Travaux Publics : l’été 2025 marque un coup d’arrêt

0
Travaux Publics

En plein cœur de l’été, la Fédération nationale des Travaux Publics (FNTP) constate un ralentissement inédit de l’activité. Dans son bulletin de conjoncture d’août 2025, l’organisation parle d’un « coup de frein estival » et évoque une croissance cumulée depuis janvier « ramenée à 0 % à fin août », après un premier semestre encore positif à +2 %. Ce repli interroge : simple pause saisonnière ou début d’un nouveau cycle de stagnation pour les Travaux Publics ?

L’été du tassement

L’activité des Travaux Publics, stable par rapport à juillet (+0,9 %), affiche une baisse de –1,7 % sur un an, marquant un troisième mois consécutif de recul. Les facturations estivales chutent de 3 % comparées à 2024, effaçant le rebond d’activité observé au printemps.

Autrement dit, la croissance, encore soutenue au premier semestre, s’est totalement essoufflée durant l’été. Un scénario rare à la veille des élections municipales, période où les collectivités ont historiquement tendance à accélérer leurs investissements locaux. Cette fois, le moteur public semble grippé.

Marchés conclus : la commande publique s’essouffle

Les chiffres confirment le ralentissement des commandes. Les marchés conclus se contractent de 6,3 % depuis janvier et de 4,5 % sur les trois mois d’été par rapport à 2024.

Dans son rapport, la FNTP note que « leurs perspectives de reprise restent limitées », dans un contexte de commande publique atone, de fortes incertitudes économiques et d’échéances municipales proches.

Les entreprises, en attente de décisions budgétaires, reportent ou étalent leurs programmes de travaux. Ce climat d’attentisme pèse sur la trésorerie des PME et des ETI, qui peinent à maintenir leurs niveaux d’activité et de planification.

Heures et emploi : les premiers signes de tension

L’impact social suit la même tendance. Les heures travaillées stagnent (+0 % depuis janvier), mais reculent de 2 % pendant l’été. Les heures intérimaires chutent de 3,1 %, tandis que les effectifs ouvriers diminuent de 0,8 %.

Une évolution modérée mais significative : elle prolonge un mouvement amorcé dès 2022, traduisant l’ajustement progressif des entreprises face au ralentissement des chantiers.

Derrière ces chiffres, un constat : les sociétés de travaux publics privilégient la prudence et ajustent leurs effectifs permanents pour éviter un retour brutal des difficultés d’emploi connues après la crise sanitaire.

Prix et indexation : stabilité, mais pas relance

L’index général TP01, qui mesure l’évolution des prix des travaux, recule légèrement : –0,8 % depuis janvier et –1,1 % sur douze mois glissants. Cette stabilité apparente masque une réalité moins encourageante.

Les prix ne progressent plus, non pas en raison d’un allègement des coûts, mais parce que les volumes d’activité se contractent. Le marché s’équilibre par le bas, dans une logique d’attente généralisée où les donneurs d’ordre temporisent et les entreprises cherchent à préserver leurs marges.

La fin d’un cycle ?

La FNTP s’interroge : le ralentissement de l’été traduit-il une simple pause, ou bien « la fin d’un cycle de croissance pour le secteur » ? Les signes de repli sur les commandes, les heures et les effectifs laissent penser à une phase de transition.

Le secteur, porté depuis 2021 par les plans de relance et la reprise post-crise, semble atteindre un palier. À la différence des cycles précédents, la prudence budgétaire des collectivités, conjuguée à l’inflation et à la remontée des taux, limite désormais les marges de manœuvre.

L’attente des élections municipales de 2026 pourrait prolonger cette inertie encore quelques mois.

Outre-mer : vigilance accrue sur la commande publique

Dans les territoires ultramarins, cette tendance pourrait avoir des effets différés mais amplifiés. Les marchés locaux, plus dépendants des financements publics, risquent d’être les premiers touchés par un ralentissement national.

Le gel ou le report de certains investissements structurants pourrait peser sur l’emploi et la dynamique des filières locales du BTP. La vigilance est donc de mise pour anticiper l’impact de cette phase de transition sur les programmes en cours et les grands chantiers à venir.


Travaux Publics

Consulter le bulletin mensuel de conjoncture – Août 2025 de la FNTP ici.


 

Entre stagnation de l’activité, baisse des commandes et prudence électorale, l’été 2025 marque un tournant pour les Travaux Publics. Après plusieurs années de reprise soutenue, la filière entre dans une période d’attente où la commande publique redeviendra l’indicateur clé à surveiller. Reste à savoir si le prochain cycle municipal relancera durablement la dynamique… ou confirmera un repli plus structurel.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici