MARTINIQUE. le BTP en pleine tempête, les acteurs tirent la sonnette d’alarme !

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Le secteur du bâtiment et des travaux publics traverse une crise d’une ampleur inédite en Martinique. Dans un publi-communiqué diffusé par l’Association Martiniquaise pour la Promotion de l’Industrie (AMPI), plusieurs voix majeures de la filière alertent sur une situation qui menace directement l’économie locale et les emplois.

Une activité paralysée, des chantiers à l’arrêt

Depuis 2008, la filière s’enfonce dans une spirale préoccupante, avec une nouvelle chute récente qui fragilise encore davantage le tissu économique. Des dizaines de chantiers sont suspendus ou retardés, des entreprises peinent à maintenir leur activité et les suppressions d’emplois s’accumulent.

Stéphane Abramovici, vice-président de l’AMPI, résume d’un ton grave : « Cela signifie que des dizaines de chantiers sont à l’arrêt ou reportés, que les entreprises peinent à maintenir leur activité et que des centaines d’emplois sont directement menacés ».

Les familles de sous-traitants, d’artisans, de transporteurs et de fournisseurs sont en première ligne. L’effet domino est immédiat. En effet, au-delà du BTP, c’est toute l’économie martiniquaise qui encaisse le choc.

Les causes d’un marasme prolongé

Les raisons de cette crise sont multiples et profondément enracinées. Les acteurs dénoncent la lourdeur administrative et la lenteur des procédures qui paralysent la commande publique. À cela s’ajoute un investissement privé en berne et des coûts de production grevés par l’insularité. Patrick Lanes, président du Groupe Caïali, constate avec amertume : « Avant nos ateliers à Procap tournaient H24, aujourd’hui certains ferment à 14 h ».

La dépendance quasi totale aux importations a également aggravé la vulnérabilité du secteur, fragilisé d’abord par la crise sanitaire puis par les tensions internationales. Jean-Yves Bonnaire, secrétaire général de la FRBTP, résume : « On a complètement perdu pied ». Malgré les annonces budgétaires, les aides tardent à se matérialiser. Sur les 1,7 milliard d’euros promis pour le développement territorial 2024-2027, à peine plus de 385 millions iront au BTP.

Des solutions sur la table, mais un besoin d’action immédiate

Face à cette impasse, les responsables du secteur appellent à une réaction forte. Pour Stéphane Abramovici, la priorité est claire : « Quand un projet est financé, il doit sortir immédiatement du tiroir. Ensuite, sécuriser les entreprises locales en raccourcissant les délais de paiement ». Dans certains cas, ces retards dépassent 190 jours dans le secteur hospitalier, étouffant la trésorerie des entreprises. Malgré l’obligation légale, les intérêts moratoires ne sont pas versés, comme l’a récemment rappelé le Conseil d’État.

Les chiffres sont parlants : 24 sociétés du BTP ont été liquidées en septembre 2025. Le groupe Caïali a lui-même dû licencier une douzaine d’employés. Ces signaux confirment l’urgence d’un plan de sauvetage coordonné.

Les pistes avancées ne manquent pas : relance rapide de la commande publique, innovation avec de nouveaux matériaux, recyclage, transition énergétique, mais aussi formation et alternance pour renouveler une main-d’œuvre vieillissante. Patrick Lanes milite de son côté pour s’inspirer du modèle allemand où 15 % des effectifs sont en alternance et 70 % embauchés.

Une filière vitale pour l’avenir de la Martinique

Tous les acteurs s’accordent : il y a urgence à réagir. Yann Honoré, président de Caraib Moter, déplore l’absence de cap clair et les lourdeurs administratives qui plombent la trésorerie. Jean-Yves Bonnaire rappelle que les réglementations environnementales et sismiques, indispensables, renchérissent cependant les coûts pour les professionnels et leurs clients.

Le BTP martiniquais est bien plus qu’un secteur économique. Il conditionne la construction des logements, des écoles, des hôpitaux, des routes, mais aussi la réussite de la transition écologique et la modernisation des infrastructures touristiques.

Comme le souligne Stéphane Abramovici : « Le BTP est un secteur vital pour la Martinique. Si nous ne réagissons pas maintenant, nous allons assister à une vague de faillites et à une perte irréversible de compétences ».

L’avertissement est clair : sans décision rapide, c’est l’un des piliers de l’économie locale qui risque de s’effondrer.


Consulter ici le Publi-communiqué de l’A.M.P.I

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