LA REUNION. La consommation de graves recyclées recule de 36 % en 2024

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graves recyclées

À La Réunion, la consommation de graves recyclées s’est effondrée en 2024. Selon l’étude publiée en avril 2025 par la Cellule Économique du BTP, les volumes écoulés atteignent 269 998 tonnes, soit une baisse de 36 % par rapport à 2023. Les entrants captés suivent la même tendance, reculant de 33 % en un an. L’organisme souligne que « les matières captées et écoulées ont connu une baisse significative par rapport à 2023, avec des diminutions avoisinant un tiers » – un constat qui illustre la fragilité actuelle du secteur.

Des chiffres qui traduisent une contraction brutale

Les données de la CER BTP révèlent un contraste marqué. Si les matériaux issus de terrassements progressent (+45 %), atteignant 95 000 tonnes, les autres catégories s’effondrent. Les bétons non armés, céramiques et carrelages chutent de 149 000 t en 2023 à 59 000 t en 2024 (–60 %).

Les enrobés diminuent de 42 %, les bétons armés de moitié et la catégorie « autres » recule de 31 %. Du côté de la consommation, les graves 0/80, pourtant les plus prisées pour les chantiers routiers et de terrassement, enregistrent une baisse spectaculaire : 102 000 tonnes vendues en 2024 contre 186 000 l’année précédente (–45 %).

Un miroir de la crise du BTP réunionnais

Cette chute brutale ne peut se lire isolément. Elle s’inscrit dans un contexte de ralentissement profond du BTP sur l’île. Depuis 2022, inflation, hausse des coûts de production et contraction des carnets de commandes pèsent sur les entreprises.

Le rapport note que « tous les indicateurs économiques et sociaux sont dans le rouge, témoignant de la gravité de la situation ». Moins de chantiers lancés, moins de débouchés pour les matériaux recyclés : la spirale touche à la fois la production et la valorisation.

Des enjeux environnementaux sous pression

Le recul inquiète également sur le plan environnemental. La loi relative à la transition énergétique fixe un objectif de 70 % de valorisation des déchets du BTP, alors que La Réunion n’avait atteint que 61 % en 2021. Avec 2,3 millions de tonnes de déchets générés en 2022, dont plus de 90 % d’inertes, l’enjeu est crucial.

La dépendance aux granulats naturels reste forte, estimée à 5,5 millions de tonnes nécessaires chaque année pour l’entretien et le développement des infrastructures. Chaque tonne de grave recyclée non écoulée accentue cette pression.

Quelles pistes pour relancer la dynamique ?

La CER BTP mise sur plusieurs leviers : intensifier la sensibilisation des acteurs, encourager le réemploi des matériaux de construction et agir sur la réduction à la source.

Les matériaux recyclés in situ, non comptabilisés dans l’étude, pourraient aussi représenter une piste pour renforcer le volume global. Mais au-delà de la technique, c’est la vitalité même du secteur qui conditionne la reprise : sans chantiers, le recyclage restera une variable d’ajustement plutôt qu’un pilier.


Consulter l’étude sur la consommation de graves recyclées en 2024 ici.


Avec moins de 270 000 tonnes de matériaux recyclés vendus en 2024, le BTP réunionnais s’éloigne des objectifs nationaux et voit s’accentuer sa dépendance aux ressources naturelles. Pour inverser la tendance, la filière devra conjuguer relance économique et transition écologique, en s’appuyant sur des solutions locales et une mobilisation collective durable.

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