L’édition 2025 de l’Observatoire de la qualité de la construction, publiée par l’Agence Qualité Construction (AQC), livre un nouveau bilan Sycodés fondé sur l’analyse des sinistres enregistrés entre 2022 et 2024. Ce rapport identifie les dix éléments d’ouvrage les plus touchés par des désordres, tous types de bâtiments confondus — maisons individuelles, logements collectifs et locaux d’activités. Véritable baromètre technique, ce “Flop 10” met en évidence des fragilités persistantes dans l’étanchéité et la gestion des points singuliers, malgré les évolutions de méthodes et de matériaux.
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Maisons individuelles : couverture et finitions en première ligne
En effectif, la couverture en petits éléments (tuiles, ardoises, béton) conserve la première place. Sur 2022–2024, 54,7 % des désordres observés concernent les points singuliers (noues, rives, faîtages), loin devant la tenue au vent (12,6 %). Comme l’indique Catherine Labat, responsable du pôle Observatoires à l’AQC, « les défauts aux points singuliers restent le talon d’Achille des couvertures, et leur traitement nécessite un savoir-faire qui tend à se raréfier sur le terrain ».
En deuxième position en effectif, les équipements sanitaires affichent une progression, notamment avec les pathologies liées aux douches sans ressaut et aux défauts d’étanchéité. Les revêtements de sol intérieurs complètent le podium, représentant 14 % des sinistres recensés sur la période.
En coût, les réseaux intérieurs d’alimentation et d’évacuation d’eau, ainsi que les murs enterrés, dominent en raison des interventions lourdes qu’ils nécessitent.
Logements collectifs : progression des sinistres sur les sanitaires
Dans les logements collectifs, les équipements sanitaires prennent la tête en effectif, passant de 5,5 % sur 2015–2024 à 7,9 % sur 2022–2024. Cette hausse est attribuée à des défauts récurrents dans la mise en œuvre, souvent liés à des problèmes d’étanchéité.
Les façades lourdes (béton, maçonnerie) concentrent 13 % des désordres en effectif et 11 % en coût. Les causes les plus fréquentes incluent des défauts dans le traitement des joints et une exposition accrue aux intempéries en zones sensibles. Les revêtements muraux intérieurs et plafonds sont également cités dans le Flop 10, avec des désordres liés à des défauts d’adhérence ou à des incompatibilités de matériaux.
En coût, la couverture en grands éléments métalliques (zinc, acier) occupe une place importante, les reprises nécessitant souvent un démontage partiel ou complet.
Locaux d’activités : façades légères et voiries en tête
Pour les locaux d’activités, les façades légères arrivent en première position en effectif comme en coût. Les désordres se concentrent sur les points singuliers (jonctions, encadrements de baies, raccords toiture-façade).
La voirie figure en deuxième place en coût, illustrant l’impact des charges lourdes répétées et des conditions d’exploitation sur l’usure des revêtements. Les revêtements de sol intérieurs complètent ce podium, avec des sinistres moins fréquents mais souvent coûteux en cas de remplacement complet.
Analyse transversale – Ce que révèle le Flop 10
Au-delà des spécificités propres à chaque type de bâtiment, deux constats majeurs ressortent. D’une part, l’étanchéité à l’eau reste un point critique, qu’il s’agisse de couvertures, de façades ou d’aménagements intérieurs. D’autre part, la gestion des points singuliers demeure une faiblesse structurelle, traduisant parfois un manque de coordination sur chantier.
Comme le souligne Johan Dutheil, directeur général de l’AQC, « derrière chaque désordre, il y a un défaut de coordination ou de contrôle, et c’est souvent là que se joue la durabilité d’un ouvrage ».
La répétition de certaines pathologies rappelle l’importance de la formation continue et de l’adaptation des pratiques à l’évolution des techniques et des matériaux. Pour les acteurs de la construction, ce Flop 10 constitue une base de travail pour cibler les interventions prioritaires et optimiser la qualité des ouvrages.
Consulter ici l’ÉDITION 2025 de l’OBSERVATOIRE DE LA QUALITÉ DE LA CONSTRUCTION par l’AQC