Le CAUE de Mayotte publie « HODI ! », un document illustré pour aider les habitants à bâtir durablement et en toute sécurité dans un territoire exposé aux risques climatiques et sismiques.
Alors que les cyclones CHIDO et DIKELEDI ont durement frappé Mayotte, laissant de nombreuses habitations endommagées, le CAUE de Mayotte publie un nouveau guide baptisé « HODI ! ». Gratuit, illustré et pensé pour les habitants comme pour les professionnels, il rassemble dix fiches techniques pour prévenir les erreurs courantes en construction. L’objectif est de favoriser des logements plus sûrs, plus durables et mieux adaptés au climat mahorais.
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Un outil accessible pour reconstruire mieux et autrement
Pensé comme un outil de sensibilisation et de formation, le guide HODI ! vise à démocratiser les bonnes pratiques de construction, que ce soit en béton, bois ou métal. Il s’adresse aussi bien aux auto-constructeurs, artisans, familles qu’aux collectivités et architectes.
On y trouve des conseils concrets sur le choix des fondations, la forme du bâti, la protection des toitures, la fixation des volets ou encore la gestion des eaux pluviales.
Conçu à partir des normes en vigueur (NF DTU) et des contextes locaux de risques, le guide insiste sur l’importance de prendre en compte les particularités du terrain, notamment en cas de pente, de sol meuble ou de zone exposée aux inondations ou aux cyclones.
Des règles simples pour des constructions plus résistantes
Le guide insiste sur quelques principes clés pour améliorer la solidité des bâtiments. Il recommande d’éviter les formes complexes et de privilégier des volumes simples, réguliers, de type carré ou rectangle, plus résistants aux séismes et aux vents cycloniques.
Les éléments porteurs doivent être parfaitement alignés verticalement, du sol jusqu’au toit, et espacés de manière homogène (maximum 4 à 5 mètres entre chaque poteau).
Les fondations doivent impérativement être dimensionnées selon la nature du sol, sur la base d’une étude géotechnique. Pour les sols souples, le guide préconise des fondations profondes (puits ou micropieux). À l’inverse, des semelles filantes suffisent en terrain dur.
Autre point de vigilance : le chaînage, qui doit entourer l’ensemble du bâtiment pour garantir la continuité structurelle. Les croisement entre murs, planchers et poutres doivent être renforcés avec des armatures spécifiques.
Le guide rappelle aussi l’importance de protéger les fers à béton de la rouille, avec des peintures antirouille, et de respecter les temps de séchage pour assurer la résistance des dalles.
Côté toiture, la pose des tôles métalliques suit des règles strictes : recouvrement adapté, fixations renforcées aux extrémités, débords limités à 30 cm. Les charpentes doivent être contreventées, correctement ancrées et conçues dans des formes simples (deux ou quatre pans).
Intégrer le confort thermique et réduire les consommations
Au-delà de la robustesse, le guide met l’accent sur la qualité de vie dans les bâtiments. Il encourage une approche bioclimatique, adaptée aux conditions tropicales de Mayotte.
L’implantation du bâtiment joue un rôle essentiel : il faut conserver la végétation, espacer les constructions pour favoriser la ventilation naturelle, et orienter les ouvertures de manière à éviter les surchauffes.
La toiture reste l’élément prioritaire à isoler. Elle doit être protégée du rayonnement solaire par des matériaux adaptés, tout comme les façades exposées. Des auvents, persiennes, protections végétales ou brise-soleil permettent de limiter l’accumulation de chaleur à l’intérieur.
Le guide recommande aussi de limiter la largeur des bâtiments à 10 mètres maximum pour assurer une bonne circulation d’air entre les pièces. Cette ventilation naturelle peut être complétée par des brasseurs d’air, moins énergivores que la climatisation, qui représente jusqu’à 50 % des factures d’électricité sur l’île.
Enfin, des solutions simples permettent de réduire l’impact environnemental : récupération des eaux de pluie, chauffe-eau solaire pour l’eau chaude sanitaire, et panneaux photovoltaïques pour couvrir une partie des besoins électriques.
Un accompagnement de proximité proposé par le CAUE
Le guide HODI ! ne se limite pas à des préconisations générales. Il insiste sur l’importance de l’adaptation au cas par cas et encourage à faire appel à des professionnels.
Le CAUE de Mayotte propose d’ailleurs des visites-conseils gratuites à domicile, afin d’orienter les habitants dans leur projet de (re)construction. Un contact direct est recommandé dès la phase de conception, même pour les projets modestes.
Un document à télécharger et partager largement
Avec le guide HODI !, le CAUE de Mayotte propose bien plus qu’un document technique : une boîte à outils visuelle et locale pour bâtir plus solide, plus économe, et plus résilient face aux aléas climatiques. Un indispensable pour toute personne souhaitant (re)construire à Mayotte, durablement et intelligemment.