En pleine saison estivale, marquée par des épisodes de chaleur extrême, l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP) publie une nouvelle édition de son guide intitulé Fortes chaleurs et effets caniculaires sur les chantiers – Guide de préconisations. Mise à jour en 2025, cette publication intègre les derniers textes réglementaires et rappelle les obligations et bonnes pratiques pour préserver la santé des travailleurs du BTP dans un contexte climatique de plus en plus extrême.
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Une réponse concrète à un risque climatique croissant
Avec 33 jours de fortes chaleurs recensés entre juin et août 2022 selon Météo France, un record depuis 1947, le secteur du BTP est plus que jamais exposé aux effets du réchauffement climatique.
Le guide s’appuie sur les avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), l’instruction DGT du 5 juin 2025 et les textes récents (décrets du 28 juin 2024 et 27 mai 2025, arrêté du 27 mai 2025) pour proposer un cadre opérationnel à destination des entreprises.
L’INRS rappelle que la chaleur devient un risque pour les salariés dès 28°C en cas d’activité physique. À ce jour, aucun seuil maximal de température n’est fixé par le Code du travail, mais l’obligation générale de prévention s’impose à l’employeur (articles L4121-1 et R4225-1).
8 réflexes clés pour protéger les équipes
Le guide résume ses recommandations en huit actions prioritaires :
- Anticiper les périodes à risque via un rétroplanning prévisionnel.
- Aménager les horaires pour éviter les heures les plus chaudes.
- Mécaniser les tâches pour limiter les efforts physiques.
- Hydrater régulièrement les salariés (minimum 3 litres d’eau fraîche par jour).
- Porter des vêtements adaptés anti-UV, légers et couvrants.
- Utiliser des équipements rafraîchissants (compresses, vestes, serviettes…).
- Renforcer la vigilance collective sur les symptômes (vertiges, confusion…).
- Savoir réagir en cas de malaise ou de coup de chaleur.
Un coup de chaleur est une urgence vitale car il peut survenir rapidement dès que la température corporelle dépasse 40°C, avec des troubles de la conscience. Le guide rappelle ainsi les gestes de premiers secours à adopter immédiatement.
Un cadre adapté aux spécificités des chantiers
Au-delà des gestes individuels, le guide propose une série de mesures organisationnelles : adaptation du DUERP, rotation des équipes, limitation du travail isolé, réévaluation des plannings en phase de vigilance rouge, mise à disposition de zones d’ombre ou de bases vie climatisées.
Les chantiers doivent s’équiper d’EPI spécifiques et éviter l’exposition directe au soleil entre 12h et 16h. La sécurité du salarié prime sur la continuité de l’activité : en cas de conditions extrêmes, l’arrêt du travail est envisageable.
Une attention particulière pour les travailleurs vulnérables
Certaines catégories de salariés présentent un risque accru face aux épisodes de fortes chaleurs. Le guide rappelle qu’en cas de vigilance météorologique rouge, il est strictement interdit d’affecter des jeunes en formation (apprentis, alternants, stagiaires) à des tâches les exposant à des températures extrêmes. Cette interdiction est absolue, sans possibilité de dérogation.
Par ailleurs, les employeurs doivent prendre des mesures spécifiques pour protéger les personnes dites vulnérables, comme les travailleurs âgés de plus de 65 ans, les femmes enceintes, les salariés atteints de maladies chroniques, les personnes en situation de handicap ou sous médicaments altérant la thermorégulation. Un accompagnement par le médecin du travail est fortement recommandé, notamment pour adapter les postes ou aménager les conditions d’intervention.
Outre-mer :
Le guide accorde également une attention particulière aux réalités des territoires d’Outre-mer, où les conditions climatiques – chaleur humide, UV intenses, longue saison chaude – peuvent accentuer les risques.
En Guyane et à Mayotte, par exemple, les travailleurs sont aussi exposés aux maladies vectorielles comme la dengue, le chikungunya ou le paludisme. L’Anses rappelle que ces territoires sont particulièrement vulnérables à l’évolution de ces pathologies liées au changement climatique.
Anticiper pour éviter l’arrêt
Face à des épisodes de chaleur de plus en plus précoces et durables, le guide insiste sur l’importance d’une planification rigoureuse en amont. Pour cela, un outil de rétroplanning a été conçu par le ministère du Travail, la FNTP, l’OPPBTP, l’INRS et la Cnam dans le cadre de la convention nationale 2023-2028 sur la santé au travail dans les travaux publics.
Cet outil permet de structurer les actions de prévention à mettre en œuvre tout au long de l’année, avec une montée en charge progressive à l’approche de l’été.
L’employeur est invité à :
- identifier les tâches critiques nécessitant adaptation ou report,
- obtenir l’accord du client pour aménager les horaires,
- anticiper l’approvisionnement en eau et les équipements adaptés,
- intégrer la gestion des fortes chaleurs dans le DUERP, les plans de prévention et les PGC-SPS.
En cas de vigilance météorologique orange ou rouge, l’entreprise doit réévaluer quotidiennement les conditions de travail. Si les mesures prises ne permettent pas de garantir la sécurité des salariés – par exemple dans le cas de travaux physiques en toiture ou en espaces confinés – l’arrêt des travaux doit être envisagé. La santé des travailleurs reste une priorité absolue.
Consulter ici le Guide de préconisations face aux fortes chaleurs et effets caniculaires sur les chantiers