Dans le secteur du bâtiment, la question de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ne se limite pas aux enjeux environnementaux. Elle touche aussi directement la qualité de vie au travail et la fidélisation des salariés, dans un contexte où la main-d’œuvre qualifiée est de plus en plus convoitée. Les avantages sociaux, qu’ils soient obligatoires ou facultatifs, constituent un socle essentiel qui participe à la performance et à l’image responsable des entreprises du BTP.
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Un socle conventionnel qui structure la branche
Le bâtiment dispose de dispositifs obligatoires qui dessinent une base solide de protection sociale. Parmi eux, les indemnités de petits déplacements compensent les frais quotidiens liés au travail sur chantier, avec des montants fixés au niveau régional ou départemental.
À cela s’ajoute la garantie de classement : un ouvrier titulaire d’un brevet professionnel est par exemple assuré d’être rémunéré au minimum au coefficient niveau 3, position 1.
Les salariés bénéficient également d’une prime de vacances équivalente à 30 % de l’indemnité de congés payés, versée par les caisses de congés. Des avantages d’ancienneté viennent compléter ce dispositif : indemnité supplémentaire pour les ouvriers, jours de congés additionnels pour les ETAM et cadres.
Enfin, la santé et la prévoyance constituent un pilier incontournable. En cas de maladie, les ouvriers peuvent percevoir des indemnités journalières à hauteur de 75 % du salaire de base, montant porté à 85 % lorsque des options complémentaires sont souscrites.
Les dispositifs incluent aussi le maintien de salaire pendant le congé maternité et le versement de forfaits spécifiques : 309 € pour la parentalité et 1 206 € pour l’accouchement en 2024.
Ces mesures, inscrites dans les accords de branche, offrent aux salariés du BTP une sécurité renforcée par rapport au régime général, mais elles traduisent aussi la volonté de la profession d’instaurer un cadre stable et protecteur.
Les dispositifs facultatifs, un terrain d’innovation sociale
Au-delà de ce socle, les entreprises disposent d’une marge de manœuvre pour mettre en place des avantages supplémentaires. Les chèques vacances, par exemple, sont accessibles aux structures de moins de 50 salariés dépourvues de CSE.
Ce dispositif, simplifié par l’accord BTP du 4 mai 2011, permet de financer une partie des dépenses liées aux vacances — transport, hébergement, repas ou loisirs — tout en bénéficiant d’exonérations sociales et fiscales.
D’autres outils existent : titres-restaurant, chèques-cadeaux, mais aussi dispositifs d’épargne salariale et d’intéressement. L’accord du 15 mars 2018, conclu à durée indéterminée, offre une formule simplifiée d’intéressement.
Les entreprises de moins de 50 salariés peuvent y adhérer par décision unilatérale, tandis que celles de plus grande taille doivent conclure un accord interne. La répartition se fait par défaut au prorata du salaire, mais les critères peuvent être adaptés aux choix de l’entreprise.
Les primes versées peuvent être touchées immédiatement ou placées sur un plan d’épargne entreprise ou interentreprises (PIBTP) afin de bénéficier d’exonérations fiscales.
Le PIBTP, prévu sur un horizon de cinq ans, est alimenté par les versements volontaires des salariés et l’abondement éventuel de l’employeur. Il combine simplicité d’adhésion, avantages fiscaux et possibilités de déblocage anticipé.
Autant de mécanismes qui transforment l’épargne salariale en un outil gagnant-gagnant, valorisant l’implication des salariés tout en optimisant la gestion sociale et fiscale de l’entreprise.
Quand les avantages sociaux deviennent une stratégie RSE
Ces dispositifs ne doivent pas être vus comme de simples compléments de rémunération. Ils s’inscrivent dans une démarche plus globale où la qualité de vie au travail, l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, et la santé des salariés deviennent des leviers de performance.
En contribuant au bien-être des salariés, les avantages sociaux renforcent la productivité et fidélisent les équipes. Ils améliorent aussi l’attractivité des entreprises du bâtiment auprès des jeunes générations, sensibles à l’idée que l’entreprise puisse accompagner leurs projets de vie au-delà du seul cadre professionnel.
Dans un secteur où la pénurie de main-d’œuvre qualifiée est un enjeu structurel, ces dispositifs se révèlent être de puissants atouts concurrentiels.
Ainsi, intégrer les avantages sociaux dans la stratégie RSE revient à considérer qu’une entreprise du BTP n’est pas seulement un employeur, mais aussi un acteur sociétal qui contribue au développement de ses salariés et de son territoire.
Le cas Dupouy Mon Charpentier : un pacte social réinventé
L’exemple de l’entreprise Dupouy Mon Charpentier, dans les Landes, illustre cette philosophie. Son gérant, Lionel Barberis, a choisi de reverser 20 % des bénéfices à ses salariés.
Concrètement, dans une PME réalisant 200 000 € de bénéfice, ce sont 40 000 € redistribués. Pour un salarié, cela peut représenter l’équivalent d’un 13ᵉ mois. Plus qu’un outil de fidélisation, c’est un signal fort : la richesse créée par l’entreprise est partagée équitablement.
L’entreprise accompagne également ses salariés dans leurs projets de logement, enjeu crucial dans de nombreuses régions et particulièrement sensible dans les Outre-mer où l’accès au logement est l’un des principaux freins à l’emploi.
Mise à disposition de bois à prix réduit, accès aux machines, utilisation des engins de levage le week-end : ces mesures concrètes montrent comment une PME peut s’impliquer directement dans la vie personnelle de ses collaborateurs.
Au-delà de l’anecdote, cette démarche incarne un retour à l’esprit du pacte social : l’entreprise n’est pas seulement un lieu de production, mais aussi un cadre où se construisent des projets de vie. C’est une vision qui rejoint pleinement les objectifs de la RSE et qui donne au BTP une image d’acteur engagé au service de son territoire.
Les avantages sociaux du BTP dépassent le cadre conventionnel : ils traduisent une vision stratégique qui place le salarié au cœur de la performance et de la responsabilité sociétale. Entre obligations de branche, innovations facultatives et initiatives d’entrepreneurs engagés, ces dispositifs construisent un environnement de travail plus juste et attractif. Ils contribuent à différencier les entreprises du secteur et à renforcer leur rôle d’acteurs responsables, au service de leurs salariés comme de leur territoire.