Résilience climatique : quels référentiels pour mieux construire en OUTRE-MER ?

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Face à la multiplication des aléas naturels dans les territoires ultramarins, la résilience du bâti devient un enjeu central. Pour accompagner cette dynamique, la Mission Risques Naturels (MRN) a actualisé en juillet 2025 son Répertoire des référentiels de résilience du bâti aux aléas naturels. Cette nouvelle édition, élaborée sous l’égide de France Assureurs, intègre des référentiels spécifiques pour renforcer la résilience des constructions, qu’elles soient neuves ou existantes.

Un outil national pour une réponse territorialisée

Conçu pour être utilisable par l’ensemble des acteurs de la construction, le Répertoire de la MRN recense des guides, cahiers techniques, normes, arrêtés et recommandations classés par type d’aléa. L’objectif est d’améliorer la résilience des constructions face aux aléas naturels, qu’il s’agisse de bâtiments neufs ou existants.

En 2025, l’édition du répertoire a été enrichie et restructurée pour gagner en lisibilité, avec une attention particulière portée aux territoires les plus exposés — dont les Outre-mer.

Ce travail s’appuie sur l’expertise d’un groupe de travail interdisciplinaire réunissant notamment la FFB, la Fedea, l’AFPCNT, des scientifiques, et les assureurs membres de France Assureurs. Les référentiels validés concernent l’ensemble du cycle de vie du bâtiment : diagnostic, prévention (en construction neuve ou sur bâti existant) et réparation post-événement.

Séismes, cyclones, canicule… des risques cumulés dans les Outre-mer, quels référentiels associés ?

Les départements et collectivités d’Outre-mer sont exposés à une pluralité d’aléas d’intensité élevée, parfois concomitants.

Le Répertoire 2025 intègre ainsi un ensemble de documents spécifiquement adaptés à ces contextes géographiques et environnementaux.

Séismes : des obligations renforcées en zone 5

La Guadeloupe et la Martinique sont classées en zone de sismicité très forte (zone 5), tandis que La Réunion, Mayotte et la Polynésie française sont situées en zone 4. Dans ces régions, la réglementation impose des mesures strictes pour les constructions neuves, mais les bâtiments anciens, antérieurs aux obligations parasismiques (pré-1991), restent particulièrement vulnérables.

Pour y répondre, le répertoire intègre plusieurs documents clés :

  • L’arrêté du 26 mars 2024, désormais intégré au FPRNM, établit une liste officielle des types de travaux de réduction de la vulnérabilité sismique éligibles aux subventions publiques, à condition qu’un diagnostic préalable ait été réalisé. Il cible les maisons individuelles et certains bâtiments professionnels.
  • Les Cahiers techniques n°46, n°47, n°48, n°49 (AFPS / DGPR) proposent une méthodologie graduée, de l’évaluation initiale jusqu’à la hiérarchisation des travaux à réaliser. Ils distinguent les cas des bâtiments en zone 4 et ceux en zone 5, et fournissent des recommandations techniques par type de structure (béton, maçonnerie, bois).
  • Le Guide de diagnostic et de renforcement du bâti existant face au séisme (AFPS, 2013) complète ces documents par une approche compatible avec l’Eurocode 8, notamment pour les bâtiments construits sans dispositions parasismiques initiales.

Ces référentiels permettent d’agir sur des points critiques : chaînages, murs porteurs, planchers, toitures, ouvertures. Leur application nécessite souvent l’intervention d’un bureau d’études spécialisé.

Cyclones : guides structurants pour les Antilles

Les cyclones affectent principalement les Antilles françaises et l’Océan Indien, avec des vents pouvant dépasser les 250 km/h, des précipitations intenses et une forte pression sur les toitures et les structures légères. Le répertoire 2025 intègre deux guides techniques récents, publiés en 2024 par le ministère de la Transition écologique, spécifiquement conçus pour : La Guadeloupe et la Martinique

Ces documents couvrent l’ensemble des composants sensibles d’une maison individuelle face aux vents extrêmes :

  • choix des fixations mécaniques de toiture et des ancrages mur-toiture ;
  • renforcement des menuiseries et occultations extérieures ;
  • disposition des chaînages verticaux et horizontaux pour assurer la stabilité globale ;
  • mise en œuvre de protections contre les objets projetés.

Un autre guide, plus ancien mais toujours d’actualité, est également référencé : le Guide parasismique et paracyclonique pour les maisons en bois aux Antilles (AFPS, 2011). Il complète les précédents en détaillant les dispositions spécifiques aux structures bois, très répandues dans l’habitat antillais, notamment pour leur souplesse et leur légèreté.

Le caractère non réglementaire de ces documents ne remet pas en cause leur usage : ils sont considérés comme des référentiels de bonne pratique, notamment lorsqu’aucune norme n’existe pour certains éléments ou zones. En l’absence d’un cadre normatif clair sur l’aléa cyclonique, ces guides constituent des appuis indispensables pour les maîtres d’œuvre.

Canicule et chaleur tropicale : l’adaptation des bâtiments agricoles

Si le risque de canicule est traditionnellement associé à la métropole, les bâtiments situés dans les zones tropicales humides (Réunion, Mayotte, Guyane, Antilles) sont également confrontés à des épisodes de chaleur prolongée et d’humidité élevée, affectant le confort des occupants et le bon fonctionnement des exploitations agricoles.

L’édition 2025 du répertoire intègre pour la première fois des fiches pratiques élaborées dans le cadre du programme Ecophyto, ciblant spécifiquement les bâtiments agricoles : étables, serres, hangars, bâtiments d’élevage ou de transformation. Ces fiches recommandent :

  • une orientation des bâtiments selon les vents dominants ;
  • l’ajout de protections solaires (ombrage, auvents, végétalisation) ;
  • le recours à la ventilation naturelle traversante plutôt qu’à des solutions mécaniques coûteuses ;
  • l’emploi de matériaux à forte inertie thermique ou à faible émission de chaleur.

Ces mesures contribuent non seulement à préserver le bien-être animal et les rendements agricoles, mais aussi à réduire la consommation énergétique, en cohérence avec les objectifs de sobriété du secteur.

Une méthode par étapes pour renforcer les bâtiments

Le répertoire ne se limite pas à un simple inventaire de documents. Il propose aussi une méthode structurée d’usage :

  1. Évaluer les aléas auxquels le bâtiment est exposé : via le portail Géorisques ou les PPR (Plans de prévention des risques).
  2. Réaliser un diagnostic du bâti : pour identifier les vulnérabilités existantes et les travaux nécessaires.
  3. Choisir les référentiels adaptés : selon la nature des travaux (construction neuve, rénovation, adaptation) et l’aléa ciblé.
  4. Mettre en œuvre les mesures : en suivant les prescriptions techniques, et en contrôlant leur exécution avec des certifications ou des audits adaptés.

Cette approche est particulièrement utile pour les maîtres d’ouvrage publics, les communes, les bailleurs sociaux, les exploitants agricoles, mais aussi pour les artisans et les entreprises de construction intervenant dans les DOM-COM.


Consulter ici les RÉFÉRENTIELS DE RÉSILIENCE DU BÂTI AUX ALÉAS NATURELS – ÉDITION JUILLET 2025


À consulter :


Le répertoire 2025 constitue un socle commun pour orienter les choix techniques, rationaliser les interventions et sécuriser les projets de construction dans une logique d’adaptation durable. Son actualisation semestrielle permettra de suivre l’évolution des connaissances, des normes et des outils disponibles.

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