MATERIAUX DE CONSTRUCTION : un frémissement confirmé au premier trimestre 2025

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Au sortir d’une période marquée par le repli, les matériaux de construction amorcent une reprise progressive. La dernière lettre de conjoncture de l’UNICEM, publiée en mai 2025, indique un redressement des granulats et une stabilisation partielle des produits en béton, tandis que le béton prêt à l’emploi poursuit sa décroissance, à un rythme plus modéré.

Granulats et produits béton : les moteurs discrets du redressement

Les granulats confirment leur rôle de moteur principal dans le frémissement de la filière. En mars 2025, leur production progresse de +2,4 % par rapport à février, et bondit de +9,3 % sur un an. Ce dynamisme se reflète également dans les chiffres trimestriels : +3,2 % au T1 2025 par rapport au trimestre précédent, et +4,4 % comparé au T1 2024. Sur douze mois glissants toutefois, l’activité reste en recul de -1,3 %, mais la tendance s’inverse.

Ce regain s’explique notamment par le redémarrage progressif des chantiers dans le logement individuel. Le retour à une certaine vitalité des autorisations de construire et des mises en chantier se traduit par une demande accrue en matériaux de base. Les produits en béton suivent un chemin comparable, avec un retour à une très légère croissance (+0,4 % en cumul sur deux mois début 2025), après une chute marquée en 2024.

Une reprise différenciée selon les matériaux

Au-delà des grandes familles, les indicateurs révèlent des dynamiques très contrastées. Les tuiles et briques, dont l’activité s’est effondrée fin 2024 (-18,3 % sur douze mois à fin février), amorcent une stabilisation remarquable avec une baisse contenue à -0,5 % en cumul sur les deux premiers mois de 2025. Ce retournement s’explique en grande partie par la reprise des ventes de maisons individuelles, dont ces matériaux sont les premiers bénéficiaires.

Le ciment, en revanche, reste profondément affecté. Son indice recule de -10,9 % sur un an, et de -4,3 % sur les deux premiers mois de 2025. Ce repli prolongé confirme les difficultés structurelles du segment, très dépendant des gros chantiers et de la construction collective, encore timide malgré les signes de reprise.

Même tendance baissière pour les mortiers, qui accusent un recul de -12,2 % en cumul sur deux mois, malgré une baisse modérée de -3,8 % sur un an. Ces matériaux, très utilisés dans l’entretien-rénovation, subissent directement le ralentissement du marché de l’amélioration-entretien observé depuis plusieurs trimestres.

En revanche, la pierre de construction et le façonnage de pierres, plus liés à des projets spécifiques (patrimoine, aménagements urbains), affichent des évolutions moins marquées mais toujours négatives (-4,9 % et -3,5 % en cumul deux mois).

Béton prêt à l’emploi : un recul qui ralentit

Contrairement aux granulats, le béton prêt à l’emploi (BPE) reste en terrain négatif. En mars 2025, les volumes livrés reculent de -2,2 % par rapport à février, et de -3,8 % sur un an. Sur l’ensemble du premier trimestre, la baisse s’établit à -2,2 % par rapport à T4 2024 et à -4 % comparé à T1 2024. Le repli est moins sévère qu’en 2024, mais toujours bien présent.

Sur douze mois glissants, la contraction atteint encore -8,7 %, contre -11,2 % à fin décembre 2024. Cette lente décélération témoigne d’un marché qui peine à repartir, particulièrement dans les secteurs de la promotion immobilière, où l’amorce de reprise est récente. Le BPE, souvent utilisé en phase avancée des chantiers, accuse un effet retard structurel par rapport aux autres segments. Il pâtit aussi de la prudence des maîtres d’ouvrage face à un climat encore incertain.

Des signaux plus nets dans le logement neuf

Le redressement du secteur s’appuie sur des signaux positifs dans le logement neuf. Les mises en chantier progressent de +7,8 % au T1 2025 par rapport à l’an dernier, avec 291 600 logements lancés sur douze mois (+1,1 %). Les permis enregistrent également un rebond de +4,9 % sur la même période.

Le nouveau PTZ élargi, en vigueur depuis le 1er avril, ainsi que la baisse des taux d’intérêt (3,07 % en avril contre 3,31 % en décembre) renforcent la solvabilité des ménages et favorisent le retour des candidats à l’accession. Les ventes de maisons individuelles, mesurées par Markemétron, bondissent de +37,7 % en mars, avec un T1 en hausse de +27,8 %. Sur douze mois, elles atteignent 54 000 unités (+3,3 %), un chiffre encore loin des 120 000 ventes annuelles des années fortes, mais en nette amélioration.

Les promoteurs immobiliers retrouvent également un certain optimisme. L’enquête trimestrielle de l’INSEE montre une amélioration du jugement sur la demande et l’apport personnel des acquéreurs. Le climat de financement s’allège, malgré des critères d’octroi de crédit toujours stricts (la marge de flexibilité autorisée par le HCSF n’a été utilisée qu’à 16,2 % au T1).

Travaux publics : un soutien sous surveillance

Le secteur des travaux publics a maintenu son rôle de soutien au début de l’année. Les travaux réalisés affichent une hausse de +1,6 % en volume au T1 2025. L’enquête de la FNTP d’avril souligne toutefois une fragilité croissante.

Les carnets de commande des entreprises se stabilisent, mais la demande publique ralentit. Le solde d’opinion sur l’activité prévue reste inférieur à la moyenne de long terme pour la clientèle publique, tandis que celui de la clientèle privée est légèrement supérieur. La part d’entreprises confrontées à un manque de personnel progresse (36 % contre 28 % en janvier), mais c’est surtout le manque de commande qui inquiète : 44 % des entreprises le citent comme obstacle principal à la production.

La fin du cycle électoral, couplée à des contraintes budgétaires locales, pourrait affaiblir ce pilier de l’activité dans les mois à venir.

Quel scénario pour la suite ? Entre redémarrage et incertitudes

L’ensemble des données indique un début de retournement pour la filière matériaux. Les granulats, les produits en béton et l’activité des maisons individuelles montrent des signes tangibles de reprise. Le logement collectif se redresse lentement, porté par la politique monétaire et fiscale. Les travaux publics, quant à eux, stabilisent encore l’activité, mais leur soutien semble à surveiller.

Les professionnels restent confrontés à plusieurs incertitudes : prudence bancaire persistante, contexte géopolitique tendu, arbitrages budgétaires des collectivités… mais les bases d’un redémarrage plus solide au second semestre 2025 commencent à se dessiner.


Consulter ici la lettre mensuelle de conjoncture de l’UNICEM : LE SECTEUR DES MATÉRIAUX SE RELÈVE DOUCEMENT DU K.O


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