MARTINIQUE. des signaux positifs sur l’emploi, mais une pauvreté deux fois plus forte qu’en métropole

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La DEETS Martinique a publié, en mars 2025, son premier recueil des chiffres clés 2024. Cette synthèse statistique dresse un panorama complet des évolutions économiques, sociales et professionnelles du territoire. Si l’emploi et l’activité montrent certains signes d’amélioration, la pauvreté demeure structurellement élevée, révélant un écart persistant avec l’Hexagone.

Croissance économique : un ralentissement marqué

Après la forte reprise post-crise sanitaire de +5,6 % en 2022, la Martinique n’a enregistré qu’une croissance de 0,4 % en 2023. Ce coup de frein, comparable à celui de la France hexagonale (+0,9 %), traduit une conjoncture fragile. Le PIB par habitant atteint 27 179 € en 2022, contre 38 775 € au niveau national, confirmant un différentiel de richesse de plus de 11 000 € par habitant. Le PIB par emploi s’élève à 65 080 €, reflet d’une productivité plus faible que dans l’Hexagone.

Pour autant, le tissu économique reste dynamique. En 2023, 8 644 entreprises ont été créées en Martinique, dont 2 193 au quatrième trimestre. Les activités de services concentrent la majorité des créations, confirmant la tertiarisation de l’économie insulaire.

Emploi : des signaux positifs

Au quatrième trimestre 2023, la Martinique comptait 132 471 emplois salariés, auxquels s’ajoutaient plus de 21 000 non-salariés. Le chômage, bien qu’élevé, recule : il s’établit à 10,3 % fin 2023, soit une moyenne annuelle de 10,8 %, contre plus de 12 % encore quelques années auparavant.

La dynamique se reflète aussi dans les dispositifs d’accompagnement. 1 985 jeunes ont signé un contrat d’apprentissage en 2023, dont 1 854 dans le secteur privé. L’Insertion par l’Activité Économique (IAE) a permis 3 244 entrées dans des structures dédiées, et 2 274 contrats aidés PEC ont été mobilisés. L’emploi associatif reste par ailleurs un pilier : il représente 943 établissements et plus de 11 300 salariés, principalement dans l’action sociale, l’éducation et la santé.

Ces évolutions traduisent une capacité du marché du travail à absorber progressivement les actifs, même si les disparités sectorielles et territoriales demeurent marquées.

Pauvreté : une réalité structurelle

Derrière les chiffres encourageants de l’emploi, la Martinique fait face à une pauvreté persistante. En 2021, le taux de pauvreté atteignait 26,8 %, soit près du double du niveau observé dans l’Hexagone (14,9 %). Le niveau de vie médian des Martiniquais est estimé à 1 648 € par mois et par unité de consommation, contre 1 923 € en France hexagonale. Pour les ménages pauvres, il chute à 877 €.

Le territoire reste fortement dépendant des minima sociaux. 34 798 personnes percevaient le RSA fin 2022, représentant 16,9 % de la population, un taux nettement supérieur à la moyenne nationale. La prime d’activité profitait à 33 654 allocataires à la même période. Enfin, plus d’un quart des affiliés au régime général, soit 89 532 personnes, bénéficient de la Complémentaire santé solidaire (CSS).

Inégalités générationnelles et territoriales

La jeunesse martiniquaise est particulièrement touchée. En 2023, 24 % des 15-29 ans étaient au chômage, soit plus du double du taux national. Un jeune sur cinq (20 %) est en situation de NEET, c’est-à-dire ni en emploi, ni en études, ni en formation. Parmi eux, 42 % recherchent activement un emploi, tandis que 58 % sont durablement inactifs.

Les pouvoirs publics ont renforcé leurs dispositifs d’accompagnement. En 2023, plus de 5 074 jeunes ont intégré le Contrat d’Engagement Jeune (CEJ), et 1 484 ont bénéficié du PACEA, signe d’une mobilisation institutionnelle face au risque de décrochage durable. Mais ces efforts peinent encore à compenser les difficultés structurelles d’insertion.

Au niveau territorial, les contrastes sont tout aussi marqués. Le Centre-Atlantique concentre à lui seul 13 733 demandeurs d’emploi de catégorie A, contre 5 739 dans le Centre-agglomération, 5 889 dans le Nord-Caraïbe et 5 177 dans le Nord-Atlantique. Les zones du Sud apparaissent plus préservées, avec 1 764 demandeurs dans le Sud et 1 513 dans le Sud-Caraïbe.

Ces écarts traduisent un déséquilibre durable entre un centre densément urbanisé et des zones périphériques ou rurales, souvent moins dynamiques économiquement.

Consulter le document complet : Chiffres clés 2024 – DEETS Martinique – publication du 24 mars 2025


Entre embellie sur l’emploi et pauvreté persistante, la Martinique avance sur une ligne de crête. Le défi sera désormais de transformer ces signaux positifs en leviers durables, capables de réduire les inégalités sociales et territoriales qui marquent encore le paysage économique de l’île.

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