Alors que la Guadeloupe fait face à un vieillissement du parc immobilier, à des inégalités d’accès au logement et à des aléas climatiques de plus en plus marqués, la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL) a placé la question du logement au cœur de ses priorités pour 2024. Le rapport d’activités de la DEAL Guadeloupe, publié en juillet 2025, met en lumière une stratégie axée sur la rénovation performante, l’amélioration de l’habitat existant et le pilotage renforcé du logement social.
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Une stratégie rénovée pour l’amélioration de l’habitat
L’année 2024 a marqué une phase de transition stratégique dans la gestion des dispositifs d’amélioration de l’habitat (AH) et d’acquisition-amélioration (AAH). Ces dispositifs, essentiels pour accompagner les ménages modestes dans la réhabilitation de leur logement, ont été revus pour gagner en efficacité. La DEAL a ainsi engagé une reconfiguration de l’écosystème des opérateurs locaux, en procédant à la sélection de nouveaux intervenants agréés, plus spécialisés, plus réactifs.
Cette dynamique vise à accélérer le traitement des dossiers et à mieux encadrer l’usage des subventions publiques. La cible est claire : 100 dossiers traités dès 2025, avec une montée en charge progressive. En complément, la Guadeloupe a intégré en 2024 le dispositif MaPrimeAdapt’, destiné à financer les travaux d’adaptation des logements au vieillissement ou à la perte d’autonomie. Quatre opérateurs ont d’ores et déjà reçu leur agrément.
Ce repositionnement traduit une volonté de rendre les aides plus lisibles, plus rapides et mieux adaptées aux réalités des territoires insulaires.
Vers un rééquilibrage des priorités dans le logement social
La DEAL a également recentré son action sur le logement social, secteur en tension marqué par une forte demande et un parc parfois dégradé. En 2024, une revue croisée des projets portés par les bailleurs sociaux a été menée, dans une optique de pilotage plus rigoureux. Ce travail de fond a permis un rééquilibrage stratégique entre construction neuve et réhabilitation, afin de contenir l’étalement urbain et valoriser l’existant.
Selon le rapport, 50 % de l’enveloppe mobilisée en 2024 a été dédiée à la construction de logements neufs, l’autre moitié soutenant des opérations de réhabilitation lourde. Ce choix reflète un changement d’approche structurel, tenant compte à la fois des objectifs de sobriété foncière imposés par le ZAN (zéro artificialisation nette) et des impératifs de confort thermique, d’accessibilité ou de sécurité du parc actuel.
Les bailleurs sociaux, souvent confrontés à des contraintes de gestion de patrimoine vieillissant, bénéficient ainsi d’un meilleur accompagnement technique et stratégique dans la conduite de leurs opérations.
Rénovation performante : du soutien technique à la pédagogie
Autre chantier majeur : la rénovation énergétique et performante des logements. En 2024, la DEAL a consolidé le Service Public de la Rénovation de l’Habitat (SPRH) en Guadeloupe. Ce dispositif, qui s’appuie sur le réseau France Rénov’, facilite l’accès à l’information, l’orientation des ménages et le montage des dossiers techniques et financiers.
Mais au-delà du guichet unique, l’accent a été mis sur la professionnalisation des acteurs du bâtiment. Plusieurs webinaires ont été organisés à destination des artisans, bureaux d’études et gestionnaires de patrimoine, autour de sujets techniques clés. Parmi eux, le réemploi des matériaux de construction, sujet crucial en contexte insulaire, et l’application du décret Éco Énergie Tertiaire, qui impose aux bâtiments tertiaires publics et privés de réduire leur consommation d’énergie selon des trajectoires définies.
Cette stratégie montre que la rénovation performante n’est pas seulement une affaire de financement, mais aussi de montée en compétence locale.
Le Fonds vert au service de la résilience
Pour accompagner les ambitions en matière de sobriété et de résilience, la DEAL a activement mobilisé le Fonds vert en 2024. Ce levier financier national a permis de soutenir 25 projets structurants sur le territoire, pour un montant total de 6,85 millions d’euros engagés.
Parmi les opérations financées figurent des chantiers à haute valeur symbolique et fonctionnelle :
- À Capesterre-Belle-Eau, 321 000 € ont été investis pour renforcer la protection contre les vents cycloniques dans quatre établissements scolaires.
- À Baie-Mahault, 260 000 € ont été alloués à la rénovation de la bibliothèque Paul Mado, dans une logique d’efficacité énergétique.
- La résidence Rezilyans à Morne-à-l’Eau incarne également cette dynamique de transformation, en alliant rénovation architecturale et intégration des critères de résilience.
Ces projets témoignent d’un changement d’échelle dans la manière de penser l’habitat, en intégrant pleinement les défis climatiques, énergétiques et sociaux.
Un pilotage renforcé pour relever les défis du territoire
En filigrane, ce que révèle le rapport 2024, c’est une volonté de la DEAL de mieux articuler ingénierie, gouvernance et financement, pour répondre à la complexité des besoins locaux. À travers les actions menées, l’administration renforce son rôle de chef d’orchestre de la politique de l’habitat, aux côtés des collectivités, opérateurs privés et bailleurs sociaux.
Le pilotage s’appuie sur une vision pluriannuelle, des partenariats techniques renforcés et une approche résolument ancrée dans les réalités guadeloupéennes : vulnérabilités sociales, spécificités climatiques, coût de la construction, rareté foncière.
Source : RAPPORT D’ACTIVITE 2024 de la DEAL GUADELOUPE
À travers ce volet logement, le rapport 2024 de la DEAL dessine les contours d’une politique de l’habitat plus agile, plus intégrée, et tournée vers la performance environnementale et le bien-être des habitants. Si les défis restent nombreux, les outils déployés, les financements mobilisés et les coopérations engagées donnent à voir un cap clair pour 2025 et au-delà.