2024 a été une année de défis extrêmes pour le BTP à Mayotte. Entre les barrages qui ont paralysé l’économie en début d’année et le cyclone CHIDO qui a ravagé l’île en fin d’année, les entreprises du secteur ont traversé des épreuves sans précédent. La synthèse annuelle de l’IEDOM révèle l’ampleur de l’impact de ces crises et les perspectives de reconstruction pour 2025.
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Une activité en crise : Barrages et cyclone CHIDO
En début d’année 2024, les routes de Mayotte se sont retrouvées paralysées par une série de barrages. Une situation qui a rapidement asphyxié l’activité économique, et le BTP n’a pas été épargné.
Des chantiers en cours ont été interrompus, des projets reportés, et les entreprises ont dû composer avec des carnets de commandes qui se vidaient progressivement. Pour les TPE-PME locales, déjà fragilisées par la crise de l’eau de 2023, cette paralysie a représenté un coup supplémentaire.
Le cyclone Chido, un coup fatal aux infrastructures
La fin de l’année a apporté une autre épreuve de taille : le cyclone Chido. En quelques heures, ce phénomène a dévasté une partie des infrastructures de l’île. Les vents violents ont arraché des toitures, les inondations ont envahi les routes, et des bâtiments publics comme privés ont été endommagés.
Selon l’IEDOM « 100 % des entreprises interrogées ont déclaré avoir subi des dommages matériels. Pour certaines, les pertes ont été si importantes que 30 % craignent une défaillance dans les six prochains mois. »
Des entreprises sous pression financière
Trésoreries fragilisées et retards de paiement
Les entreprises du BTP à Mayotte ont vu leurs trésoreries se détériorer en 2024. Les retards de paiement se sont multipliés, notamment pour les marchés publics. Les délais de règlement se sont allongés, ajoutant une pression supplémentaire sur les finances des entreprises. Parallèlement, les coûts des matériaux de construction ont continué de grimper, rognant encore les marges.
Crédits en hausse mais sinistralité également
Face à ces difficultés, de nombreuses entreprises ont eu recours aux crédits bancaires pour maintenir leur activité. En 2024, les crédits aux entreprises ont progressé de +13,7 %, principalement pour soutenir les besoins de trésorerie.
Mais cette dépendance au financement s’est accompagnée d’une hausse des créances douteuses, atteignant 133,7 millions d’euros (+65,8 %), signe de la fragilité croissante du secteur.
Une lueur d’espoir : La reconstruction comme moteur de relance
Malgré les crises, une lueur d’espoir pointe à l’horizon. La reconstruction post-Chido représente une opportunité majeure pour le secteur. Les besoins sont immenses : réhabiliter des écoles, des hôpitaux, des routes, des bâtiments publics et des habitations. Les entreprises locales, si elles sont correctement soutenues, pourraient bénéficier de contrats importants.
Le soutien des pouvoirs publics attendu
Pour transformer cette opportunité en réalité, les autorités doivent jouer leur rôle. Les TPE-PME locales, souvent en difficulté, doivent être accompagnées pour accéder aux marchés publics de reconstruction. Les règles de passation des marchés publics devraient être adaptées pour leur offrir de meilleures chances. Par ailleurs, les établissements bancaires devront également se mobiliser pour offrir des crédits adaptés.
Des défis persistants pour le BTP à Mayotte
- Retards de paiement et trésoreries sous tension
Les entreprises continuent de faire face à des délais de paiement longs, en particulier sur les marchés publics. Les trésoreries restent fragiles, et les marges bénéficiaires s’amenuisent en raison de la hausse des coûts de matériaux.
- Difficultés d’approvisionnement et hausses de coûts
Les entreprises du BTP rencontrent des difficultés pour s’approvisionner en matériaux de construction. Les prix continuent d’augmenter (ciment, acier, bois), et les délais de livraison s’allongent, impactant directement les coûts des chantiers.
CONJONCTURE ÉCONOMIQUE – Synthèse annuelle 2024 : Une année de tous les défis – IEDOM
Le BTP à Mayotte a traversé une année 2024 marquée par des crises multiples. Pourtant, la reconstruction offre une perspective de relance. Pour que cette opportunité se concrétise, un soutien ciblé des pouvoirs publics et une mobilisation des acteurs locaux seront indispensables.