
Filiale d’Action Logement, SIKOA SA HLM de la Guadeloupe s’impose aujourd’hui comme un acteur central de la mutation du logement social dans l’archipel. Avec un parc d’environ 7 000 logements, l’organisme engage un programme d’envergure : 700 millions d’euros sur dix ans, répartis à parts égales entre réhabilitation et construction neuve. Dans un entretien accordé à EWAG, son directeur général Nicolas Gigot détaille une stratégie territoriale ambitieuse, pensée pour conjuguer transition démographique, sobriété énergétique et résilience urbaine.
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Adapter le logement social à une Guadeloupe qui change
La Guadeloupe vieillit, mais son nombre de ménages augmente. Selon les chiffres cités par Nicolas Gigot, l’archipel compte environ 1 000 ménages supplémentaires chaque année, soit autant de besoins nouveaux en logements. « Si la population vieillit et perd des habitants, elle gagne en nombre de foyers », observe-t-il.
Dans le même temps, plus de 10 % des locataires de SIKOA ont 75 ans et plus, et la moitié des ménages ne compte qu’une seule personne, alors que 40 % du parc se compose encore d’appartements de type F4 et au-delà.
Cette évolution impose de repenser la typologie des logements. SIKOA veut produire des habitations plus petites, plus fonctionnelles et mieux adaptées aux seniors comme aux jeunes actifs. L’objectif est d’offrir des logements abordables et accessibles, tout en répondant aux nouveaux modes de vie.
Un plan d’investissement massif pour réhabiliter et construire
« Sur 7 000 logements, la moitié est à réhabiliter d’ici dix ans », annonce le directeur général. À travers ce programme, SIKOA entend moderniser 3 500 logements existants et construire autant d’unités neuves. Ce chantier colossal représente 700 millions d’euros d’investissements, une enveloppe qui bénéficiera largement à l’économie locale.
Une telle mobilisation de fonds, répartie sur dix ans, irrigue l’ensemble de la filière du bâtiment guadeloupéenne : des bureaux d’études aux artisans, en passant par les entreprises de gros œuvre et les fabricants de matériaux.
Ce programme d’ampleur devrait ainsi stimuler l’emploi local et renforcer les compétences techniques dans la rénovation énergétique et la construction bas carbone. Pour SIKOA, l’enjeu est aussi de garantir la continuité de l’activité du BTP sur le long terme, dans un contexte où les marchés publics se raréfient.
L’opérateur inscrit son action dans une logique d’aménagement cohérente avec les politiques locales du logement et de la transition écologique, en lien avec les communes, la Région et l’État. « Notre utilité sociale est de proposer un cadre de vie et une qualité de service optimale à nos locataires », explique Nicolas Gigot. L’organisme, parfois propriétaire majoritaire dans certains quartiers, revendique aussi une responsabilité urbaine.
Chaque projet intègre désormais une réflexion sur le stationnement, les mobilités douces, la gestion des eaux pluviales, la lutte contre les îlots de chaleur et la maîtrise des consommations électriques.
Repenser l’habitat autour du confort climatique et de l’énergie
Le bailleur s’inscrit résolument dans une logique bioclimatique, adaptée aux réalités tropicales. « Pour éviter le recours à la climatisation, nous travaillons sur des logements traversants, équipés de brasseurs d’air performants », souligne Nicolas Gigot. L’orientation des bâtiments, la ventilation naturelle, le choix de matériaux durables et la protection solaire des façades font désormais partie intégrante de la conception.
Cette approche permet de réduire de 30 à 40 % les besoins de climatisation, tout en améliorant le confort thermique des habitants. La stratégie énergétique s’appuie aussi sur l’installation de panneaux photovoltaïques en autoconsommation, destinés à produire une partie de l’électricité nécessaire aux parties communes et à réduire les charges des locataires.
La dimension environnementale s’étend à la gestion de l’eau et à la biodiversité urbaine. SIKOA intègre la récupération des eaux pluviales, la plantation d’espèces endémiques et la création d’espaces verts favorisant la régulation thermique.
L’objectif est clair : faire des ensembles résidentiels des espaces de vie sobres, résilients et agréables, où la nature retrouve sa place dans la ville.
L’écoquartier de la Gabarre, vitrine d’un modèle renouvelé
Véritable laboratoire de cette transformation, l’écoquartier de la Gabarre, à Pointe-à-Pitre, est présenté par le directeur général comme le « vaisseau amiral » de la stratégie SIKOA. Conçu pour conjuguer mixité sociale, innovation urbaine et résilience environnementale, ce site accueillera aussi le futur siège social de SIKOA, rapprochant ainsi la gouvernance de ses locataires et de ses opérations.
Nicolas Gigot se dit confiant : « J’ai l’optimisme de l’action ». Fort de cinquante années d’existence, SIKOA revendique son rôle historique dans le logement social guadeloupéen et entend continuer à innover pour répondre aux défis du territoire.
Source : EWAG








