MaPrimeAdapt’ : une dynamique confirmée, des inégalités territoriales à corriger au 3ᵉ trimestre 2025

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MaPrimeAdapt’

Neuf mois après le lancement de l’année 2025, les dispositifs MaPrimeAdapt’ et MaPrimeLogementDécent livrent un premier bilan instructif. Le reporting officiel, couvrant la période du 1er janvier au 30 septembre, dresse le tableau d’une politique publique en montée en charge, mais encore inégale selon les territoires. Entre dynamique nationale, ciblage social serré et exceptions ultramarines, ces chiffres racontent à la fois les progrès et les paradoxes d’une transition du logement toujours en quête d’équilibre.

Une dynamique réelle, mais une cible encore lointaine

Le document de suivi affiche un cap clair : 45 000 logements à rénover d’ici la fin de l’année 2025. À la date du 30 septembre, 24 712 logements étaient déjà engagés dans le dispositif MaPrimeAdapt’. Un résultat solide, qui traduit une montée en puissance après un démarrage plus mesuré en 2024.

Le graphique intitulé « Dynamiques d’engagement (en nombre de logements) » montre une progression continue, signe d’un dispositif désormais bien identifié par les ménages et les opérateurs.

Pour autant, l’écart reste significatif avec la cible annuelle. Si la tendance actuelle se maintient, l’objectif national pourrait ne pas être entièrement atteint d’ici décembre.

En toile de fond, les coûts et les financements continuent d’évoluer : le reporting évoque une hausse parallèle du nombre de logements engagés, des montants de subvention et de la subvention moyenne par logement.

Une tension budgétaire prévisible, qui traduit la montée en gamme des travaux d’adaptation et l’augmentation du coût moyen de la rénovation.

Un ciblage social très resserré

Les chiffres le confirment : MaPrimeAdapt’ reste avant tout une aide sociale ciblée. 89 % des ménages bénéficiaires sont très modestes, 11 % modestes, selon la répartition établie sur l’ensemble du territoire.

Le document précise aussi que « les personnes âgées représentent 70 % des dossiers engagés, contre 30 % pour les personnes en situation de handicap ». Le profil type de l’aide se dessine : retraités à faibles revenus, occupant un logement ancien nécessitant des aménagements pour rester habitable et sûr.

La structure d’âge des demandeurs illustre l’enjeu sociétal sous-jacent. Près de 34 % des bénéficiaires ont entre 70 et 79 ans, 17 % entre 80 et 89 ans, et 31 % plus de 90 ans. Ces chiffres, impressionnants, traduisent une politique centrée sur le maintien à domicile, dans un contexte de vieillissement accéléré de la population.

Mais ils posent aussi question : les classes d’âge intermédiaires et les ménages “moyens” accèdent-ils réellement à ces aides ? L’extrême concentration du dispositif sur les plus modestes montre son efficacité sociale, mais limite sa portée universelle.

Les Outre-mer, laboratoire des exceptions

C’est sans doute l’un des points les plus marquants du reporting : « +192 dossiers accordés pour des ménages aux niveaux de ressources supérieurs en Outre-Mer ». Cette phrase, discrète dans le document, dit beaucoup.

Elle marque une dérogation rare dans les critères habituels d’attribution. Elle reconnaît implicitement que le barème national des revenus ne reflète pas les réalités économiques ultramarines, où les coûts de construction et d’adaptation sont plus élevés, et les situations de logement souvent plus complexes.

Cette exception n’est pas anodine. Elle révèle une tension entre cadre national et besoins locaux. Dans des territoires où les contraintes insulaires, la vétusté du bâti et la précarité énergétique se conjuguent, adapter les règles devient une nécessité.

Ces 192 dossiers, modestes en volume, traduisent une forme de pragmatisme administratif. Ils ouvrent la voie à une possible territorialisation des politiques de rénovation, mieux ajustée aux contextes ultramarins.

MaPrimeLogementDécent : un dispositif encore en phase d’amorçage

À côté de MaPrimeAdapt’, l’autre pilier du suivi – MaPrimeLogementDécent – affiche une trajectoire plus discrète.

L’objectif annuel est modeste : 2 000 logements rénovés pour les propriétaires occupants, hors copropriétés. À la fin du troisième trimestre, la courbe de progression reste en deçà des ambitions, mais la dynamique est enclenchée.

Ce dispositif s’attaque à un enjeu structurel : la lutte contre l’habitat indigne et les passoires thermiques. Encore en phase de rodage, il complète les autres outils de l’Anah, mais devra accélérer pour produire un effet visible à l’échelle nationale.

La simultanéité des deux programmes témoigne d’une volonté d’action globale : adapter, rénover, rendre décent. Trois défis qui se superposent, parfois au risque de se concurrencer.


MaPrimeAdapt’

Consulter le bilan au 3ème trimestre 2025 des aides de l’Anah ici.


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