Solaire thermique individuel : un marché en chute libre face aux objectifs énergétiques !

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En 2024, le marché français du solaire thermique individuel a brutalement reculé de 43 %, selon l’étude Observ’ER 2025. Après trois années de relative stabilité, la filière retourne à ses niveaux de 2020. Cette contraction massive, qui touche tous les segments, illustre la fragilité du secteur et l’écart grandissant avec les ambitions climatiques fixées par la France pour 2030 et 2035.

Un repli général après une phase de reprise

Le constat est sévère : avec 55 295 m² de capteurs installés en métropole en 2024, le marché est revenu à un volume équivalent à celui observé en 2020. La dynamique enclenchée entre 2021 et 2023, où les ventes oscillaient entre 90 000 et 96 000 m², a été balayée en une seule année.

Cette chute s’inscrit dans un mouvement plus large, qui a affecté d’autres filières d’équipements renouvelables thermiques destinés aux ménages. Les pompes à chaleur air-eau reculent de 40 % et les chaudières à bois de 43 %, preuve que la morosité économique a pesé sur l’ensemble des investissements énergétiques des particuliers.

Des segments tous fragilisés

Le marché des chauffe-eau solaires individuels classiques (CESI) a perdu 36 % de ses volumes en un an, passant de près de 29 000 m² en 2023 à 18 500 m² en 2024.

Le rapport souligne qu’« après trois bonnes années, avec des surfaces comprises entre 28 000 et 30 500 m², le marché est revenu à des niveaux similaires à ceux de la période précédente ».

Les systèmes auto-stockeurs, qui avaient pourtant connu une progression rapide depuis leur introduction en 2020, ont été les plus durement touchés : −56 %. En sortant du dispositif MaPrimeRénov’ en septembre 2024, ces équipements ont vu leurs ventes divisées par deux, tombant à 12 935 m².

Les systèmes solaires combinés (SSC), capables de produire à la fois de l’eau chaude sanitaire et du chauffage, résistent un peu mieux mais enregistrent tout de même une baisse de 16 % (18 260 m²).

Enfin, les capteurs hybrides PVT/eau s’effondrent de 67 %, avec seulement 5 600 m² installés, tandis que le PVT/air a disparu du marché.

Des politiques publiques déstabilisantes

La filière ne subit pas seulement les effets de la conjoncture. Elle souffre aussi d’un environnement réglementaire instable. L’arrêt brutal du soutien à certaines technologies via MaPrimeRénov’ a eu des conséquences directes.

Les auto-stockeurs, premiers bénéficiaires de cette aide, ont perdu en attractivité dès leur sortie du dispositif. De même, le retrait des capteurs PVT/air du même mécanisme en 2020 a accéléré leur disparition. Ces changements rapides brouillent les repères des installateurs comme des consommateurs et fragilisent les stratégies industrielles.

La France décroche au niveau européen

Au sein de l’Union européenne, la France occupe désormais la 4ᵉ place du marché avec 125 265 m² installés en 2024, derrière la Grèce (343 500 m²), l’Allemagne (161 500 m²) et l’Italie (156 500 m²).

L’ensemble du marché européen connaît une tendance baissière : depuis 2008, les surfaces installées ont chuté de 73 %, passant de 4,62 millions de m² à 1,24 million en 2024. L’Allemagne, autrefois locomotive avec près de 2 millions de m² en 2008, est tombée sous les 200 000 m².

Des objectifs climatiques hors de portée

La trajectoire française apparaît désormais largement hors phase avec ses ambitions. La Stratégie nationale pour l’énergie et le climat fixe un objectif de 6 TWh de chaleur solaire thermique en 2030 et 10 TWh en 2035.

Or, la production 2024 s’élève à seulement 1,64 TWh. Le rapport est clair : « le secteur du solaire thermique n’est donc définitivement pas en phase avec les objectifs de la Stratégie française pour l’énergie et le climat ».

Pour rattraper le retard, il faudrait tripler le marché du résidentiel individuel, atteindre 100 000 m²/an dans l’habitat collectif et le tertiaire, et viser 1 million de m²/an pour les grandes installations industrielles et réseaux de chaleur. Autant dire un changement d’échelle radical.


solaire thermique

Consulter ici le suivi du marché 2024 des applications solaires thermiques individuelles – publié en JUILLET 2025


 

Le solaire thermique individuel traverse une phase critique. Après une croissance encourageante entre 2021 et 2023, l’année 2024 marque un point d’arrêt brutal. La combinaison d’une conjoncture défavorable et d’aides publiques instables place la filière en décalage complet avec les ambitions nationales. Sans une stratégie claire et cohérente, le risque est grand de voir cette technologie, pourtant adaptée aux besoins résidentiels et aux spécificités ultramarines, rester marginale dans la transition énergétique française.

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