À Mayotte, l’économie tente de consolider son redressement au troisième trimestre 2025, toujours portée par la reconstruction post-CHIDO mais freinée par des fragilités persistantes.
Selon l’IEDOM, « l’Indicateur du climat des affaires (ICA) progresse de 8,9 points au troisième trimestre, se positionnant à 114,8 », un niveau supérieur à sa moyenne de longue période.
Cette amélioration s’appuie sur des carnets de commandes bien orientés : 81,6 % des entreprises jugent leur niveau de commandes normal ou supérieur à la normale. Les intentions d’investissement restent solides, alimentées par la nécessité de renouveler un appareil productif largement endommagé.
Mais cette dynamique ne masque pas un point noir central : les trésoreries demeurent fragiles, tandis que le retard accumulé dans les chantiers de reconstruction limite la capacité des dirigeants à se projeter à plus long terme.
Du côté des ménages, la situation se stabilise. Les importations de biens de consommation courante progressent légèrement (+0,5 %), tandis que celles d’équipements du foyer bondissent de 21,7 %, traduisant des achats de remplacement après le passage du cyclone.
Les crédits à la consommation, en hausse de 13,2 % sur un an, servent en partie à financer des travaux de reconstruction, ce qui brouille la lecture de la demande réelle.
L’inflation reste contenue : « l’Indice des prix à la consommation (IPC) augmente de 1,5 % à Mayotte », un rythme proche de celui observé dans l’Hexagone. La hausse est tirée par l’alimentation (+5,1 %) et les services (+2,2 %), tandis que l’énergie recule fortement (–8,5 %) grâce à la baisse des tarifs de l’électricité et des produits pétroliers.
Les signaux du marché du travail sont en revanche plus préoccupants. Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A grimpe de 9,3 % sur le trimestre et de 4,9 % sur un an, avec une hausse particulièrement marquée chez les jeunes de moins de 25 ans (+14,7 %).
Les trajectoires sectorielles confirment une reprise inégale. Le BTP reste l’un des moteurs de l’activité grâce aux chantiers post-Chido et à une baisse des charges d’exploitation. Le commerce commence à se redresser malgré des trésoreries encore contraintes, tandis que les services marchands demeurent en difficulté, avec une activité en recul et une trésorerie en baisse.
Dans ce contexte, l’économie mahoraise se situe à un moment charnière : le rebond est réel, mais demeure étroitement dépendant du rythme de la reconstruction et de l’amélioration progressive des conditions de financement.
Les mois à venir diront si cette reprise gagne en profondeur ou reste un mouvement fragile, alimenté avant tout par l’urgence de réparer les dégâts du cyclone.
Source : IEDOM – Tendances conjoncturelles 3e trimestre 2025 – Mayotte









