OUTRE-MER. la Banque des Territoires mobilise plus d’1 milliard d’euros pour l’adaptation climatique

    0
    adaptation climatique

    Un été caniculaire en Martinique, une inondation soudaine à Mayotte, des réseaux d’eau sous tension à La Réunion : les territoires ultramarins font déjà face aux effets bien réels du dérèglement climatique. Mais derrière les constats alarmants, les moyens concrets faisaient encore défaut. C’est ce vide que vient combler la Banque des Territoires. Dans un communiqué publié le 13 mai 2025, l’établissement annonce un plan de soutien massif dépassant le milliard d’euros sur 5 ans, centré sur l’adaptation des villes aux aléas climatiques. Les Outre-mer sont au cœur du dispositif.

    Un plan ambitieux face à l’urgence climatique

    Canicules prolongées, précipitations extrêmes, érosion du trait de côte, sécheresses chroniques : les effets du réchauffement climatique s’invitent désormais dans la vie quotidienne des citoyens. Les territoires, et notamment les villes, se trouvent en première ligne de cette nouvelle réalité environnementale. C’est dans ce contexte que la Banque des Territoires, bras financier de la Caisse des Dépôts, renforce son engagement aux côtés de l’État, en apportant une contribution significative au Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC3).

    Annoncé lors de la 6e édition du Printemps des Territoires, en présence de la ministre Agnès Pannier-Runacher, ce plan mobilise plus d’1 milliard d’euros sur la période 2024–2028, avec une approche fondée sur l’accompagnement des collectivités les plus exposées aux aléas climatiques.

    Trois leviers structurent cette stratégie :

    • 100 millions d’euros dédiés à l’ingénierie territoriale, pour soutenir les démarches de planification, les diagnostics climatiques, l’élaboration de stratégies locales d’adaptation et la priorisation des projets. Une enveloppe de 30 M€ est réservée spécifiquement aux villes ;
    • 1 milliard d’euros en prêts via le Fonds d’épargne, pour financer des investissements concrets dans les infrastructures et les aménagements résilients. Parmi cette enveloppe, 400 millions d’euros sont destinés au financement de projets urbains ;
    • Et enfin, un recours renforcé à la consignation environnementale, un outil juridique et financier permettant de sécuriser les projets complexes, en particulier ceux situés sur des zones sensibles comme les littoraux ou nécessitant des procédures d’expropriation ou de démolition.

    « Face à l’urgence climatique, nous avons la responsabilité collective d’agir vite et massivement. Ce plan d’actions global de plus d’un milliard d’euros reflète notre détermination et notre ambition : soutenir les collectivités locales pour transformer leur vulnérabilité en moteur de résilience », a déclaré Antoine Saintoyant, directeur de la Banque des Territoires.

    Quelles implications pour les Outre-mer ?

    Parmi les territoires ciblés, les départements et régions d’Outre-mer occupent une place centrale. Souvent soumis à une double vulnérabilité – climatique et structurelle – ces territoires cumulent des fragilités qui les rendent particulièrement sensibles aux effets du dérèglement global. Cyclones, inondations, montée des eaux, sécheresses prolongées, recul du trait de côte : les risques sont multiples et déjà largement visibles dans les DROM.

    La Banque des Territoires identifie clairement les Outre-mer comme des bénéficiaires prioritaires de son dispositif, au même titre que les métropoles denses, les zones de montagne, les littoraux et les quartiers prioritaires de la politique de la ville. L’ambition affichée est d’apporter des solutions de financement souples, adaptées et ciblées, afin de permettre une montée en puissance rapide des projets d’adaptation.

    À La Réunion, les réseaux de froid urbains pourraient par exemple être développés dans les quartiers denses soumis aux îlots de chaleur. En Martinique, la renaturation des berges et la désimperméabilisation des centres anciens pourraient être soutenues. En Guyane, les infrastructures publiques – souvent sous-dimensionnées – pourraient faire l’objet de rénovations climato-compatibles, tandis qu’à Mayotte, la gestion de l’eau et des sols pourrait devenir un axe stratégique de résilience.

    La Banque des Territoires affiche sa volonté d’agir là où les besoins sont les plus pressants, et dans une logique de co-construction avec les collectivités locales. Cet accompagnement s’inscrit dans une dynamique de territorialisation, visant à faire émerger des projets à fort impact social, environnemental et urbain.

    Ingénierie, financements, outils : comment les acteurs locaux peuvent en bénéficier ?

    Le plan présenté par la Banque des Territoires ne se limite pas à l’octroi de prêts : il repose sur un continuum de solutions financières et opérationnelles. D’abord, les 100 M€ dédiés à l’ingénierie permettent aux communes, intercommunalités ou opérateurs locaux de bénéficier d’un accompagnement en amont. Diagnostic climatique, choix d’orientation stratégique, priorisation des zones à traiter, élaboration de cahiers des charges : toutes les étapes préparatoires peuvent être soutenues, y compris dans des territoires à faibles moyens techniques.

    Ensuite, le volet de 1 milliard d’euros de prêts vise à financer des opérations concrètes d’adaptation. Cela inclut notamment :

    • la désimperméabilisation des sols urbains (remplacement des enrobés par des matériaux perméables, création de noues et tranchées d’infiltration),
    • la renaturation des espaces publics (plantation d’arbres, réouverture de cours d’eau, création d’ilots de fraîcheur),
    • la rénovation d’infrastructures sensibles (écoles, hôpitaux, équipements publics vieillissants),
    • et le développement de réseaux de froid urbain, utiles pour les établissements de santé ou les bâtiments collectifs.

    Enfin, le recours à la consignation environnementale constitue une innovation intéressante. Cette mesure permet de sécuriser des projets juridiquement complexes ou à long terme : par exemple, dans le cadre d’une démolition-reconstruction en zone inondable ou de la relocalisation d’équipements collectifs.

    Les collectivités locales, bailleurs sociaux, entreprises publiques locales et autres acteurs territoriaux peuvent accéder à ces outils via les 37 implantations régionales de la Banque des Territoires, y compris en Outre-mer. Chaque territoire peut bénéficier d’un accompagnement individualisé, adapté à ses contraintes et à ses priorités.


    LAISSER UN COMMENTAIRE

    S'il vous plaît entrez votre commentaire!
    S'il vous plaît entrez votre nom ici