GUYANE. Le BTP entre rebond et incertitudes en 2024, selon l’IEDOM

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En 2024, le secteur du BTP en Guyane a connu une reprise modérée, portée par des investissements privés dans l’énergie et les infrastructures. Cependant, des tensions subsistent, notamment liées aux retards de la commande publique et aux défis logistiques. La synthèse annuelle de l’IEDOM dresse un bilan contrasté, entre espoirs de relance et fragilités persistantes.

Des projets privés qui tirent la dynamique

L’année 2024 a été marquée par l’essor d’initiatives privées ambitieuses, notamment dans le secteur énergétique. Le chantier de la centrale photovoltaïque de l’Ouest guyanais (CEOG), combinant stockage lithium-ion et hydrogène, constitue à lui seul un investissement de 170 millions d’euros. À cela s’ajoute la centrale biomasse de Sinnamary, issue du pôle scierie et énergie, qui s’apprête à entrer en production. À terme, elle fournira 8 % de l’électricité du territoire.

Ces projets ont généré des commandes, de la sous-traitance locale, et une dynamique sur les importations de biens d’investissement (+5,2 % en valeur, +9,6 % en volume). Côté financement, les crédits à l’investissement ont bondi de 10,2 %, portés en majorité par les entreprises (+14,8 %).

Mais ces impulsions ne profitent pas à tous. Si certaines entreprises parviennent à se positionner, beaucoup restent en marge, faute de visibilité sur la durée ou d’accès au financement. Les petites structures, en particulier, peinent à suivre le rythme imposé par les grandes opérations techniques, et redoutent les effets d’essoufflement une fois les projets livrés.

Des tensions sur la commande publique

En apparence, les carnets de commandes ont retrouvé de la couleur. Pourtant, les professionnels le disent : cette relance repose sur un équilibre instable. Fin 2024, les prévisions d’investissement dans le secteur se replient, tandis que les crédits liés à la construction chutent de 8,1 % sur l’année. Un signal inquiétant pour les mois à venir.

Le nerf de la guerre reste la commande publique. Or celle-ci s’essouffle. Plusieurs collectivités locales affichent des retards de paiement persistants, et certaines peinent à engager les crédits nécessaires au lancement de nouveaux marchés. Dans un contexte budgétaire tendu, beaucoup d’opérateurs publics adoptent une posture d’attente.

Le raccordement électrique de certains projets s’avère également problématique. D’après l’IEDOM, des délais inhabituels ont été signalés, ce qui met en péril la rentabilité de plusieurs chantiers. Sur le terrain, cela se traduit par des constructions terminées, mais non opérationnelles, faute d’infrastructure de raccordement. Une situation qui inquiète les professionnels.

Les professionnels avancent à tâtons

Si l’on observe des signaux encourageants, les chefs d’entreprise ne crient pas victoire. Nombre d’entre eux décrivent une relance « en pointillés », dépendante de quelques projets structurants et encore fragile dans sa diffusion.

La hausse des coûts, même ralentie, reste un facteur de pression. Les entreprises font face à des prix de matériaux encore élevés, à des difficultés logistiques persistantes, et à une incertitude générale qui freine l’initiative. Beaucoup de maîtres d’ouvrage hésitent à s’engager. Résultat : des appels d’offres lancés, mais peu attribués ; des dossiers étudiés, mais reportés.

Sur le plan humain, les tensions se ressentent. Si les effectifs repartent à la hausse, les recrutements restent prudents. Dans certains corps de métier, la pénurie de main-d’œuvre complique la planification. Le recours aux intérimaires est fréquent, mais instable, tandis que les petites entreprises peinent à fidéliser leurs équipes.

2025, entre incertitudes et promesses

Le climat des affaires, mesuré par l’IEDOM, a fléchi dès le premier trimestre 2025. Plusieurs facteurs viennent ternir les perspectives : des tensions commerciales entre l’UE et les États-Unis, des mouvements sociaux dans les ports, et une instabilité politique nationale qui a retardé l’adoption de la loi de finances.

Et pourtant, certains éléments laissent espérer une continuité de l’activité. Des chantiers publics majeurs sont programmés ou en cours : le nouveau pont du Larivot, la cité judiciaire de l’Ouest, ou encore l’hôtel de police de Cayenne. Ces projets pourraient jouer un rôle d’amortisseur si les investissements suivent.

Le spatial aussi revient dans la course. Neuf lancements sont prévus en 2025, un chiffre en nette hausse après deux années creuses. Pour l’économie guyanaise, cela représente des contrats, des prestations techniques et une visibilité internationale renouvelée.

Selon l’IEDOM, « la détente des taux d’intérêt directeurs de la Banque centrale européenne et la baisse relative de l’inflation pourraient nourrir un début de stabilisation en 2025 ». Un espoir que les entreprises veulent saisir, à condition que les freins structurels trouvent enfin des réponses.


BTP Guyane 2024

CONJONCTURE ÉCONOMIQUE – Synthèse annuelle 2024 : L’activité se redresse, mais les signes de fragilité s’accumulent


 

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