Bâtiment et climat : trois projets de recherche dévoilent des solutions pour 2050

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qualité de l’air

Le bâtiment est devenu l’un des terrains les plus sensibles de la transition écologique. C’est dans ce secteur que se jouent à la fois la consommation d’énergie, le confort face aux vagues de chaleur, la qualité de l’air intérieur et la lutte contre la pollution. L’ADEME a publié en juin 2025 un recueil inédit dans le cadre du programme PRIMEQUAL, rassemblant neuf projets de recherche sur les interactions climat–air–énergie. Trois d’entre eux se concentrent sur le bâtiment : AMBRES, BARIAIR et BATENQUE. Au-delà des résultats scientifiques, ils livrent des enseignements précieux pour l’action des collectivités, des bailleurs et des acteurs du BTP.

Confort thermique et qualité de l’air : le double défi

Comment assurer un air intérieur sain tout en maintenant des températures supportables lors des canicules ? Le projet AMBRES apporte une réponse grâce au croisement de modèles rarement associés : INCA-Indoor pour la qualité de l’air, CONTAM pour l’aéraulique et EnergyPlus pour les performances énergétiques.

Testés sur une centaine de scénarios, ces outils ont montré que le pilotage intelligent des systèmes de chauffage, ventilation et climatisation permet d’atteindre un équilibre délicat.

Les résultats sont frappants : jusqu’à 50 % d’économie d’énergie en exploitation par rapport à une gestion classique, sans sacrifier ni le confort d’été ni la santé des occupants. L’« effet cheminée » s’avère particulièrement efficace pour rafraîchir naturellement les bâtiments en période chaude.

Ces conclusions résonnent fortement dans les territoires ultramarins. À La Réunion ou en Guadeloupe, où les canicules se combinent aux îlots de chaleur urbains, concevoir des bâtiments capables de rester confortables sans recourir massivement à la climatisation devient une nécessité économique et sanitaire.

Quand les sols pollués menacent l’air intérieur

La qualité de l’air n’est pas seulement une affaire de ventilation ou de matériaux. Le projet BARIAIR rappelle que les polluants présents dans les sols peuvent migrer jusque dans nos habitations.

Le cas typique : le benzène ou certains solvants qui s’infiltrent par les fondations. Pour contrer ce risque, les chercheurs ont mis au point un outil de conception de systèmes de dépressurisation sous dalle (SDS), capables de limiter ces intrusions.

Mais l’étude souligne aussi les fragilités. Des géomembranes abîmées par le retrait-gonflement des argiles peuvent compromettre l’efficacité du dispositif.

Plus inquiétant encore, le réchauffement climatique accentue la volatilité des polluants, augmentant la concentration des rejets. Autrement dit, un site jugé « sécurisé » aujourd’hui pourrait devenir vulnérable demain.

Dans les Outre-mer, ce sujet prend une dimension particulière. Les opérations de reconversion de friches industrielles ou portuaires se multiplient. À Mayotte ou en Martinique, la réutilisation de terrains autrefois affectés à des usages industriels pose la question de la pollution résiduelle.

L’expérience de BARIAIR offre donc une grille de lecture concrète pour anticiper ces risques dans les projets ultramarins.

Sobriété énergétique ou fausse bonne idée ?

Réduire la consommation d’énergie des bâtiments est une priorité, mais toutes les trajectoires ne se valent pas. Le projet BATENQUE, appliqué à l’Île-de-France en 2050, a comparé deux scénarios : un scénario « Tendanciel » et un scénario « Sobriété ».

Les résultats montrent une baisse de 40 % à 75 % de la consommation énergétique totale, selon le scénario choisi. Mais attention aux effets pervers : le recours accru au bois dans le scénario tendanciel entraîne une hausse des émissions de particules fines (+10 % en hiver, jusqu’à +20 % lors de vagues de froid) et une augmentation des COV (+30 %).

Ces gains climatiques risquent donc d’être partiellement annulés par une nouvelle pollution atmosphérique. À l’inverse, le scénario Sobriété – basé sur une réduction de la demande et une électrification plus raisonnée – apporte des bénéfices nets, tant pour le climat que pour la qualité de l’air.

Cette leçon s’applique directement aux territoires ultramarins. Le bois-énergie, la bagasse ou d’autres filières locales sont régulièrement présentés comme solutions vertueuses. Mais sans un cadre strict de gestion des émissions, ces choix peuvent recréer un problème sanitaire.

La véritable transition passe par la sobriété, condition sine qua non pour éviter de troquer une dépendance contre une autre.


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Source : ADEME – Qualité de l’air, climat et énergie : Nouvelles connaissances pour des approches intégrées


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