LA REUNION face au mal-logement : la Fondation pour le Logement appelle l’État à agir !

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Jeudi 24 avril 2025, la Fondation pour le Logement a publié son nouveau rapport régional sur le mal-logement à La Réunion. L’analyse est sans détour : l’île connaît une aggravation rapide et inédite de la crise, sans réponse politique à la hauteur.

« Cette situation dramatique est inédite à La Réunion. Cela devrait provoquer l’effet d’un électrochoc… », s’indigne Matthieu Hoarau, directeur régional de la Fondation. Dans un contexte d’inaction prolongée, l’organisme appelle l’État à prendre ses responsabilités.


Des chiffres accablants sur le mal-logement

Tous les indicateurs convergent : la situation se détériore sur tous les fronts. En 2024, plus de 26 000 demandes d’hébergement ont été adressées au 115, mais près de 8 500 sont restées sans réponse, faute de places disponibles. Parmi elles, 2 531 ménages n’ont pas pu être mis à l’abri. En janvier 2025, 61 enfants de moins de trois ans étaient encore sans solution. Les familles, les femmes enceintes et les personnes isolées sont les premières victimes de cette saturation.

Le phénomène s’enracine alors même que près de 1 000 personnes dorment à la rue à La Réunion. Les centres d’accueil de jour débordent, et la Fondation assure à elle seule 20 % des domiciliations administratives sur l’île. Le système est à bout de souffle.

En parallèle, la demande de logement social atteint un niveau historique : 49 100 ménages sont en attente en 2024, soit une hausse de plus de 50 % en cinq ans. Pourtant, seuls 1 739 logements sociaux ont été livrés cette même année, contre 2 909 en 2017, marquant une chute de 60 % de la production.

Plus alarmant encore, 8 500 logements pourtant financés n’ont toujours pas été lancés. Quant aux publics prioritaires, la situation est tout aussi critique : seulement 700 ménages DALO ou PDALHPD ont été relogés, soit 11 % des attributions.

À moyen terme, le besoin est colossal. Selon l’Insee, 172 500 logements devront être construits à La Réunion d’ici 2050 pour répondre aux besoins démographiques, compenser les destructions et résorber le mal-logement existant. À ce rythme, le retard ne fera que s’accumuler.

Un appel direct au Préfet et aux pouvoirs publics

Devant l’ampleur des manquements, la Fondation appelle le Préfet de La Réunion à instaurer une cellule d’urgence territoriale. Cette structure aurait pour mission de coordonner une réponse immédiate avec les collectivités et acteurs sociaux. Première mesure attendue : mobiliser les bâtiments vacantspublics ou privés — pour y créer des hébergements ou logements intercalaires. Des casernes désaffectées, anciens établissements scolaires ou bureaux pourraient être transformés à court terme.

La Fondation demande également à ce que les ménages sans abri soient réellement prioritaires dans les attributions de logements sociaux. En 2023, seuls 109 ménages sortant de l’hébergement ont été relogés, sur plus de 5 000 attributions. Ce chiffre illustre un décalage criant entre les textes et leur application.

Autre revendication : l’organisation d’une conférence des financeurs afin de débloquer les moyens nécessaires à la création de résidences sociales, maisons relais ou foyers de jeunes travailleurs, notamment dans les communes sous-dotées comme Saint-Benoît, Saint-Leu ou Saint-Joseph. L’objectif fixé par le plan Logement d’abord – 230 nouvelles places – reste encore très éloigné.

Mais au-delà des chiffres, c’est le principe même du droit à l’hébergement qui est remis en cause.

« L’hébergement inconditionnel est devenu optionnel. Notre État est-il encore, comme c’est écrit dans la loi, pleinement le garant du droit à l’hébergement ? », questionne Matthieu Hoarau.

Pour la Fondation, laisser plus de 1 000 enfants à la rue en 2024 constitue un échec collectif.


RESSOURCE À CONSULTER :

ÉTAT DU MAL LOGEMENT A LA REUNION 2025 – Synthèse


 

Une urgence à ne plus ignorer

Alors que la crise du logement touche 4 Réunionnais sur 10, la Fondation appelle à des décisions immédiates. La balle est désormais dans le camp des autorités.

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