À La Réunion, le potentiel solaire n’est plus à démontrer. L’ensoleillement moyen dépasse 1 700 kWh/m²/an sur la majorité des zones habitées, ce qui en fait l’un des territoires les plus favorables au développement du photovoltaïque.
Face à la hausse des prix de l’électricité et aux ambitions d’autonomie énergétique, les projets d’autoconsommation résidentielle gagnent du terrain. En 2025, le dispositif S24-ZNI apporte un levier financier supplémentaire pour accélérer cette transition.
Le guide de l’ADEME, « L’autoconsommation photovoltaïque dans l’habitat à La Réunion » publié récemment apporte un cadre clair sur les étapes, les aides disponibles et les conditions techniques. Découvrons tout ce qu’il faut savoir pour mener à bien un projet d’autoconsommation résidentielle à La Réunion.
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Comprendre le fonctionnement d’une installation photovoltaïque
À La Réunion, une installation solaire résidentielle repose sur une série de composants techniques qui agissent de manière complémentaire. En toiture, les panneaux photovoltaïques captent la lumière du soleil à travers des cellules en silicium. Ce rayonnement est ensuite transformé en courant continu, avant d’être converti en courant alternatif par un onduleur mural, généralement installé dans un local technique.
L’électricité produite est directement utilisée par les équipements de la maison. Lorsque la production dépasse la consommation immédiate, le surplus peut être injecté dans le réseau ou stocké dans une batterie, si le système en est équipé. Le tableau électrique régule la distribution de l’énergie dans le logement, tandis qu’un compteur communicant mesure précisément les flux entrants et sortants.

dans l’habitat à la Réunion
Concrètement, une installation standard comprend :
- Des modules photovoltaïques certifiés, d’une puissance moyenne de 450 à 550 Wc, garantis jusqu’à 30 ans pour leurs performances.
- Un onduleur, d’environ 55 cm de côté, parfois intelligent, capable de piloter des batteries ou d’interagir avec des équipements connectés.
- Des coffrets électriques, qui assurent la sécurité du circuit, protègent contre les surtensions et facilitent la maintenance.
- Un système de fixation robuste, conçu pour résister aux vents cycloniques, avec une garantie décennale intégrée à l’ouvrage.
- Un compteur Linky ou équivalent, permettant un suivi en temps réel des consommations et de la production injectée.
Ainsi, l’ensemble constitue une mini-centrale domestique, silencieuse, automatisée et interconnectée au réseau public.
Les grandes stratégies d’autoconsommation à connaître
Opter pour le photovoltaïque implique de choisir une stratégie d’exploitation adaptée à ses usages, à ses attentes et à ses contraintes techniques. En 2025, plusieurs modèles coexistent à La Réunion, chacun répondant à des logiques économiques et énergétiques différentes.
La première configuration, l’autoconsommation totale sans injection, repose sur un usage strictement local de l’électricité produite. Cela suppose que les consommations majeures (chauffe-eau, électroménager, etc.) aient lieu pendant les heures d’ensoleillement. Faute de quoi, une partie de l’énergie peut être perdue.
La seconde, l’autoconsommation avec vente de surplus, est aujourd’hui la plus répandue. Elle permet de consommer en priorité l’électricité solaire, puis d’injecter l’excédent sur le réseau. Celui-ci est racheté par EDF à un tarif garanti. Ce modèle combine donc rentabilité et simplicité, sans nécessiter d’équipement supplémentaire.

dans l’habitat à la Réunion
La troisième option intègre une batterie de stockage. Le courant excédentaire est stocké pour une utilisation différée, notamment en soirée. Cette solution augmente l’autonomie énergétique, mais elle engendre un coût initial plus élevé et une maintenance spécifique, sans toujours améliorer la rentabilité.
Enfin, certains foyers choisissent la vente totale, c’est-à-dire la revente de l’ensemble de la production à EDF. Ce choix peut convenir dans certains cas particuliers : bâtiments inoccupés le jour, logements secondaires, ou surfaces exclusivement dédiées à la production.

dans l’habitat à la Réunion
Le choix du modèle dépendra de nombreux facteurs : profil horaire de consommation, surface exploitable sur la toiture, budget, ou encore volonté de réduire sa dépendance au réseau. En pratique, l’autoconsommation avec vente de surplus reste le compromis le plus courant entre efficacité économique et simplicité de gestion.
Ce que change le nouveau dispositif S24-ZNI
Depuis début 2024, le dispositif S24-ZNI vient renforcer l’attractivité des installations solaires dans les territoires ultramarins non interconnectés. À La Réunion, il constitue un levier déterminant pour améliorer la rentabilité des projets résidentiels, tout en simplifiant leur financement.
Le mécanisme repose sur deux aides cumulées :
D’une part, une prime à l’investissement, versée par EDF un an après la mise en service. Pour les installations comprises entre 0 et 3 kWc, elle s’élève à 1 620 euros par kWc ; au-delà, jusqu’à 9 kWc, elle est fixée à 970 euros par kWc. Ainsi, une installation typique de 3 kWc permet de bénéficier d’une aide directe de 4 860 euros, sans condition de ressources ni avance de trésorerie.
D’autre part, un tarif d’achat garanti s’applique au surplus injecté dans le réseau. En autoconsommation avec vente, le tarif en vigueur au premier trimestre 2025 est de 17,35 centimes d’euro par kWh, indexé et contracté sur 20 ans. Pour les projets en vente totale, les tarifs sont encore plus avantageux, atteignant 28,04 c€/kWh pour les petites puissances.
Attention toutefois : ces aides ne s’appliquent qu’aux installations intégrées au bâti (toitures ou ombrières) et réalisées par des installateurs certifiés RGE. De plus, elles ne sont pas cumulables avec les aides régionales à l’investissement. Il convient donc de choisir dès le départ entre le dispositif S24-ZNI et les dispositifs régionaux.
En résumé, le S24-ZNI sécurise financièrement les projets, tout en incitant à une autoconsommation raisonnée et encadrée.
Étapes clés d’un projet solaire résidentiel réussi
Conduire un projet photovoltaïque ne s’improvise pas. Pour qu’il soit techniquement fiable, administrativement conforme et économiquement rentable, il convient de respecter un déroulement rigoureux. C’est pourquoi le recours à un professionnel qualifié RGE n’est pas une option mais une condition sine qua non.
La première étape consiste à choisir un installateur compétent. Celui-ci doit justifier de sa qualification, de ses assurances à jour, et fournir un devis clair comprenant tous les éléments du projet : puissance, composants, délais, démarches, garanties, et projection économique.
Ensuite vient l’étude de faisabilité. Le professionnel analyse l’exposition du toit, l’orientation, la pente (idéalement 25°), l’absence d’ombrage, ainsi que les consommations du foyer. À La Réunion, une toiture de 15 m² bien exposée permet d’installer 3 kWc et de produire entre 3 600 et 4 800 kWh par an.
Une fois le projet validé, les démarches administratives sont lancées. Il faut déposer une déclaration préalable à la mairie (traitée sous 2 à 4 semaines), puis effectuer la demande de raccordement auprès d’EDF (délai de 2 à 6 semaines). L’installation en elle-même est rapide : un à deux jours suffisent pour poser les équipements.
Le passage du Consuel permet ensuite de vérifier la conformité électrique. Une fois validée, l’installation peut être mise en service. Le contrat d’achat EDF est automatiquement généré, et la prime S24 est versée au terme de la première année d’exploitation, sur présentation de la facture de vente.
Important : il ne faut pas oublier de déclarer l’installation à son assurance habitation. Cette démarche est obligatoire, mais ne modifie généralement ni la prime, ni les garanties.
Vigilances et bonnes pratiques pour éviter les pièges
Face à l’essor rapide du photovoltaïque, les dérives commerciales se sont multipliées. L’ADEME recommande une vigilance accrue, dès la prise de contact avec un professionnel.
Avant tout, il est essentiel de refuser toute signature immédiate : ni lors d’un démarchage téléphonique, ni sur une foire, ni à domicile. Les acteurs publics — ADEME, Région, Anah, EDF — ne mandatent jamais d’installateurs pour ce type de prospection.
De plus, mieux vaut éviter les simulateurs en ligne qui vous promettent des devis « instantanés » sans visiter votre logement. Ces plateformes servent souvent à collecter vos coordonnées à des fins commerciales, sans engagement sérieux.
Un devis digne de ce nom doit comprendre :
- Le détail des équipements proposés (marques, performances, garanties)
- Le numéro RGE et l’attestation d’assurance décennale
- Une simulation de production tenant compte de votre site
- Une estimation du taux d’autoconsommation et des économies attendues
- Une projection de rentabilité, incluant la prime S24 et le tarif de revente
Il est conseillé de consulter deux ou trois entreprises maximum, idéalement implantées localement, afin de garantir un bon suivi après installation. Inutile de multiplier les devis : les artisans qualifiés sont très sollicités, et la qualité du projet dépend aussi de la relation de confiance établie avec l’installateur.
Exemple concret : un projet rentable en moins de 4 ans
Prenons le cas d’un ménage réunionnais qui souhaite équiper sa maison individuelle d’un système photovoltaïque en 2025. Le toit est bien exposé, orienté au nord, sans ombrage, et permet d’installer environ 15 m² de panneaux, soit une puissance de 3 kWc. Ce type de configuration est assez représentatif des maisons situées dans les zones urbanisées de l’île.
D’après les données du guide de l’ADEME, une telle installation produit en moyenne 4 200 kWh par an. Sur cette production, environ 70 % est consommée directement par le foyer, soit 2 940 kWh. Le reste, soit 1 260 kWh, est injecté dans le réseau et vendu à EDF à un tarif garanti de 17,35 c€/kWh, ce qui représente un revenu de 515 € par an.
Du côté des économies, la consommation directe permet d’éviter l’achat d’électricité au tarif réseau, ce qui génère un gain annuel estimé à 706 € (sur la base d’un coût de 24 c€/kWh). Ainsi, entre vente et autoconsommation, le gain annuel total atteint 1 209 €.
Côté investissement, le coût initial de l’installation est estimé à 9 000 € TTC, hors aides. Grâce au dispositif S24-ZNI, le ménage perçoit une prime de 4 860 €, versée un an après la mise en service. Le coût réel du projet tombe alors à 4 140 €.
Le temps de retour sur investissement est donc inférieur à 3,5 ans : une durée particulièrement courte pour une installation dont la durée de vie dépasse 25 ans. Au-delà de ce seuil, le système continue à produire des économies chaque année, sans coût supplémentaire majeur, hormis l’entretien courant.
Ce scénario, bien qu’indicatif, illustre la rentabilité d’un projet classique à La Réunion. Il montre également l’intérêt de bien dimensionner l’installation en fonction des consommations du foyer, pour optimiser à la fois l’autoconsommation et la vente de surplus.
Consulter ici le Guide de l’ADEME « L’autoconsommation photovoltaïque dans l’habitat à La Réunion »
L’autoconsommation solaire est désormais une solution techniquement maîtrisée, économiquement viable et adaptée au contexte réunionnais. Grâce à un ensoleillement stable, des aides publiques ciblées comme la prime S24-ZNI, et une filière locale bien structurée, il est possible de rentabiliser une installation en moins de 4 ans.