MAYOTTE face au défi de l’eau : le BRGM mobilise la science

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Mayotte connaît depuis plusieurs années une pression croissante sur ses ressources en eau. La forte croissance démographique, conjuguée aux effets du changement climatique, fragilise un approvisionnement déjà limité. En 2024, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), service géologique national, a conduit une campagne de prospection inédite pour identifier de nouvelles ressources souterraines destinées à la consommation humaine. Cette mission s’inscrit dans un contexte d’urgence : garantir un accès à l’eau potable fiable et durable pour une population en constante augmentation.

Un diagnostic fondé sur 20 ans d’exploration

Avant d’engager de nouveaux travaux, le BRGM a capitalisé sur vingt ans d’exploration hydrogéologique menée sur l’île. Cette première phase a permis d’évaluer les acquis, d’identifier les zones déjà prospectées et d’analyser les résultats des anciens forages.

En croisant ces données historiques avec les connaissances géologiques locales, les scientifiques ont pu définir une base solide pour cibler les zones présentant le plus de potentiel. Cette démarche garantit une continuité scientifique et évite de reproduire les erreurs du passé.

Les outils scientifiques au service du terrain

La campagne de 2024 s’est appuyée sur un ensemble de méthodes de pointe pour analyser le sous-sol mahorais.

  • Résistivité électromagnétique aéroportée (AEM) : réalisée à partir de relevés héliportés, cette technique permet de “scanner” le sous-sol en profondeur. En mesurant la résistivité électrique des terrains, elle distingue les zones susceptibles de contenir de l’eau. L’AEM offre une vision large et homogène, indispensable pour identifier les secteurs prometteurs.
  • Tomographie de résistivité électrique (TRE) : menée au sol, cette méthode affine les résultats de l’AEM. Elle consiste à injecter un courant électrique dans le sol et à mesurer sa propagation, afin de détecter plus précisément la présence éventuelle d’aquifères. La TRE agit comme une vérification locale, confirmant ou écartant les hypothèses issues des levés aéroportés.
  • Modélisation 3D : les données collectées sont intégrées dans des modèles tridimensionnels croisant géologie, hydrogéologie et géophysique. Ces modèles offrent une représentation réaliste du sous-sol mahorais et permettent de simuler différents scénarios pour implanter les futurs forages au meilleur emplacement.

« L’utilisation combinée de la résistivité électromagnétique aéroportée, de la tomographie de résistivité électrique et de la modélisation 3D permet une cartographie fine du sous-sol mahorais », indique le BRGM dans son rapport 2024.

Des résultats concrets et des perspectives immédiates

Les travaux menés en 2024 ont abouti à l’identification d’une vingtaine de sites prévisionnels de forage répartis sur le territoire. Ces emplacements, choisis pour leur potentiel hydrogéologique, feront l’objet de nouveaux forages à partir de 2025, avec pour objectif de renforcer rapidement l’alimentation en eau potable.

L’impact attendu est majeur : accroître la disponibilité en eau pour les habitants, réduire les risques de pénurie en période sèche et sécuriser l’approvisionnement face aux aléas climatiques. Cette démarche scientifique, rigoureuse et appuyée sur des technologies de pointe, marque une étape décisive pour l’avenir de l’eau à Mayotte.


Source : Rapport d’activité 2024 de la BRGM


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