OUTRE-MER. Ce que change le CIMer 2025 pour la mer et les littoraux ultramarins

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    CIMer 2025 Outre-mer

    Réuni en avril 2025 sous la présidence du Premier ministre, le Comité interministériel de la mer (CIMer) a présenté une série de mesures concrètes pour renforcer la politique maritime française. Les Outre-mer, au cœur de la zone économique exclusive nationale, sont directement concernés par plusieurs dispositifs d’envergure annoncés lors de cette édition. en avril 2025 par le Premier ministre, a posé les fondations d’un nouveau cycle d’action publique maritime. À la croisée des tensions géopolitiques, des urgences climatiques et des ambitions économiques, cette édition s’est voulue plus résolument tournée vers les territoires ultramarins, au cœur de la puissance maritime française.

    Trois lignes directrices ont guidé les décisions : asseoir la souveraineté maritime, accélérer la transition écologique en mer et mieux protéger les littoraux. Les Outre-mer, qui concentrent 97 % de la zone économique exclusive française, en sont les premiers concernés.

    Antilles et Guyane : un nouveau cap contre les sargasses et la pêche illégale

    Un 3e plan de lutte contre les sargasses attendu d’ici fin 2025

    Les échouages massifs de sargasses perturbent depuis plus d’une décennie les activités quotidiennes et la santé publique aux Antilles et en Guyane. En réponse, le Gouvernement a annoncé le lancement d’un troisième plan national de lutte d’ici la fin 2025. Ce nouveau cadre interviendra en continuité des deux plans précédents et devra être construit avec les collectivités concernées.

    Le plan ciblera la prévention des risques sanitaires liés aux émanations toxiques, le soutien à la collecte et au stockage des algues, ainsi que la valorisation, notamment dans une logique d’économie circulaire. Les actions déjà menées en mer, les initiatives locales, et les apports scientifiques devront être capitalisés dans ce nouveau cadre.

    En Guyane, la lutte contre la pêche INN franchit une nouvelle étape

    La pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) représente un enjeu majeur en Guyane, où opèrent des navires sans pavillon ni propriétaire identifié. Le CIMer propose une réforme du Code rural et de la pêche maritime pour faciliter leur destruction directe par immersion, sous réserve de dépollution préalable. Cette procédure vise à éviter les déroutements coûteux et les blocages juridiques.

    Par ailleurs, l’usage de drones et de technologies d’observation déportée est appelé à se généraliser, afin de renforcer la détection des infractions dans la zone économique exclusive (ZEE). Une mission de coordination interservices est lancée pour assurer l’interopérabilité des données entre Marine nationale, Douane, DGAMPA et OFB.

    Former localement les futurs professionnels de la mer

    Guyane : pérennisation du CAP maritime de Matiti

    La formation maritime en Guyane reste encore insuffisante au regard des besoins du territoire. Le CAP maritime ouvert au lycée agricole de Matiti en 2024, bien que prometteur, risquait une fermeture anticipée faute de financement. Le CIMer 2025 acte sa pérennisation, en l’intégrant à une stratégie plus large de reconstruction d’une filière pêche légale et durable.

    Polynésie : ouverture d’un baccalauréat professionnel pont-machine

    Pour répondre à la demande croissante de main-d’œuvre formée localement, une nouvelle formation professionnelle de niveau bac pro sera ouverte en Polynésie à la rentrée 2025. Elle visera les compétences de pont et de machine, avec l’appui de tous les acteurs éducatifs et maritimes. Un travail de mutualisation des moyens est également engagé dans tous les territoires.

     

    La Réunion, territoire pilote pour l’éolien en mer

    Le CIMer positionne La Réunion comme territoire d’expérimentation pour le déploiement des énergies marines renouvelables (EMR). Cette décision s’inscrit dans une volonté affirmée d’accélérer la transition énergétique des territoires insulaires et de diversifier leur mix électrique. Une première série d’études est en cours pour évaluer la faisabilité d’un projet d’éolien offshore, les contraintes de raccordement au réseau insulaire et l’impact tarifaire pour les usagers.

    Selon une étude confiée au CEREMA en 2024, plusieurs zones propices à l’éolien flottant ont été identifiées, notamment dans le sud-ouest de l’île, où les conditions de vent sont favorables et relativement constantes.

    Le potentiel technique y est évalué à plusieurs centaines de mégawatts, ce qui permettrait de couvrir une part significative de la consommation locale. La consultation publique prévue au second semestre 2025 permettra d’associer les citoyens et acteurs locaux dès les premières étapes du projet.

    Ce chantier s’inscrit pleinement dans la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) de La Réunion, qui vise l’autonomie énergétique d’ici 2030.

    En parallèle des enjeux climatiques, le développement de l’éolien en mer pourrait dynamiser la filière industrielle maritime locale, créer des emplois qualifiés et renforcer les capacités d’ingénierie sur l’île. L’Observatoire de l’éolien en mer, désigné par l’État, sera chargé de produire les données environnementales nécessaires au cadrage technique et réglementaire du projet.

    Wallis-et-Futuna et Mayotte : simplification, reconstruction et gouvernance

    Alléger les procédures du registre des navires de croisière à Wallis-et-Futuna

    Le registre de Wallis-et-Futuna, créé pour accueillir les navires de croisière sous pavillon français, souffre d’une complexité administrative qui nuit à son attractivité. Une concertation entre les ministères des Transports et des Outre-mer est engagée pour simplifier sa gestion, en s’appuyant sur le guichet unique du RIF.

    À Mayotte, le domaine maritime intégré dans la refondation post-Chido

    Le cyclone CHIDO a sérieusement affecté le secteur maritime à Mayotte. Le CIMer inscrit les enjeux maritimes dans la stratégie de reconstruction de l’île. Des actions concrètes sont annoncées : étude de transformation du port de Longoni sous compétence étatique à l’issue de la concession 2028, audit financier, mobilisation des fonds européens (FEAMPA, FEDER), retrait des épaves, remplacement d’équipements non assurés. Un report de délai pour l’établissement du plafond capacitaire des navires <10 m est aussi sollicité auprès de la Commission européenne.

    Une feuille de route pour une économie bleue ultramarine durable

    Le CIMer 2025 acte la mise en œuvre d’une feuille de route pour l’économie bleue ultramarine à l’horizon 2030. Ce document, issu d’une concertation approfondie depuis 2024 avec les élus, les collectivités et les filières locales, vise à adapter les politiques publiques aux réalités et atouts de chaque territoire.

    Articulée avec la stratégie nationale mer et littoral 2024-2030, la feuille de route ultramarine s’appuie sur des axes partagés : valorisation de la biodiversité, accompagnement des filières maritimes, insertion locale. Un comité de suivi adossé au Conseil national de la mer et des littoraux en pilotera le déploiement et les indicateurs de résultat.

    Des politiques maritimes cohérentes et concertées

    Les mesures annoncées pour les Outre-mer s’inscrivent dans une logique de cohérence et de simplification. Elles s’adossent à la stratégie nationale mer et littoral révisée, intègrent les résultats du débat public « La mer en débat » (nov. 2023 – avril 2024), et s’articulent avec les feuilles de route sectorielles (décarbonation, nautisme, SNSEM).

    La concertation devient un principe directeur, tout comme la territorialisation des mesures. Le CIMer 2025 marque ainsi un effort de plus grande adaptation des politiques maritimes aux spécificités ultramarines.

     


    Consulter le dossier de presse – Comité interministériel de la mer (CIMer) 2025


     

    La réunion du CIMer 2025 ne se résume pas à une suite d’annonces. Elle engage les territoires ultramarins dans un nouveau cycle d’action maritime, structuré, financé et plus proche des besoins de terrain. Pour les acteurs publics comme pour les filières économiques, c’est une feuille de route claire qui s’ouvre, avec des moyens dédiés et une dynamique de long terme à suivre dès aujourd’hui.

     

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