OUTRE-MER : jusqu’à 26 % des ponts communaux nécessitent des réparations urgentes !

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    Image de représentation : Pont de la Gabarre (Guadeloupe) -(c)Wikipedia

    Le Cerema publie son bilan 2025 sur l’état des ponts communaux, et il met en lumière une vulnérabilité particulièrement marquée dans les territoires ultramarins. Les ouvrages y subissent des contraintes climatiques, hydrauliques et environnementales plus fortes qu’ailleurs, ce qui accélère leur dégradation et renforce les besoins d’entretien. Présenté au Salon des Maires et des Collectivités Locales, ce nouveau diagnostic confirme que les Outre-mer figurent parmi les territoires où les infrastructures communales sont les plus fragilisées.

    Une première photographie nationale d’un patrimoine sous tension

    Le Programme National Ponts, engagé depuis 2021 pour améliorer la connaissance et la sécurité des infrastructures locales, a permis de recenser 64 004 ouvrages, dont 547 situés dans les territoires ultramarins. Parmi eux, 52 799 ont pu être évalués : 35 260 ponts et 17 539 murs de soutènement. Ce volume constitue, selon le Cerema, « la première photographie complète du patrimoine communal à l’échelle du pays », rendue possible grâce à la mobilisation d’une vingtaine de bureaux d’études.

    Les résultats soulignent une situation contrastée. D’un côté, un quart des ponts et plus de la moitié des murs présentent un état jugé satisfaisant. De l’autre, près de la moitié des ponts et un tiers des murs montrent au moins un défaut qui pourrait altérer leur structure à moyen terme, nécessitant des travaux d’entretien dans les 5 à 10 prochaines années.

    La part la plus préoccupante concerne les ouvrages affichant des désordres structuraux significatifs ou majeurs : 29 % des ponts et 18 % des murs doivent faire l’objet d’études approfondies, suivies de réparations à brève échéance. Plus critique encore, 3 607 ouvrages nécessitent une intervention immédiate liée à l’état des équipements, tandis que 3 019 présentent des risques graves pour la sécurité, justifiant une limitation de tonnage ou une fermeture.

    Des Outre-mer particulièrement exposés aux désordres structuraux

    Les territoires ultramarins s’inscrivent pleinement dans cette tendance, avec des taux de désordres majeurs allant de 14 % à Mayotte à plus de 26 % en Martinique et en Guyane. Les conditions climatiques – fortes précipitations, humidité persistante, contraintes hydrauliques – figurent parmi les facteurs d’accélération de la dégradation. Les pathologies les plus courantes observées par les équipes du Cerema relèvent de défauts de maçonnerie, de phénomènes de corrosion des aciers et de l’action de courants d’eau attaquant les appuis de certains ouvrages.

    source : Cerema

    Face à ces enjeux, la question du financement devient centrale. Le Cerema estime que l’entretien annuel des ouvrages communaux représente entre 128 et 241 millions d’euros en Hexagone, et entre 1,3 et 2,5 millions d’euros dans les Outre-mer. La remise à niveau complète du patrimoine nécessiterait près de 3,3 milliards d’euros pour l’Hexagone, dont 800 millions d’euros pour les ouvrages les plus dégradés, et 63 millions d’euros pour les territoires ultramarins, dont 18,5 millions dédiés aux structures exigeant une intervention immédiate.

    Financements, accompagnement et montée en compétence des communes

    Pour accompagner les communes, un programme de financement des travaux de 55 millions d’euros est en cours jusqu’en 2026. Deux ans après son lancement, 348 ouvrages ont déjà bénéficié d’une subvention, représentant 39,7 millions d’euros attribués. L’aide moyenne atteint 115 000 euros par ouvrage, pour un taux de subventionnement de 55 %. Ce dispositif soutient prioritairement les ponts et murs présentant des défauts majeurs, condition indispensable pour garantir la continuité des dessertes locales et la sécurité des usagers.

    Au-delà des financements, le Cerema s’appuie sur le service gratuit SOS Ponts pour orienter les communes dans le diagnostic, la priorisation des travaux et le montage des dossiers. En 3 ans, 2 500 recommandations ont été délivrées, majoritairement liées aux démarches administratives et techniques. Près de trois communes sur cinq engagent des travaux après avoir reçu un avis de ce service, un indicateur réel de son efficacité.

    Ce bilan 2025 révèle un patrimoine mieux connu, mais qui nécessite encore des investissements massifs pour assurer sa pérennité. Les collectivités, notamment les communes ultramarines, disposent désormais d’une base de données solide, mais les besoins restent importants pour anticiper les dégradations et sécuriser durablement les infrastructures routières locales.


    Consulter ici LES SYNTHÈSES de L’ÉTAT DES PONTS COMMUNAUX EN FRANCE, par la CEREMA

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