gestes et bouquets de travaux analysé
Les gestes unitaires : Les plus financés par MaPrimeRénov’
L’étude identifie les gestes unitaires les plus prisés par les bénéficiaires de MaPrimeRénov’ :
- Isolation des combles : une solution qui réduit immédiatement les pertes thermiques, allégeant les factures de chauffage. Son impact carbone est modéré, autour de 10 à 20 kgCO₂e/m² sur 50 ans, selon le matériau.
- Remplacement des fenêtres par des modèles performants (double ou triple vitrage), pour un meilleur confort thermique et acoustique. Impact carbone estimé entre 15 et 30 kgCO₂e/m² selon les configurations.
- Installation de systèmes de chauffage performants (pompes à chaleur, chaudières biomasse), avec des résultats contrastés : les PAC air/air, par exemple, peuvent générer jusqu’à 80 kgCO₂e/m² si mal dimensionnées.
- Pose de panneaux photovoltaïques : un investissement durable pour produire une énergie verte. Leur impact initial est plus élevé (jusqu’à 150 kgCO₂e/m²), mais compensé par la production sur 25 ans.
Les bouquets de travaux : Une approche combinée
Combiner plusieurs gestes dans une seule intervention, c’est l’approche des bouquets de travaux. Isolation des murs, des combles, modernisation du chauffage… Cette stratégie améliore les performances énergétiques globales tout en réduisant l’impact carbone. Par exemple, dans un pavillon construit entre 1948 et 1975, un bouquet associant isolation des murs par l’extérieur, remplacement de la chaudière par une PAC, et pose de VMC hygroréglable permet de diviser par deux les émissions sur 50 ans (de 800 à 400 kgCO₂e/m²).
Analyse par typologie de bâtiments
Les Quatre Typologies de Bâtiments Étudiées
L’étude se concentre sur 4 catégories types :
- Pavillons construits entre 1948 et 1975 : très énergivores, avec un potentiel de réduction d’émissions très élevé.
- Maisons individuelles récentes (après 2005) : meilleures performances de base, moins de leviers d’amélioration.
- Petits immeubles collectifs anciens (avant 1975) : généralement mal isolés, mais difficilement transformables.
- Immeubles récents : conformes aux normes RT2005 ou ultérieures, à optimiser surtout sur les usages.
Résultats comparatifs : Quels bâtiments sont les plus vertueux ?
Les maisons récentes affichent les meilleures performances grâce à une conception initiale optimisée. Les pavillons anciens, en revanche, sont les plus émetteurs : en moyenne, entre 700 et 900 kgCO₂e/m² avant travaux.
Après rénovation performante, ce total peut chuter à 400 kgCO₂e/m². Les petits collectifs anciens restent les plus difficiles à rénover de manière optimale, en raison de contraintes structurelles et de copropriété.
Recommandations pratiques pour une rénovation bas carbone
- Pour optimiser l’impact carbone des rénovations :
- Privilégier les matériaux biosourcés (bois, chanvre, laine de mouton), moins émetteurs que les isolants traditionnels.
- Utiliser des équipements de chauffage utilisant des énergies renouvelables (pompes à chaleur, solaire).
- Réduire les déchets de chantier en favorisant le réemploi ou le recyclage (dépose sélective, plateformes de valorisation).
- Penser à la compacité des gestes : un geste très efficace énergétiquement peut être lourd en carbone s’il implique beaucoup de matière.
- Adapter les gestes aux contraintes climatiques locales, notamment dans les DROM où les solutions techniques doivent être contextualisées.
Conseils par Typologie de Bâtiment
- Maisons individuelles anciennes : isolation des murs par l’extérieur avec isolants biosourcés, remplacement du système de chauffage, VMC simple flux hygroréglable.
- Maisons récentes : amélioration ponctuelle (chauffage, ventilation), pas de geste lourd inutile.
- Immeubles collectifs anciens : prioriser les travaux collectifs (chaufferie, enveloppe), et sensibiliser les copropriétaires sur les bénéfices globaux.
- Immeubles récents : maintenance rigoureuse, réglage des équipements, réduction des usages carbonés (climatisation).
Consulter le rapport d’étude – IMPACT CARBONE DES RÉNOVATIONS ÉNERGÉTIQUES – ici
Réduire l’empreinte carbone des rénovations énergétiques, c’est agir pour l’avenir. L’étude ANAH – Pouget Consultants fournit des pistes concrètes aux professionnels pour optimiser leurs projets. Chaque geste compte, chaque matériau a un poids, et chaque arbitrage technique peut transformer durablement l’impact environnemental d’un bâtiment. La rénovation bas carbone n’est pas qu’un objectif : c’est une méthodologie à part entière.