L’été 2024 a marqué un tournant : jamais l’Europe n’avait enregistré autant de chaleur. L’année suivante, 2025, a confirmé cette tendance, rappelant que le continent se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde. Dans ce contexte, le mouvement Hlm, engagé sur la voie de la décarbonation d’ici 2050, doit affronter un autre défi majeur : garantir le confort d’été aux habitants face aux vagues de chaleur de plus en plus intenses. Pour y répondre, l’Union sociale pour l’habitat, aux côtés du CSTB, déploie de nouveaux outils et accompagne les bailleurs sociaux dans leurs stratégies d’adaptation.
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RENoptim et l’outil ISB : anticiper la surchauffe des bâtiments
Pour répondre à ce défi, l’Union sociale pour l’habitat s’est associée au Centre scientifique et technique du bâtiment. Ensemble, ils copilote le projet RENoptim, une démarche qui aide les organismes Hlm à identifier et traiter les situations de vulnérabilité.
Au cœur de ce dispositif, l’Indicateur de Surchauffe Estivale des Bâtiments (ISB) joue un rôle clé. Mis gratuitement à disposition, il permet d’évaluer le risque de surchauffe pour chaque bâtiment à différents horizons : 2025, 2050 et 2100.
Grâce à ces projections, les bailleurs peuvent hiérarchiser leurs interventions et intégrer des travaux d’adaptation lors des rénovations énergétiques.
L’ISB n’est pas cantonné à RENoptim. Il est aussi intégré à PrioRéno Logement social, l’outil développé par la Banque des Territoires. Ce croisement d’outils facilite l’élaboration de stratégies patrimoniales cohérentes et à long terme.
Des solutions passives déjà opérationnelles
L’anticipation passe aussi par des réponses techniques. Dès 2022, l’USH a publié un Cahier Repères qui recense les méthodes les plus efficaces pour réduire la surchauffe dans le logement social, que ce soit en construction neuve ou en rénovation.
Trois grands axes structurent ces recommandations. D’abord, protéger le bâtiment : améliorer l’isolation, renforcer l’inertie des matériaux, ajouter des protections solaires adaptées. Ensuite, rafraîchir naturellement : privilégier la ventilation nocturne et installer des brasseurs d’air, qui consomment peu et améliorent le confort.
Enfin, réaménager les extérieurs pour réduire l’effet d’îlot de chaleur urbain, par la végétalisation et une meilleure gestion des espaces extérieurs.
Ces principes s’accompagnent de fiches travaux détaillées issues du projet RENoptim, offrant aux bailleurs des solutions pratiques, adaptées à différents contextes.
Impliquer aussi les locataires
Les bailleurs ne sont pas les seuls acteurs concernés. La résilience du logement social passe également par la sensibilisation des habitants. Pour cela, l’USH a produit cinq vidéos pédagogiques qui expliquent, de manière simple et concrète, les bons réflexes en cas de fortes chaleurs.
Comment empêcher la chaleur de pénétrer dans un logement ? Comment le rafraîchir efficacement sans recourir systématiquement à la climatisation ? Ces supports complètent l’action technique par un volet comportemental essentiel.
Pour Jérémy Ferrari, responsable du département Transition & Résilience du parc à l’USH, la question du confort d’été est désormais indissociable des stratégies patrimoniales. Le logement social doit à la fois poursuivre son objectif de neutralité carbone et devenir plus résilient face aux épisodes climatiques extrêmes. Cette double exigence transforme le parc Hlm en laboratoire d’adaptation. À travers RENoptime, l’ISB et les solutions passives, les organismes disposent aujourd’hui d’outils concrets pour préparer l’avenir. Le confort d’été n’est plus une variable accessoire : il s’affirme comme un levier incontournable de la qualité de vie et de la transition climatique.