MARTINIQUE. Consommation en hausse, emploi en recul au T2 2025

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Martinique

Après une fin d’année 2024 marquée par un climat social tendu autour de la vie chère, la Martinique donne enfin des signes de stabilisation au deuxième trimestre 2025. L’indicateur du climat des affaires (ICA) s’établit à 104 points, en progression de trois points, signalant un regain de confiance des chefs d’entreprise. Comme le souligne l’IEDOM, « cette progression de l’ICA s’inscrit néanmoins dans un contexte où l’activité reste globalement en retrait ». Autrement dit, les fondamentaux de l’économie demeurent fragiles, malgré un souffle de reprise.

Confiance et consommation en soutien

La hausse de l’ICA traduit une amélioration sensible des soldes d’opinion sur la trésorerie des entreprises et une progression des effectifs déclarés. Cette confiance retrouvée s’appuie aussi sur la consommation des ménages, particulièrement dynamique au printemps.

Les recettes de TVA augmentent de 5,3 %, tandis que les importations de biens de consommation durables progressent de 4,5 % et celles des non durables de 4,8 %. Dans le même temps, les ventes de véhicules aux particuliers reculent légèrement (−0,9 %), ce qui rappelle que la demande reste sélective.

Ce dynamisme des ménages s’explique en partie par le recul de l’inflation, passée de 1,1 % en mars à 0,9 % en juin 2025. L’énergie contribue fortement à ce repli (−7 % sur un an), quand l’alimentation reste en hausse modérée (+1,1 %) et les services plus dynamiques (+2,6 %). Dans un contexte où le coût de la vie a récemment été un déclencheur social majeur, cette détente des prix constitue une respiration bienvenue.

Emploi et activité : la faiblesse persiste

En revanche, l’emploi reste sous tension. Les effectifs salariés diminuent de 0,3 % au premier trimestre et de 1,1 % sur un an. Les chiffres des demandeurs d’emploi en catégorie A montrent une baisse trimestrielle (−3,7 %), mais cette amélioration conjoncturelle masque une tendance annuelle défavorable (+4,7 %).

Ce paradoxe illustre une réalité : les anticipations des entreprises sont meilleures que les résultats concrets du marché du travail.

Le volume d’heures rémunérées recule encore, de 1,4 % en avril et de 1,7 % en mai. L’activité cesse certes de se dégrader, mais la reprise se fait attendre. L’IEDOM note ainsi que « les chefs d’entreprises prévoient une reprise très progressive de leur activité », ce qui confirme que la confiance précède pour l’instant la réalité économique.

Investissement contrasté et défaillances en hausse

Le deuxième trimestre a tout de même été marqué par un signal fort : les importations de biens d’investissement bondissent de 32,8 %. Machines, équipements de levage et matériels de transport soutiennent la dynamique, en lien notamment avec les travaux du Grand Port Maritime.

Cette tendance suggère un certain volontarisme en matière de modernisation et de grands projets.

Mais le tableau est assombri par la progression des défaillances d’entreprises : 472 au premier semestre 2025, soit +8,8 % sur un an. Le secteur du tourisme concentre l’essentiel de cette hausse, avec un nombre de défaillances qui a plus que doublé.

Ce contraste est révélateur : l’activité touristique se redresse, mais sur des bases encore trop fragiles pour garantir la solidité des acteurs.

Commerce extérieur et dépendance structurelle

Le déficit commercial hors énergie se creuse nettement, +10,1 % ce trimestre. Les importations progressent de 9,5 %, tirées par les biens de consommation et d’investissement.

Les exportations suivent, mais à un rythme beaucoup plus faible (+1,9 %). Les performances de la banane (+18,7 %) et du matériel électrique et électronique (+26,6 %) ne suffisent pas à compenser l’écart.

La baisse spectaculaire des échanges pétroliers (importations −33,7 %, exportations −54,8 %) accentue ce déséquilibre. La Martinique reste dépendante de ses importations, ce qui expose l’économie à la volatilité des marchés internationaux.

Crédit, dépôts et finances des ménages

Le desserrement monétaire initié par la BCE en 2024 se traduit localement par des taux de crédit en baisse. Le taux moyen des crédits à la consommation atteint 6,01 % en avril (−23 pdb en un an), et celui des crédits à l’équipement pour les entreprises recule à 4,29 %. Les encours sains progressent légèrement (+0,5 %), portés par les entreprises (+1,1 %) et les ménages (+0,3 %).

Du côté de l’épargne, les dépôts sont quasi stables (−0,2 %), mais avec des comportements contrastés : les ménages renforcent leurs dépôts à vue (+1,5 %), tandis que les entreprises réduisent leurs liquidités à court terme (−3,7 %) pour privilégier les placements longs (+4,2 %).

Ce mouvement peut traduire des tensions de trésorerie ou des choix stratégiques liés au financement de nouveaux investissements.


Martinique

Source :IEDOM – TENDANCES CONJONCTURELLES 2E TRIMESTRE 2025 – MARTINIQUE


 

La photographie économique de la Martinique au deuxième trimestre 2025 est donc double. D’un côté, la confiance, la consommation et l’investissement offrent des signaux positifs. De l’autre, l’emploi, les défaillances et le commerce extérieur rappellent la vulnérabilité structurelle de l’île.

Le redressement observé n’est pas une embellie généralisée. Il reste conditionné à la capacité des filières clés – tourisme, BTP, agriculture et services – à transformer ces signaux encourageants en croissance durable. À l’aube du second semestre 2025, la trajectoire économique de la Martinique reste celle d’une reprise hésitante, plus prometteuse que celle de 2024, mais encore fragile face aux incertitudes locales et internationales.

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