Une version enrichie du guide sur les vents cycloniques désormais en vigueur aux ANTILLES

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La réglementation anticyclonique se renforce aux Antilles. Depuis le 25 avril 2025, une nouvelle version du guide d’application des exigences réglementaires est entrée en vigueur. Publiée au Bulletin Officiel du ministère de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, cette édition datée de janvier 2025 remplace celle de juin 2024. Destinée à la Guadeloupe et à la Martinique, elle introduit des obligations techniques supplémentaires pour garantir la résistance des bâtiments face aux vents extrêmes. Ce guide devient ainsi une référence réglementaire incontournable pour les professionnels du BTP, les maîtres d’œuvre, les bureaux d’études et les collectivités ultramarines.

Un document désormais opposable, publié par le ministère

La publication officielle du guide s’inscrit dans le cadre juridique défini par le décret du 23 novembre 2023 et l’arrêté du 5 juillet 2024. Ces textes imposent une prise en compte renforcée du risque de vents cycloniques dans la construction, en particulier pour les territoires exposés comme la Guadeloupe et la Martinique. Le guide est annexé à une décision ministérielle (NOR : ATDL2503710S) du 25 avril 2025. Il est publié au Bulletin Officiel du ministère de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, ce qui lui confère un caractère opposable dans les procédures administratives.

Son champ d’application concerne toutes les opérations soumises à autorisation d’urbanisme en Guadeloupe et Martinique, notamment les constructions neuves, les reconstructions, les extensions importantes, ainsi que les modifications de structures susceptibles de réduire la stabilité face au vent.

Un guide réglementaire co-piloté par le CSTB, la DHUP et les DEAL

Fruit d’un travail piloté par la DHUP, le Cerema, le CSTB et les Directions de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL), le guide s’inscrit dans une stratégie engagée après les ouragans majeurs de 2017. Il vise à prévenir les risques en renforçant la résilience des bâtiments.

La mise à jour 2025 apporte des précisions techniques et de nouvelles exigences, intégrant les retours d’expérience récents et les évolutions des normes. Elle marque également une étape dans la formalisation d’un socle réglementaire adapté aux réalités ultramarines, tout en s’alignant progressivement avec les normes européennes.

 

Des exigences renforcées pour les bâtiments exposés au risque cyclonique

Qui est concerné ?

Le guide s’applique aux bâtiments soumis à permis de construire ou à déclaration préalable dans les deux départements antillais. Il s’applique également aux travaux de reconstruction, d’extension (si l’augmentation de surface ou d’emprise dépasse 20 %) ou de modification structurelle significative (comme la suppression d’un plancher ou l’ajout d’éléments non structuraux dangereux).

Il distingue quatre catégories d’importance de bâtiments (I à IV), selon leur usage, leur fréquentation et leur rôle stratégique. Par exemple, les hôpitaux ou centres de secours relèvent de la catégorie IV, avec des exigences de continuité de service après un cyclone.

Des vitesses de vent de référence précises selon le type de bâtiment

Les valeurs de vent de référence sont fixées en fonction de la catégorie du bâtiment et de la période de retour (25, 50 ou 100 ans). À titre d’exemple, pour un bâtiment de catégorie IV situé en Guadeloupe, la vitesse de vent de référence atteint 42 m/s. Le guide permet de déterminer les pressions dynamiques et les efforts structuraux à prendre en compte dans le dimensionnement.

Deux méthodes de calcul sont proposées :

  • La première repose sur les cartes locales disponibles sur le site georisques.gouv.fr, intégrant les effets d’exposition locale à différentes altitudes.
  • La seconde s’appuie sur l’Eurocode NF EN 1991-1-4, avec des paramètres adaptés aux spécificités antillaises.

Les bâtiments hors périmètre (grands ouvrages, bâtiments très hauts ou atypiques) doivent recourir à des méthodes spécifiques, comme les essais en soufflerie ou la modélisation numérique CFD.

 

Ce que contient le guide : méthodes de calcul, structures et ENS

Méthodes de calcul : deux approches selon la typologie du bâtiment

Le guide propose deux méthodes de calcul des efforts dus au vent cyclonique, dont le choix dépend des caractéristiques du bâtiment et de sa localisation.


 

La méthode 1, dite « simplifiée », est recommandée pour les bâtiments classiques de hauteur inférieure à 50 mètres et de longueur inférieure à 250 mètres. Elle s’appuie sur des cartes d’exposition ce(z) téléchargeables sur le site georisques.gouv.fr, spécifiques à la Guadeloupe et à la Martinique. Ces cartes indiquent les coefficients d’exposition en fonction de la topographie locale et de la hauteur du bâtiment. Par exemple, pour un bâtiment R+1 situé à 10 mètres d’altitude, dans une zone modérément exposée, on peut obtenir un ce(z) de 1,20 à 10 m de hauteur, à intégrer dans le calcul de la pression dynamique.

Cette méthode permet une évaluation simplifiée tout en restant conforme à la réglementation. Elle est particulièrement adaptée aux projets courants comme les maisons individuelles, petits équipements publics ou extensions.


 

La méthode 2 repose sur l’application complète de l’Eurocode NF EN 1991-1-4, avec les annexes nationales adaptées aux Antilles. Elle est utilisée dans les cas suivants :

  • bâtiments très hauts ou très longs (au-delà des seuils de la méthode 1),
  • implantations dans des zones non couvertes par les cartes ce(z),
  • projets aux formes complexes ou géométrie atypique,
  • volonté de précision accrue dans l’évaluation des efforts de vent.

Cette méthode mobilise une approche plus technique, avec interprétation détaillée des paramètres d’exposition, de rugosité, et de pression. Elle peut être complétée, dans les cas les plus sensibles, par des essais en soufflerie ou des modélisations CFD (computational fluid dynamics), notamment pour les grands ouvrages stratégiques ou les bâtiments sensibles de catégorie IV.


 

Structure des bâtiments : efforts horizontaux, assemblages, auvents

Le guide impose un dimensionnement en état limite ultime (ELU) avec intégration d’un coefficient de sur-résistance γSR de 1,5. Les assemblages, fixations et ancrages doivent être dimensionnés pour résister aux efforts maximaux induits par le vent cyclonique.

Une nouveauté majeure de la version 2025 est l’ajout d’un chapitre dédié aux balcons, coursives et auvents. Ces éléments sont souvent vulnérables lors des cyclones. Le guide introduit des coefficients spécifiques (cp,net), des zones de façade différenciées, et des recommandations précises pour leur ancrage.

Éléments non structuraux : éviter les effets projectiles

Les éléments non structuraux (ENS) – comme les bardages, menuiseries, panneaux solaires, systèmes d’isolation extérieure (ETICS), chauffe-eaux – font l’objet d’une attention particulière. Leur arrachement ou leur envol peut transformer des objets légers en projectiles dangereux.

Le guide impose la prise en compte du type de protection mis en œuvre (volets, fixations renforcées) avec un impact sur les coefficients de pression. Les fenêtres et portes doivent subir des essais de résistance aux chocs selon un protocole standardisé : impacteur bois de 4 kg à des vitesses comprises entre 15 m/s et 24 m/s selon la catégorie du bâtiment.

Les systèmes ETICS doivent désormais être fixés mécaniquement, avec chevauchement des armatures. Les panneaux solaires doivent être posés sur des châssis inclinés ou intégrés à la toiture, et les chauffe-eaux solaires être dimensionnés pour résister à l’arrachement.

 

Une version 2025 enrichie : ce qu’elle apporte de nouveau

Nouveaux chapitres ajoutés au guide

Le guide de janvier 2025 introduit deux chapitres inédits absents de la version précédente :

  • Un chapitre sur les balcons et coursives, avec définition des zones exposées, calculs de pression, et recommandations de conception.
  • Un chapitre dédié aux ENS spécifiques : systèmes ETICS, panneaux solaires thermiques ou photovoltaïques, et chauffe-eaux solaires. Il précise les exigences de conception, d’essai, et d’installation de ces équipements particulièrement vulnérables au vent.

Un texte de référence pour les maîtres d’ouvrage antillais

Ce guide constitue un document de référence indispensable pour toute opération de construction ou de réhabilitation en zone exposée au risque cyclonique. Il permet aux maîtres d’ouvrage de sécuriser leurs projets dès la phase de conception, de satisfaire aux obligations réglementaires lors des demandes d’autorisation, et de guider les entreprises et artisans en phase chantier.

Il marque aussi une volonté de convergence vers les exigences européennes, tout en tenant compte des spécificités locales et des réalités du terrain antillais.

 

Un guide à consulter pour toute construction exposée

Avec cette mise à jour, l’État renforce les exigences techniques pour sécuriser les bâtiments face aux cyclones tropicaux violents. Le guide de janvier 2025 devient ainsi un outil essentiel pour les acteurs du BTP en Guadeloupe et en Martinique.


Téléchargez les documents officiels :


 

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