Le 28 février 2025, le cyclone Garance a traversé La Réunion en produisant des pluies d’une intensité exceptionnelle. En quelques heures, certains secteurs du Nord et de l’Ouest ont enregistré des cumuls atteignant des niveaux statistiquement rares, parfois équivalents à des périodes de retour centennales, voire millénales. À la demande de la DEAL, le Cerema publie aujourd’hui une première analyse technique issue de sa campagne de terrain.
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Des intensités courtes parmi les plus fortes observées
Selon les premières données analysées, Garance a provoqué des cumuls horaires dépassant localement 80 à 120 mm/h. Sur des durées de 1 à 3 heures, plusieurs bassins ont atteint des niveaux supérieurs à 500 ans de période de retour, avec des pics dépassant ponctuellement le millénaire. Cette concentration extrême sur de courtes durées explique la brutalité des crues et la rapidité des débordements.
Trois bassins particulièrement marqués
LLes premiers constats montrent que chaque bassin a réagi selon sa géométrie, son urbanisation et sa capacité à absorber les matériaux charriés.
Dans le bassin du Butor, très urbanisé, les débordements ont été précoces, alimentés par la convergence de plusieurs affluents et des ruissellements latéraux importants. La faible hauteur des digues dans certains secteurs et la présence d’obstacles ont accentué les surverses, entraînant des érosions de berge qui ont fragilisé plusieurs habitations en extrados de méandre.
À Patates à Durand, la dynamique a été différente : la vaste zone de dépôt amont — déjà identifiée comme un piège à sédiments — a stocké une grande partie des blocs, galets et bois morts. Bien qu’efficace, cette zone a quasiment atteint sa capacité maximale lors de la crue, soulignant la nécessité d’un curage avant la prochaine saison cyclonique.
Sur la Rivière des Pluies, les impacts se sont surtout traduits par un remaniement du lit, notamment dans le secteur de Domenjod, où la contraction latérale accentue traditionnellement les vitesses d’écoulement. Les dépôts observés et les affaissements ponctuels rappellent la sensibilité de ce tronçon aux crues rapides.
Des phénomènes amplifiés par la mer et les matériaux charriés
Au moment de la crue, la houle cyclonique résiduelle a généré un niveau d’eau élevé à l’embouchure de plusieurs ravines, limitant l’évacuation vers la mer. Cet effet de remous a contribué à élever les niveaux d’eau dans les tronçons aval, en particulier là où les ponts disposent d’une section utile réduite.
À cela se sont ajoutés des matériaux charriés en grande quantité — blocs volcaniques, galets, bois flottants — qui ont localement colmaté les ouvrages et réduit leur capacité hydraulique. Ces interactions mer–crue, caractéristiques des territoires insulaires, expliquent en partie l’intensité des débordements observés dans les zones urbanisées proches du littoral.
Les premiers enseignements du retour d’expérience
L’étude met en avant la diversité des réponses hydrauliques selon les bassins, l’importance des zones de dépôt dans la gestion des sédiments et la vulnérabilité persistante des secteurs urbanisés situés en extrados de méandres. Ces constats, encore préliminaires, serviront de base à la seconde phase du RETEX, qui intégrera modélisation hydraulique, données LiDAR post-crue et analyses morphologiques détaillées.
Une étape clé avant la modélisation complète
Les travaux à venir devront préciser les emprises de crue, quantifier les volumes transportés et affiner la compréhension des interactions entre houle, ruissellements et crues torrentielles. Des éléments essentiels pour adapter les stratégies de prévention et de protection dans un contexte de phénomènes extrêmes de plus en plus rapides et concentrés.
Le rapport complet du Cerema est disponible en ligne pour consultation et détaille l’ensemble des observations et analyses réalisées lors de cette première phase.

Consulter ici la phase 1 du Retour d’expériences suite au passage du cyclone Garance à La Réunion par la CEREMA
Lire ici Lire l’article sur la campagne de terrain pour identifier les impacts du cyclone Garance du 28 février 2025 à La Réunion









