LA REUNION. une année 2024 sous tension pour le SYDNE entre cyclone et filières saturées

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La publication du rapport d’activités 2024 du SYDNE met en lumière une année mouvementée pour le Nord et l’Est de La Réunion. Entre l’impact massif du cyclone Belal, la progression spectaculaire du CSR et la dégradation persistante du tri sélectif, le syndicat dresse un état des lieux contrasté d’un territoire où les infrastructures ont été fortement sollicitées. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et éclairent les défis qui attendent les collectivités dans les années à venir.

Belal : un choc de 15 000 tonnes qui a déstabilisé les filières

Le cyclone Belal, survenu en janvier, a immédiatement pesé sur l’ensemble du système. Les déchets verts ont bondi de +27,8 %, atteignant plus de 55 200 tonnes sur l’année. Cette pression brutale a saturé les plateformes, provoqué un incendie à La Jamaïque et nécessité l’ouverture d’un site provisoire à la Ravine Sèche. Plus de 17 300 tonnes ont dû être redirigées vers la plateforme de RDO à Saint-Paul, contre 8 566 tonnes l’année précédente.

Ce choc climatique a rappelé la vulnérabilité structurelle du territoire. L’événement n’a pas seulement entraîné une réorganisation technique d’urgence : il a également généré 1,4 millions d’euros de surcoûts, absorbés par la section de fonctionnement.

Le CSR s’impose dans le paysage : +72 % en un an

L’année 2024 marque une transformation profonde du traitement des déchets. Le centre de valorisation multifilières (CVMF) d’INOVEST a produit 55 393 tonnes de CSR, contre 32 218 tonnes en 2023, soit une progression fulgurante de +72 %. Le CSR représente désormais 43 % des déchets traités par l’installation, un niveau inédit.

Cette envolée n’est pas seulement liée à l’optimisation industrielle du CVMF. Elle révèle aussi un phénomène moins visible mais déterminant : le manque de débouchés pour les matières premières secondaires (papiers-cartons, plastiques), dégradées par l’humidité ou non reprises par les filières. En l’absence d’exutoires, une partie de ces flux a été réorientée vers la production de CSR.

Cette dynamique crée une véritable dépendance à la future chaudière d’ALBIOMA Bois Rouge, dont la mise en service est annoncée pour 2026. Sans cette solution énergétique, la montée du CSR resterait difficilement soutenable.

Le tri sélectif toujours en difficulté : un refus de tri de 41,2 %

Malgré des années de campagne de sensibilisation, le tri sélectif affiche une nouvelle désillusion. En 2024, 9 391 tonnes ont été collectées, poursuivant la baisse entamée en 2021. Plus préoccupant encore : 41,2 % de ces tonnages ont été rejetés en centre de tri.

Les disparités entre intercommunalités persistent :

  • CINOR : 39,72 % (en amélioration)
  • CIREST : 42,68 % (en hausse)

Collectes mouillées, présence d’OMR dans les bacs jaunes, camions déclassés (20 au total)… Les symptômes se répètent et les effets se cumulent. En juillet, une panne de la presse à balles a même paralysé le tri pendant quatre jours. Le prestataire a reçu une pénalité de 29 000 euros pour non-respect des performances.

Alors que l’extension des consignes de tri entrera en vigueur dès 2026, le territoire aborde cette transition avec une marge de manœuvre réduite.

Des finances fragilisées par les aléas et les contrats

Le rapport dévoile une section de fonctionnement à 37,45 millions d’euros, dominée à 96,7 % par les prestations de traitement. La stabilité du budget cache toutefois deux facteurs de tension :

  • 1,4 millions d’euros de dépenses imprévues liées à Belal
  • 1,2 millions d’euros de compensation contractuelle versée au délégataire du CVMF en raison de l’absence d’exutoire CSR sur une partie de l’année

Malgré ces pressions, le syndicat clôture l’exercice avec un résultat reporté de 2,46 millions d’euros, ce qui lui permet d’amortir partiellement les hausses sans les répercuter immédiatement sur les contributions des EPCI.

Zoom : la montée en puissance du CSR, pivot d’un système en transition

La progression exceptionnelle du CSR n’est pas un simple indicateur technique. Elle signale un repositionnement de l’ensemble du modèle local de traitement. Le CVMF, conçu pour maximiser la valorisation matière, doit désormais composer avec des flux souillés, hétérogènes, ou sans débouchés. Le CSR devient alors un « filet de sécurité » qui absorbe les matières dégradées.

Cette logique assure une continuité opérationnelle, mais elle s’accompagne de risques : augmentation du taux d’enfouissement hors CSR (40,2 %, au-dessus du seuil contractuel), dépendance à une seule filière énergétique, fragilisation des filières matière locales. L’entrée en service de la chaudière ALBIOMA jouera donc un rôle déterminant dans l’équilibre du système.

Perspectives 2025–2026 : un tournant à négocier

Plusieurs échéances majeures vont marquer les deux prochaines années :

  • Lancement du nouveau marché DMA cette année.
  • Mise en service de la chaudière CSR d’ALBIOMA d’ici fin 2026
  • Déploiement du PPI 2025–2030 (84 millions d’euros)
  • Entrée en vigueur de l’extension des consignes de tri en 2026
  • Renforcement des chantiers liés aux déchets verts et à la valorisation organique

Ces jalons devront absorber 3 tendances lourdes : la croissance des tonnages, la pression climatique, et la transformation rapide des filières de recyclage.


Source : RAPPORT D’ACTIVITE 2024 du SYDNE

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