LA REUNION. une toiture végétalisée en surimposition pour l’école Célimène !

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L’école Célimène, située sur la commune de La Possession, illustre aujourd’hui l’une des solutions les plus innovantes pour améliorer le confort thermique des bâtiments scolaires réunionnais. Construite dans les années 1980-1990 en béton et implantée dans un environnement très minéralisé, l’école souffrait d’un excès de chaleur générant un inconfort marqué pour les élèves et les enseignants. Pour y remédier, la municipalité a choisi en 2020 d’expérimenter une toiture végétalisée en surimposition, conçue et installée par l’entreprise Greenskin, en partenariat avec Énergies Réunion. Ce retour d’expérience a été mise en avant dans la chaîne YouTube du programme OMBREE, dédiée à la construction durable dans les Outre-mer, qui valorise les solutions techniques adaptées aux réalités locales.

Un dispositif modulaire pensé pour le climat tropical

La toiture repose sur un système modulaire innovant. Les modules de végétalisation sont préplantés en pépinière, cultivés avant livraison puis directement posés sur la toiture. Ce procédé assure une couverture végétale intégrale, ce qui favorise l’évapotranspiration et réduit l’impact du rayonnement solaire.

La composition végétale combine plusieurs espèces, dont le gazon endémique des Mascareignes, le Zoysia pinifolia, complété par d’autres plantes apportant volume et couleur. La diversité des strates crée un équilibre naturel : les végétaux les plus hauts protègent la strate basse, tout en limitant l’apparition d’espèces invasives.

Au-delà de l’aspect écologique, cette technique s’adapte aux contraintes structurelles. Les panneaux plantés, une fois gorgés d’eau, atteignent un poids de 20 kg/m². Leur conception a été validée pour résister à des vents cycloniques supérieurs à 270 km/h, ce qui répond aux exigences des conditions tropicales de l’océan Indien.

Une irrigation économe et intelligente

Le système d’arrosage constitue un autre atout de cette toiture. Initialement installé en circuit ouvert, il a rapidement évolué vers un dispositif fermé afin de réduire les consommations d’eau. Les excédents nutritifs sont récupérés, filtrés, dynamisés puis réinjectés dans le circuit, garantissant une gestion optimisée des ressources.

Ce dispositif peut être renforcé par des sondes connectées capables de détecter un défaut d’arrosage ou un manque d’engrais. Ces outils envoient des alertes en temps réel, facilitant la surveillance et la réactivité. Lors des premières années d’expérimentation, une consommation excessive d’eau avait été constatée.

La correction est intervenue avec l’installation d’un compteur d’eau connecté, permettant désormais un suivi précis et une meilleure maîtrise des volumes utilisés.

Des besoins d’entretien limités

L’un des critères déterminants de la réussite du projet réside dans la faible maintenance qu’exige la toiture.

Le choix d’espèces à croissance lente réduit les interventions à 1 ou 2 par an. L’entretien se concentre sur le nettoyage des cuves et de la filtration, la vérification du système d’irrigation et des sondes, ainsi qu’une coupe douce des végétaux. Le gazon zoisia, par exemple, entre en dormance en fin d’été. C’est à cette période qu’une taille légère est effectuée, permettant au couvert végétal de se régénérer au printemps suivant.

Au départ, la gestion de la toiture était assurée directement par l’entreprise conceptrice dans le cadre de l’expérimentation. Après 4 années de suivi, un contrat de maintenance a été mis en place afin de garantir la pérennité de l’installation et la continuité des bonnes pratiques.

Un dispositif pensé pour la sécurité

Au-delà du confort thermique et de l’économie en eau, la conception a intégré la question du risque incendie dès l’amont. Le substrat est irrigué en permanence, ce qui maintient les plantes en bonne santé et limite le dessèchement. De plus, la sélection de végétaux à faible développement réduit la production de biomasse combustible, minimisant ainsi les risques en cas de panne de l’arrosage automatique.

Une solution en phase avec les réglementations

Ce projet répond également aux évolutions réglementaires qui encouragent la végétalisation et la solarisation des toitures, en particulier dans le cadre de la loi AGEC.

À La Possession, l’expérience menée à l’école Célimène s’inscrit dans une dynamique plus large de lutte contre les îlots de chaleur. La commune a déjà expérimenté la végétalisation au sol dans d’autres établissements, comme à l’école Auguste Lacossade, où une partie du bitume a été remplacée par des espaces plantés.


Avec l’école Célimène, OMBREE illustre son rôle de catalyseur pour la construction durable dans les Outre-mer. En soutenant et diffusant ces retours d’expérience, le programme crée une véritable base de connaissances partagées, où chaque projet local contribue à l’élaboration de solutions adaptées aux défis climatiques et réglementaires des territoires ultramarins.

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