À mesure que la Journée mondiale du climat gagne en visibilité, un constat s’impose : les outre-mer ne sont pas seulement exposés au changement climatique, ils en sont l’un des baromètres les plus sensibles.
Cette sensibilité n’a rien d’anecdotique. Elle repose sur une équation unique au monde : une biodiversité qui représente 80 % du patrimoine naturel national, des populations concentrées sur des littoraux fragiles et des économies dépendantes d’écosystèmes aujourd’hui en profond déséquilibre.
Les premières analyses menées par le CNRS, Météo-France, l’IRD et l’Université de La Réunion confirment ce sentiment d’urgence. Elles décrivent non seulement la progression des risques – 60 % des espèces menacées, des rendements agricoles susceptibles de chuter de 5 à 60 %, une pression croissante sur l’eau potable – mais aussi la transformation silencieuse des équilibres sociaux et économiques.
Car l’enjeu n’est pas uniquement environnemental : 2,2 millions d’habitants dépendent directement des services rendus par des milieux naturels en recul, tout en restant fortement tributaires des importations et des énergies fossiles.
Ce double mouvement – fragilisation interne et dépendance externe – éclaire un point clé que la DGOM rappelle désormais avec insistance : l’adaptation ne peut pas se substituer à l’atténuation.
Dans les outre-mer, ces deux chantiers avancent ensemble, car protéger les populations exige à la fois de réduire les émissions et de réorganiser les territoires face à des impacts déjà visibles : submersions plus fréquentes, stress hydrique, pression sur les sols agricoles.
L’une des limites majeures tient au manque de données climatiques et environnementales fines, encore insuffisant pour élaborer des politiques publiques réellement calibrées. La DGOM tente d’y remédier en renforçant la production scientifique, notamment via deux nouvelles conventions avec le CNRS et le BRGM.
Ce travail paraît technique, mais il conditionne la qualité des décisions à venir : sans données précises sur la bathymétrie, les forêts ou la biodiversité, le risque de “mal-adaptation” demeure réel.
En toile de fond, une idée se précise : dans les outre-mer, la résilience n’est pas seulement une affaire d’environnement, mais une question de souveraineté, de cohésion et de sécurité collective.
Ce sont les lignes de vie des archipels – accès à l’eau, mobilité, alimentation, protection côtière – qui se jouent dans cette transition climatique encore trop souvent perçue comme lointaine.
Source : DGOM









