À Mayotte, le bâtiment et les travaux publics pèsent lourd dans l’économie locale. Dans un territoire où la demande en logements et en infrastructures ne cesse de croître, les indices de prix publiés par l’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM) à partir des données de la Fédération mahoraise du bâtiment et des travaux publics (FMBTP) sont scrutés de près. Au 30 juin 2025, ces baromètres confirment un ralentissement net des hausses observées depuis plusieurs années.
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Le bâtiment : une progression désormais modeste
L’indice du bâtiment (BTM 01) s’établit à 192,75 en juin 2025. Il avait encore progressé de plus de 9 % en 2023, avec un pic de +10 % en avril de cette année-là, avant de ralentir à +3 à +5 % en 2024. Désormais, les évolutions annuelles sont contenues entre +0,5 % et +1,2 % depuis janvier 2025.
Ce décrochage est marquant : « L’indice BTM 01 permet la révision des prix de rénovation et de construction des bâtiments », précise le document officiel, mais l’ampleur des variations s’est nettement réduite.
Pour les entreprises locales, cette accalmie pourrait signifier une stabilisation des devis et une meilleure visibilité, dans un contexte où les chantiers de logements sociaux et de rénovation énergétique restent prioritaires.
Travaux publics : après la flambée, la quasi-stagnation
Le constat est encore plus frappant du côté des travaux publics. L’indice TPM 01 s’affiche à 194,67 en juin 2025, contre 194,22 en mai et 194,92 en janvier. Les variations annuelles oscillent entre –0,3 % et +0,8 % depuis le début de l’année, ce qui équivaut à une stagnation.
Le contraste avec 2022 est saisissant : à l’époque, l’indice avait bondi de plus de 20 % en mai. Comme le rappelle la série, « l’indice TPM 01 permet la révision des prix des marchés de travaux publics », un repère indispensable pour les appels d’offres.
La stabilité actuelle peut être perçue comme une respiration bienvenue pour les collectivités et les entreprises, mais elle interroge aussi sur la dynamique future : pause temporaire ou signal d’un ralentissement durable ?
Un territoire aux besoins immenses
Ces évolutions doivent être replacées dans le contexte mahorais. Le département connaît une pression démographique et des besoins en infrastructures sans précédent. Routes, réseaux, écoles, logements : le BTP est au cœur des priorités. Si la stabilisation des indices allège momentanément la contrainte des coûts, les incertitudes persistent sur les matières premières importées et l’inflation globale.
L’IEDOM rappelle d’ailleurs dans son avertissement que les données, bien qu’établies selon les arrêtés de référence (2010-963 et 2011-159), « n’engagent en aucune manière la responsabilité de l’IEDOM ». Cette précision souligne que les acteurs locaux doivent interpréter ces chiffres avec prudence et les confronter à la réalité de terrain.
Source : IEDOM – Indices des prix du secteur de la construction – MAYOTTE au 2ème trimestre 2025
La photographie de juin 2025 est celle d’un secteur qui semble reprendre son souffle après plusieurs années de fortes tensions. Pour les acteurs publics, la stabilisation ouvre des perspectives de programmation budgétaire plus prévisibles. Pour les entreprises, elle réduit la pression immédiate sur les marges. Mais dans un territoire aussi dépendant des importations et confronté à de forts besoins, la question demeure : cette pause est-elle durable ?