À flanc de ravine, face aux vents et aux pluies de l’océan Indien, le Lazaret n°2 de la Grande Chaloupe porte encore les traces de l’histoire de milliers d’engagés venus d’Inde, de Madagascar ou de Chine. Resté à l’abandon depuis sa désaffection, ce site fragile a été durement éprouvé par les cyclones Bélal et Garance. En 2025, son avenir bascule : retenu par la Mission Patrimoine, il bénéficiera enfin d’une restauration, portée par le Département et soutenue par la Fondation du patrimoine et ses partenaires.
—
Un témoin de l’histoire de l’engagisme
Construit en 1863, trois ans après le Lazaret n°1, le Lazaret n°2 avait pour mission d’accueillir en quarantaine les engagés venus d’Inde, de Madagascar ou encore de Chine, après l’abolition de l’esclavage. Ces infrastructures sanitaires étaient le premier contact des nouveaux arrivants avec l’île, dans un contexte marqué par la peur des épidémies.
Le site se compose de deux dortoirs à étage, d’une annexe, d’un cimetière — aujourd’hui en partie emporté par les crues —, d’une latrine et d’un bateau-lavoir. Contrairement au Lazaret n°1, régulièrement réutilisé et réhabilité pour des usages culturels, le Lazaret n°2 est resté à l’abandon depuis sa désaffection, ce qui a accentué sa vulnérabilité.
Un site fragilisé par les cyclones
Déjà fragilisé par des décennies sans entretien, le site a subi des destructions massives lors des derniers cyclones. En janvier 2024, Bélal a endommagé une partie des bâtiments. Puis, en février 2025, le cyclone Garance a provoqué des dégâts considérables : le bateau-lavoir a été emporté par les crues, une partie des façades des dortoirs s’est effondrée et le bâtiment de chantier a disparu.
La violence des intempéries a même modifié le cours de la ravine, l’eau passant désormais au ras des murs, mettant au jour les fondations. Les structures restantes sont extrêmement fragilisées et nécessitent une consolidation rapide pour éviter leur disparition définitive.

Des travaux de restauration sous le signe de la sobriété
La restauration du Lazaret n°2 avait déjà été envisagée, mais les cyclones en ont précipité la nécessité. Le chantier, qui doit démarrer à l’automne 2025 pour s’achever en 2026, adoptera une approche fidèle à celle mise en œuvre pour le Lazaret n°1 : conserver l’état de ruine et appliquer une logique de conservation « a minima ». L’objectif n’est pas de reconstruire entièrement, mais de stabiliser et de sécuriser ce qui peut encore l’être, afin de préserver le site dans son authenticité.
Redonner une place au Lazaret n°2
Une fois consolidé, le Lazaret n°2 sera intégré à des circuits de randonnée, permettant au public de redécouvrir les ravines réunionnaises, souvent éclipsées par les grands sentiers du cœur de l’île. Des panneaux explicatifs viendront raconter l’histoire de ce lieu et éclairer la mémoire de l’engagisme, encore trop méconnue.
Le Conseil départemental de La Réunion, propriétaire du site, souhaite ainsi faire du Lazaret n°2 un lieu de mémoire accessible et pédagogique, à la fois patrimoine historique et espace de découverte du territoire.
Le Lazaret n°2, marqué par l’histoire de l’engagisme et fragilisé par le temps, retrouve aujourd’hui une perspective d’avenir. Grâce à la Mission Patrimoine 2025, ce site en péril pourra être sauvegardé et transmis comme lieu de mémoire et de découverte à La Réunion.