MAYOTTE. l’ancienne léproserie de M’Bouzi bientôt restaurée

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L’ancienne léproserie © Réserve Naturelle de l’ilot M’Bouzi

À Mayotte, l’ancienne léproserie de l’îlot M’Bouzi figure parmi les six sites ultramarins retenus par la Mission Patrimoine 2025. Portée par la Fondation du patrimoine, Stéphane Bern, le ministère de la Culture et FDJ UNITED, cette sélection offre une reconnaissance nationale à un édifice singulier, dernier témoin d’un pan oublié de l’histoire locale. Elle marque aussi une double distinction pour Mayotte, déjà mise à l’honneur cette année avec la sélection de l’église Saint-Michel de Dzaoudzi au titre des sites emblématiques.

Un lieu marqué par l’histoire de la lèpre

La léproserie de M’Bouzi, située en arrière-mangrove sur un îlot inhabité au large de Mamoudzou, abrite une histoire dense. Elle fut, jusque dans les années 1950, le lieu de vie d’une communauté de lépreux, les derniers occupants ayant quitté l’îlot en 1955. Par la suite, des agriculteurs s’y sont installés avant que le bâtiment ne serve de lieu de stockage pour l’association des Naturalistes, notamment pour nourrir les makis, petits lémuriens endémiques.

En 2007, l’îlot a été classé Réserve naturelle nationale, englobant 142 hectares terrestres et marins. Depuis, la léproserie est devenue un repère autant pour les agents de la réserve que pour les marcheurs aguerris qui fréquentent ce site isolé.

Un bâtiment fragilisé par le climat et le temps

Aujourd’hui, l’édifice est gravement menacé. Le vol de sa toiture en tôle, jadis fixée sur une charpente en bois, l’a laissé à la merci des pluies tropicales et du soleil. La charpente s’est détériorée, les murs porteurs et le sol présentent de profondes faiblesses, et le couloir externe menant aux deux pièces du bâtiment est en très mauvais état. La succession des cyclones a aggravé la situation, notamment le cyclone CHIDO en 2025 qui a accentué les dégâts.

Comme l’a rappelé Côme de Framond, délégué départemental de la Fondation du patrimoine à Mayotte, sur son post LinkedIn : « l’ancienne léproserie de l’îlot Mbouzi se dégrade aujourd’hui sous l’effet du climat tropical renforcé par l’impact du cyclone CHIDO».

L’ancienne léproserie © Réserve Naturelle de l’ilot M’Bouzi

Des travaux pour sauver la dernière bâtisse de l’îlot

Face à ce constat, l’Association des Naturalistes de Mayotte porte un projet ambitieux de restauration. Les travaux, programmés entre janvier et mars 2026, commenceront par la réfection de la toiture et de la charpente, afin de protéger l’édifice des intempéries. Ils incluront aussi la reprise des murs, du sol intérieur et des accès extérieurs. L’objectif est de stabiliser durablement le bâtiment tout en respectant son identité patrimoniale.

« Grâce au soutien de la Fondation du patrimoine et à l’implication des Naturalistes de Mayotte, ce lieu emblématique pourra être restauré et transformé », a expliqué Côme de Framond. Pour lui, la léproserie est appelée à devenir un espace vivant, capable d’allier mémoire et ouverture au public.

Un avenir au service de la réserve et des visiteurs

Au-delà de la sauvegarde, la réhabilitation de la léproserie vise à donner une nouvelle vie à ce lieu. Le bâtiment deviendra une Maison de la Réserve, intégrée au cœur de l’îlot. Des panneaux explicatifs retraceront l’histoire de la léproserie, une exposition photographique présentera le site et sa biodiversité, et l’espace servira d’accueil pédagogique pour les randonneurs et les kayakistes.

Un sentier de découverte partira de la léproserie, permettant aux visiteurs d’explorer la richesse de la réserve terrestre et marine. Par ailleurs, le lieu offrira un abri fonctionnel aux agents de la réserve lors de leurs missions de terrain.


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Allier mémoire et biodiversité

La restauration de la léproserie de M’Bouzi ne vise pas seulement à sauver un édifice menacé : elle associe mémoire historique et valorisation de la biodiversité. Comme l’a résumé Côme de Framond, « ce projet donnera à la léproserie une seconde vie en tant que Maison de la Réserve, un espace d’accueil, d’exposition et de sensibilisation au patrimoine naturel et culturel ».

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