Réduire la consommation des bâtiments tertiaires en Outre-mer : la méthode FORMACLIM

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Formaclim

Dans les territoires ultramarins, la climatisation occupe une place centrale dans le fonctionnement des bâtiments tertiaires. À La Réunion, elle représente à elle seule entre 50 % et 70 % de la consommation énergétique de ce secteur. Un poids lourd énergétique, devenu un enjeu majeur à l’heure où le décret tertiaire impose des réductions drastiques des consommations.

Pourtant, malgré des investissements importants dans les équipements, les performances ne sont pas toujours au rendez-vous. Pourquoi ? Parce que trois erreurs techniques et structurelles, récurrentes et bien identifiées, continuent de compromettre l’efficacité des installations. Le projet Formaclim, soutenu par l’ADEME et le programme OMBREE 2, propose une réponse ciblée à ces défaillances, à travers un programme de formations conçu pour les réalités du terrain ultramarin.

Le piège du surdimensionnement : trop de puissance, trop de pertes

Dans la grande majorité des installations à eau glacée, les groupes de production sont largement surdimensionnés. Parfois d’un facteur deux, voire trois. Derrière cette habitude, un réflexe : celui de vouloir garantir un confort maximal, même en conditions extrêmes.

Or, cette surpuissance entraîne des effets pervers : les groupes fonctionnent à bas régime, avec des rendements fortement dégradés, et une régulation difficile à stabiliser. Le gaspillage énergétique s’installe dès la mise en service.

Cette situation n’est pas propre à un territoire : elle est observée en Guadeloupe comme en Nouvelle-Calédonie, en Martinique comme à Wallis-et-Futuna. Et jusqu’à récemment, peu d’acteurs percevaient l’ampleur de ses impacts.

C’est justement pour corriger cette méconnaissance que Formaclim propose une formation dédiée aux concepteurs d’installations, avec en appui un outil d’aide au dimensionnement. Objectif : réapprendre à calibrer juste, ni trop, ni trop peu, et intégrer une logique de performance dès la conception.

Réseaux déséquilibrés : l’inconfort invisible mais persistant

Une autre source de mauvaise performance, plus insidieuse encore, concerne l’équilibrage hydraulique des réseaux d’eau glacée. Quand une partie du bâtiment est mal irriguée, les occupants se plaignent de la chaleur… et la première réaction est souvent d’augmenter la puissance ou de remettre en cause le groupe froid.

En réalité, dans la plupart des cas, le problème vient du réseau lui-même : un mauvais équilibrage provoque des zones froides et chaudes, une distribution anarchique, et des difficultés croissantes à mesure que l’on cherche à optimiser les débits pour réduire la consommation.

Or, équilibrer un réseau hydraulique est une opération délicate, souvent négligée faute de compétences spécifiques sur le terrain. C’est tout l’enjeu du deuxième volet de Formaclim, qui s’adresse aux prestataires en climatisation et aux bureaux d’étude.

Les participants bénéficieront d’un accompagnement par un expert externe reconnu, et surtout de mises en situation pratiques, sur réseaux à débit fixe ou variable. Une compétence rare, qui pourrait devenir déterminante dans les DROM, où les installations vieillissantes exigent des solutions fines et adaptées.

Gouvernance énergétique : quand les décisions échappent aux maîtres d’ouvrage

Le dernier frein identifié n’est pas technique, mais organisationnel. Trop souvent, la gestion énergétique des sites tertiaires est entièrement déléguée aux prestataires de maintenance. Résultat : aucune stratégie globale, peu de pilotage, et des usages parfois incohérents.

L’exemple le plus parlant reste celui de la climatisation qui fonctionne 24h/24, même la nuit, même en hiver. Une absurdité énergétique qui, malgré la présence fréquente d’outils de suivi (GTC, comptage), continue d’exister, faute d’acteurs formés pour les exploiter.

Formaclim souhaite donc redonner la main aux maîtres d’ouvrage eux-mêmes. Le troisième module leur est destiné, avec une approche progressive : bases techniques pour comprendre les enjeux, points de vigilance opérationnels, et surtout accompagnement sur le suivi énergétique, afin de les aider à reprendre le contrôle sur les usages.

L’enjeu dépasse la climatisation : c’est toute la gouvernance énergétique des bâtiments tertiaires qui est visée.

Une approche pensée pour les Outre-mer

Le projet Formaclim n’a rien d’un programme hors-sol. Il s’inscrit au contraire dans une approche territorialisée, construite à partir des retours d’expérience concrets observés dans les territoires ultramarins.

Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Martinique, Mayotte, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Saint-Pierre-et-Miquelon, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis-et-Futuna…

Tous sont concernés, avec leurs spécificités climatiques, techniques et humaines. Porté par l’INSET, piloté par le FMDE, Formaclim est soutenu financièrement par l’ADEME et le programme OMBREE 2 pour sa phase préliminaire.

L’ambition est claire : bâtir un dispositif de formation durable, enraciné dans les besoins du terrain, capable de faire émerger une culture de la performance énergétique dans le secteur tertiaire ultramarin.

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