OUTRE-MER : entre richesses exceptionnelles et fragilités persistantes

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(c) DGOM

La Direction générale des outre-mer (DGOM) vient de publier son « Guide ultramarin », un document qui propose un panorama exhaustif des 13 territoires ultramarins français. De la Guadeloupe à la Polynésie, en passant par la Guyane, Mayotte ou encore les Terres australes et antarctiques françaises, le guide dresse un état des lieux complet de leurs spécificités, de leurs atouts stratégiques et de leurs fragilités sociales. À travers ce regard institutionnel, se dessine un contraste saisissant : des richesses naturelles et géopolitiques uniques, mais aussi des inégalités structurelles qui perdurent.

Un patrimoine naturel et stratégique hors du commun

Les outre-mer incarnent d’abord une biodiversité exceptionnelle. Ils abritent 80 % de la biodiversité française et près de 10 % des récifs coralliens mondiaux. À cela s’ajoutent 1 400 espèces d’oiseaux sur les 1 800 recensées en France, faisant de ces territoires un patrimoine écologique de premier plan.

Cette richesse naturelle est aussi un atout pour la transition énergétique et l’économie circulaire, avec des climats favorables aux énergies renouvelables et un potentiel de développement de l’économie bleue.

Ces territoires disposent également d’une jeunesse dynamique : un tiers des 2,8 millions de Français ultramarins a moins de 20 ans. Cette démographie en fait un réservoir humain qui, bien accompagné, peut soutenir le développement local, l’innovation et l’insertion professionnelle.

Le tourisme constitue un autre pilier. Il représente environ 10 % du PIB ultramarin, et peut atteindre jusqu’à 30 % dans certains territoires en tenant compte des effets indirects. Cet atout repose sur la combinaison d’une richesse culturelle singulière et d’un patrimoine naturel unique.

Enfin, les outre-mer donnent à la France une dimension géostratégique mondiale. Leur Zone économique exclusive (ZEE) atteint 11 millions de km², soit la deuxième du monde, dont 97 % situés outre-mer. Cette étendue maritime concentre des ressources halieutiques majeures (730 000 tonnes de produits alimentaires par an, dont 486 000 tonnes issues de la pêche), mais aussi des richesses minérales dans les grands fonds marins (fer, nickel, cobalt).

À cela s’ajoutent des infrastructures stratégiques comme le Centre spatial guyanais, pivot international de l’industrie spatiale.

Quand les contrastes sociaux freinent le développement

À côté de ces richesses, le guide met en lumière des fragilités structurelles importantes. Les écarts socio-économiques avec l’Hexagone demeurent marqués. Le PIB par habitant est inférieur de 31 % à 37 % en Martinique et Guadeloupe, de 43 % en Polynésie française, et atteint jusqu’à 79 % à Mayotte.

Le chômage reste deux fois plus élevé qu’en métropole : plus de 20 % contre 10 % en Hexagone. Les taux de pauvreté atteignent des records : 42 % à La Réunion, 53 % en Guyane et jusqu’à 77 % à Mayotte, contre 14 % en France hexagonale.

Le coût de la vie ajoute une difficulté supplémentaire : les prix y sont de 8 % à 13 % plus élevés qu’en Hexagone, avec un surcoût alimentaire de 28 % à 38 %. Cette réalité pèse lourdement sur les ménages et alimente les tensions sociales récurrentes.

Les économies ultramarines souffrent également d’une faible diversification. Elles dépendent encore largement de quelques filières dominantes : la banane et la canne à sucre dans les Antilles, le nickel en Nouvelle-Calédonie, le spatial en Guyane. Le secteur public reste un moteur essentiel de l’emploi, dans des contextes où la concurrence économique est souvent limitée et marquée par des situations oligopolistiques.

Enfin, les conditions de vie témoignent d’un retard en matière d’infrastructures. Le mal-logement et l’habitat insalubre persistent en Guadeloupe, Martinique, Guyane et Mayotte. La distribution de l’eau reste fragile, notamment aux Antilles et à Mayotte. L’assainissement, les transports collectifs et la résorption des bidonvilles demeurent des défis quotidiens.

Des politiques publiques adaptées, mais encore sous tension

Face à ces contrastes, des politiques spécifiques ont été mises en place, au niveau national comme européen. La France applique des dispositifs particuliers :

  • Défiscalisation pour encourager la construction de logements et l’investissement productif.
  • Exonérations de charges sociales pour réduire le coût du travail.
  • Fonds de secours pour l’outre-mer afin de faire face aux catastrophes climatiques.
  • Prêts bonifiés et aides à l’ingénierie pour soutenir les collectivités.

Au niveau européen, les régions ultrapériphériques (RUP) et les pays et territoires d’outre-mer (PTOM) bénéficient d’outils spécifiques comme le POSEI pour l’agriculture, des cofinancements dérogatoires pour les fonds de cohésion et de développement rural, ou encore des régimes adaptés d’aides publiques.

La DGOM, en tant qu’administration de mission et de gestion, joue un rôle central. Elle élabore les dispositifs juridiques propres aux outre-mer, coordonne les politiques interministérielles, et gère un budget d’environ 3 milliards d’euros.

Ses plans d’action ciblés – Plan Logement Outre-mer, Plan Eau DOM, dispositifs de continuité territoriale – visent à répondre directement aux besoins identifiés dans chaque territoire.


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Le guide ultramarin rappelle que les territoires d’outre-mer sont à la fois un trésor stratégique pour la France et un espace de défis sociaux et économiques majeurs. Les politiques publiques spécifiques, portées par la DGOM et soutenues par l’Union européenne, apparaissent essentielles pour transformer ce potentiel en véritable levier de développement durable et équitable.

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