La SIMAR a inauguré, le 18 juin 2025, la résidence Debrosil au Lamentin. Ce programme de 39 logements incarne une nouvelle génération d’habitat mixte en Martinique, mêlant logements sociaux, libres et réservés aux forces publiques. L’occasion pour Jean-Luc Galy, directeur général du bailleur, de revenir sur les enjeux du logement, de la crise du BTP et des solutions territoriales à construire.
Une nouvelle résidence entre logements sociaux, publics et libres
Située à quelques kilomètres du centre-bourg du Lamentin, la résidence Debrosil comprend 39 logements répartis entre 15 logements sociaux F3 destinés aux seniors et 24 logements libres, dont 16 sont réservés à la Gendarmerie nationale de Martinique.
Le programme, réalisé pour un coût global de 7,9 millions d’euros TTC, s’inscrit dans un quartier résidentiel bien desservi, à proximité de l’école primaire, du centre commercial de Long Pré et des équipements publics.
L’opération a bénéficié d’un montage financier mixte, mobilisant le crédit d’impôt pour les logements locatifs sociaux, des fonds propres ainsi que des emprunts provenant notamment de l’État, Action Logement Services, la Banque des Territoires et la CEPAC.
Pensée pour être inclusive, la résidence offre également 63 places de stationnement, un ascenseur, une aire de jeux, un bassin de rétention et des espaces paysagers.
Un projet emblématique de la mixité sociale selon Jean-Luc Galy
Derrière ce programme, la SIMAR affirme une volonté forte de repenser les formes d’habitat collectif en Martinique. Jean-Luc Galy, directeur général de la société, présente Debrosil comme un modèle de référence :
« La résidence Debrosil est un exemple concret de ce que nous voulons développer en Martinique : la mixité sous toutes ses formes. »
Il insiste sur l’intérêt de combiner des profils d’occupants variés :
« Nous avons ici un ensemble qui combine du logement libre, du logement social et une part dédiée aux enseignants. Cette combinaison permet de créer des résidences équilibrées, inclusives, qui favorisent le lien social entre différentes catégories de population. »
À Debrosil, six logements sont ainsi réservés aux enseignants, en complément de ceux destinés à la Gendarmerie. Pour Jean-Luc Galy, cette diversification des bénéficiaires est un levier pour renforcer l’ancrage local et revitaliser les quartiers.
Répondre à la pression croissante sur le logement social
La résidence Debrosil s’inscrit dans un contexte de tension forte sur le logement en Martinique, avec environ 4 000 demandeurs recensés sur le territoire. Face à cette demande, la SIMAR conserve un rôle central.
« En 2024, nous avons représenté 70 % des agréments de logements sociaux en Martinique, ce qui traduit un engagement fort », souligne Jean-Luc Galy.
L’action de la SIMAR repose sur une stratégie articulée autour de deux axes : une maîtrise d’ouvrage interne renforcée, et un dialogue étroit avec les collectivités.
« Ce sont elles nos premières donneuses d’ordre. Nous allons les rencontrer, nous leur disons : “Vous avez un opérateur disponible, prêt à bâtir et à contribuer à réduire les délais d’attente.” C’est un travail de terrain et de conviction. »
Seniors, jeunes, classes moyennes : une offre à redessiner
Face au vieillissement de la population, la SIMAR déploie des réponses alternatives à l’EHPAD.
« Nous avons pris de l’avance sur cette question, car nous avons obtenu récemment l’agrément pour la construction de quatre résidences autonomie. Il s’agit de structures intermédiaires entre le logement classique et l’EHPAD : elles permettent d’accueillir des personnes âgées encore autonomes, dans un environnement sécurisé et encadré par un gestionnaire. Ces résidences offrent de l’animation, de la vie sociale, tout en maintenant une forme d’indépendance pour nos aînés. C’est une alternative très attendue. »
Ces structures offrent des services collectifs et des activités, tout en préservant l’indépendance des occupants.
Le bailleur développe également une offre dédiée aux jeunes :
« Par exemple, en 2026, nous allons livrer une résidence étudiante au centre-ville, dans un bâtiment qui était auparavant un établissement financier. Il y aura 16 logements étudiants. C’est un bon exemple de reconversion du patrimoine bâti, et cela illustre notre stratégie de réinvestissement des centres-villes. »
Cette reconversion de patrimoine bâti nécessite des moyens importants, notamment du fait des sols instables ou des normes techniques.
« On ne cherche pas à y faire du profit, mais à répondre à un besoin d’aménagement du territoire. »
Foncier, réhabilitation, formation : une crise du BTP à dénouer
Mais les ambitions de la SIMAR se heurtent à des contraintes structurelles majeures :
« Le foncier est une vraie contrainte. Aujourd’hui, nous avons des plans de prévention des risques, des terrains inconstructibles, des sols instables. » L’époque où l’on construisait sur des terres agricoles sans analyse environnementale est révolue.
Une piste privilégiée est la réhabilitation des quelque 30 000 logements vacants recensés sur l’île. Cependant, cette stratégie exige des moyens importants. « Ces logements sont souvent anciens, avec de l’amiante ou des normes à mettre à jour. L’État et les collectivités doivent être à nos côtés sur ces projets. »
Le secteur du BTP, quant à lui, subit une crise profonde :
« Le bâtiment repose sur deux moteurs : la commande publique et l’initiative privée. Aujourd’hui, ces deux moteurs sont grippés. Nous finançons environ 600 logements par an, à raison de 200 000 euros en moyenne par logement. Mais ce n’est pas suffisant. L’offre publique est en recul, et en parallèle, les coûts de construction ont explosé, avec une hausse de près de 17 % depuis le Covid et la guerre en Ukraine. Les matériaux, la main-d’œuvre… tout a augmenté. »
À cela s’ajoute une pénurie de compétences, notamment dans les métiers manuels du bâtiment. « Il y a un désintérêt croissant des jeunes pour les métiers du bâtiment.… Il faudrait organiser de véritables états généraux du BTP. »
Une mobilisation collective à construire
Pour Jean-Luc Galy, le logement doit redevenir un chantier d’intérêt général.
« Le défi est collectif. Il y a des besoins en logement adaptés, en réhabilitation, en construction. Mais pour y répondre, il faut que tout le monde soit mobilisé : les opérateurs, les collectivités, l’État, le secteur du BTP et les centres de formation. »
L’inauguration de la résidence Debrosil dépasse ainsi le cadre d’un simple programme locatif. Elle symbolise une orientation stratégique de la SIMAR : agir concrètement face à l’urgence sociale et territoriale du logement, tout en renouvelant les méthodes, les profils de résidents et les coopérations locales.
La résidence Debrosil ne constitue qu’une pièce du puzzle. Face à la demande croissante, à la pénurie de foncier, au vieillissement de la population et aux tensions du secteur du bâtiment, la SIMAR défend une stratégie de diversification, de proximité et de transformation. En appelant à une mobilisation collective, son directeur rappelle que le logement, en Martinique, est bien plus qu’une politique sociale : c’est un levier de cohésion et de résilience territoriale.
Consulter ici le communiqué de presse – Inauguration résidence Debrosil